Fêtée le 6 juillet
Dans le Morbihan, le nom s’écrit Noluenn ; et il y a été déformé en Maluen ; la chapelle Sainte-Maluen a fini par devenir elle-même chapelle Sainte-Noyale, en Noyal-Pontivy. Il semble qu’il n’y ait jamais eu de sainte à porter ce nom tel quel. Mais, il y a eu une sainte, légitimement vénérée, dont le nom originel a été mal compris et déformé. « Gwenn », en breton et en gallois, revêt le sens de bienheureux ou saint ; Noal est la forme bretonne de « Noyal ». Ainsi, la « Sainte de Noal » (Gwenn-Noal, ou renversé en Noal-Gwenn) serait devenue un nom propore. Que l’on n’ait pu retrouver son nom authentique n’empêche pas qu’elle ait existé.
Nolwenn était fille d’un prince de Cornwall ; elle avait résolu de se vouer à Dieu. Et, pour être plus sûre qu’on ne vienne plus la demander en mariage, à vingt ans, accompagnée de sa nourrice, elle quitte l’île de Bretagne et débarque sur la côte de Vannes.
Toutes deux montent vers l’intérieur du pays, à la recherche d’une solitude où elles se livreraient à la pénitence. Elles arrivent à Bignan, au village de Bézo, quand survient un tyran, nommé Nizan, qui s’éprend de la beauté de Nolwenn et prétend lui imposer le mariage. Elle lui répond que, si elle avait voulu se marier, elle aurait tout aussi bien pu le faire dans son pays. Furieux, Nizan la fait décapiter. Mais Nolwenn était partie à la recherche d’une solitude, et elle doit continuer sa route.
Dieu permet qu’elle prenne donc sa tête dans les mains ; et, avec sa nourrice, elle repart. A Herboth, elles entendent une femme blasphémer : ce ne peut être là, cette solitude. A Noyal, elles entendent une fille qui injurie sa mère : pas encore là. Elles arrivent enfin dans un vallon solitaire et se reposent.
Trois gouttes de sang tombent du cou de Nolwenn ; et trois fontaines jaillissent. Elle plante en terre son bâton : il devient aubépine, cependant que la quenouille de sa nourrice se change en hêtre. Elles ont prié et dormi, et le lendemain prennent le chemin creux qui les conduit au désert prévu par Dieu. Nolwenn s’arrête : « C’est ici le lieu de ma sépulture ».
Alors,
« Guelet oé er spern é krenein
Get er huerhiéz é tremenein. »
(« L’on vit trembler l’aubépine, pendant que la vierge trépassait. »)
Ainsi l’histoire de cette jeune fille sympathique, martyre de la virginité. Elle est encore populaire dans le pays de Pontivy et a même été embellie, par la suite, avec la légende du sinistre seigneur Renorche, qui voulut détruire la chapelle de « Ste Maluen », en la noyant au fond d’un étang artificiel ; mais c’est Renorche qui périt par la rupture de la digue. Dans ses « Contes et Légendes », l’abbé Cadic a donné un savoureux récit et de l’histoire et de la légende.