Frères et sœurs et chers catéchumènes,
Les textes de la liturgie de ce jour sont très courts, et sans doute d’ailleurs les plus courts de l’année liturgique, mais en peu de mots, ils nous font entrer en profondeur dans le grand mystère de la Sainte Trinité.
En contemplant ce mystère, nous ne sommes pas du tout situés comme des observateurs extérieurs face à une entité abstraite.
Par le baptême, que nous avons reçu au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, Dieu nous a introduit pleinement au cœur de son amour infini.
Comme Jésus l’avait promis à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » Jn 14, 23. Ce n’est pas nous qui pouvons, par nos propres forces et notre intelligence, accéder au Mystère de la Sainte Trinité, c’est Dieu qui nous rejoint là où nous sommes, au cœur de notre vie grâce à Jésus qui s’est fait l’un de nous. Chers catéchumènes, vous en avez fait l’expérience dans votre propre vie car l’Esprit Saint vous a déjà touchés et c’est pour cela que vous êtes ici aujourd’hui.
Le cœur du Mystère de la Sainte Trinité, c’est donc l’amour absolu, car Dieu seul est « tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité. » C’est ainsi qu’il se présente dans le livre de l’Exode.
Dieu nous aime d’un amour qui nous dépasse, et ce que je vais manifester dans quelques instants par les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie, Dieu va le réaliser réellement en vous les catéchumènes !
L’amour de Dieu est indivisible et nous avons tant besoin qu’il vienne renforcer l’unité de l’Église dont nous sommes les membres. Le confinement que nous avons vécu ces derniers mois a mis en exergue au sein de l’Église des différences de point de vue, de sensibilité qui ont pu se manifester parfois de façon très polémique, voire même idéologiques.
Il est normal qu’il y ait des différences, c’est aussi ce qui fait la richesse de l’Église, mais lorsqu’elles suscitent des divisions, nous savons bien alors que c’est l’œuvre du diviseur, du Démon et non pas de l’Esprit Saint.
Ne nous croyons pas meilleurs que ce « peuple à la nuque raide » dont parle le Seigneur dans le livre de l’Exode, mais humblement, accueillons « l’Esprit (qui) vient au secours de notre faiblesse », il nous « conduit vers la vérité tout entière », et par là même nous rend de plus en plus unis et solidaires dans la charité fraternelle, si nous nous laissons vraiment conduire par Lui.
C’est le témoignage que nous les baptisés, avons à donner au cœur d’un monde traumatisé qui a besoin de retrouver la joie de l’espérance. Comme le dit Saint Paul : « Frères, soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix… » Et Saint-Paul ajoute : « …et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous. » Cela demande donc de notre part un engagement généreux, sincère.
Ste Thérèse de l’Enfant Jésus l’exprime de façon très belle : « Je compris que l’Église avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d’amour. Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Église, que si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang… Je compris que l’amour renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux… ; en un mot, qu’il est éternel !… »
Chers catéchumènes, par les sacrements que vous allez recevoir, c’est l’amour de Dieu qui va se manifester en chacun de vous selon votre vocation. Par l’onction de l’Esprit Saint, vous allez partager avec le Christ la dignité de prêtre, de prophète et de roi. Des mots qui peuvent paraître étranges mais qui expriment bien ce que vous allez devenir :
Dignité de prêtre d’abord, puisque en étant unis à Jésus par votre vie de prière et par les sacrements, vous serez à même à votre tour de prier pour les autres, de prier pour notre humanité, et pour cette création qui souffre particulièrement en ce moment. Soyez des hommes et des femmes de prière. Priez chez vous, mais venez prier aussi avec les autres. Venez à la messe car c’est Jésus qui nous y invite et Il se donne à nous pour que nous puissions nous donner aux autres.
Vous recevrez aussi la dignité de prophète, puisqu’avec la force de l’Esprit Saint, vous allez annoncer l’Évangile qui est source de vie, mais aussi révéler aux autres ce que le Seigneur a fait dans votre vie, et ce qu’Il fait au milieu de nous. Et cela, sans avoir peur du « qu’en dira-t-on ». Grâce à l’Esprit Saint, votre témoignage suscitera des conversions et aidera les autres à grandir dans la foi.
Enfin, vous allez recevoir la dignité de roi. Non pas roi à la manière du monde, mais à celle du Christ qui a donné sa vie par amour. L’Esprit Saint nous pousse à nous mettre au service des autres. A prendre soin des autres avant de prendre soin de nous-mêmes ; c’est un don qui est particulièrement important à mettre en œuvre en cette période où nous voyons la pauvreté se développer un peu partout, car beaucoup de gens souffrent encore de cette pandémie. Physiquement, mais aussi moralement, économiquement.
Comme Jésus nous le dit : « Dieu a envoyé son fils dans le monde non pas pour juger le monde mais pour que par lui le monde soit sauvé. » Et Il compte sur nous pour répandre le feu de son amour Trinitaire.
C’est en étant convaincus de tout cela et dans l’Action de Grâce que nous allons maintenant baptiser et confirmer nos chers catéchumènes. AMEN
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon