Za 9, 9-10 ; Ps 144 ; Rm 8, 9.11-13 ; Mt 11, 25-30
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs,
L’Évangile de ce jour nous dit : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ».
Qu’a donc caché Dieu le Père ? Tout simplement, la connaissance du Père, par la foi en Jésus. Une connaissance au sens biblique, c’est-à-dire l’amour qui nous met en communion avec Dieu. Un amour dans lequel Jésus nous fait entrer si nous croyons en Lui. C’est un don d’amour et non pas une connaissance au sens scientifique du terme. Ainsi, les personnes handicapées mentales peuvent faire l’expérience de cet amour, alors que d’autres, ayant toutes leurs capacités intellectuelles, sont peut-être incapables de croire en Lui et d’entrer dans cette communion d’amour trinitaire…
Pourquoi, au fond, Jésus exclut-il les sages et les savants ? Par sages et savants, Jésus entend les scribes et les pharisiens. En fait, ils ne sont pas exclus par Jésus. Au contraire, Jésus les appelle à la foi ! Le passage d’Évangile que nous venons d’entendre, se trouve après une série de textes où nous voyons Jésus être en échec de sa prédication dans plusieurs villes (Cozarine, Bethsaïde, Capharnaum) où justement scribes et pharisiens (donc les savants et les sages) n’ont pas cru en Lui. C’est donc un appel à la foi qui est un acte de confiance, un acte d’amour. Ceux qui disent (et nous l’entendons fréquemment) : « Je suis comme saint Thomas, j’ai besoin de voir pour croire », n’ont aucune chance de connaître l’amour du Père, car ils veulent des preuves scientifiques, observables. De même, aujourd’hui, de nombreux courants ésotériques se développent qui attirent beaucoup de monde. Il n’y a qu’à voir le nombre de livres sur l’ésotérisme dans le rayon « religion » des librairies ; même au sein la librairie de la Vallée des Saints, la moitié des livres est consacrée à l’ésotérisme…. L’ésotérisme, c’est la recherche de la vérité par des parcours initiatiques, c’est-à-dire une connaissance au sens humain du terme, bien différente de la connaissance au sens biblique du terme qui est l’amour et la confiance.
Alors, comment peut-on prendre le chemin de cette connaissance du Père par son Fils Jésus, qui est le seul moyen de connaître la vérité ? Jésus répond à cette question en nous disant : « Venez à moi », « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples. »
Qu’est-ce que son joug ? Vous savez bien que le joug est une pièce de bois que l’on mettait sur les épaules des animaux de trait pour leur permettre de tirer de lourdes charges sans se blesser. C’est une image qui peut être un peu ambiguë, car elle exprime plutôt la contrainte, la soumission, l’esclavage. Mais, on peut y voir aussi, dans un autre sens, et c’est celui qu’utilise le Christ, la possibilité pour des animaux de trait de tirer de lourdes charges qu’ils seraient incapables de tirer sans ce joug ! Nous pouvons donc comprendre, à partir de là, qu’avec Jésus, nous pouvons porter le fardeau de nos jours et les difficultés de la vie avec beaucoup plus de force ! Une vie selon l’Évangile, une vie de disciple : aimer comme Jésus à aimer (en suivant les Béatitudes).
Dans la deuxième lecture, saint Paul nous donne un aspect très concret de cette qualité de disciple de Jésus : « Frères, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. » Le terme « emprise » est audacieux, car il est compréhensible lorsqu’il s’agit de la chair, c’est-à-dire notre condition humaine, marquée par le désir et la concupiscence, qui sont des formes d’esclavage si elles ne sont pas maîtrisées. Mais ce terme d’emprise est plus difficile à comprendre pour l’Esprit Saint qui n’a rien d’un esclavage. C’est l’inverse. C’est l’amour de Dieu qui se manifeste à nous pour nous libérer du mal et nous faire entrer dans la vie de Dieu. Jamais pour nous forcer. « Venez à moi », dit Jésus. C’est bien l’Esprit Saint, l’Esprit d’amour, qui nous permet de porter le joug de Jésus, c’est-à-dire la vie de disciple. Une vie de communion d’amour avec Dieu et avec nos frères et sœurs dans le Christ. Cette qualité de disciple nous aide à porter le fardeau de nos jours et nous procure beaucoup de joie.
En conclusion, que retenir pour vous de cette Parole de Dieu ? Pour ma part, je retiens deux choses.
La première, ne nous trompons pas de chemin pour connaître l’amour de Dieu et devenir disciple de Jésus. Ne soyons pas comme les sages et les savants qui croient pouvoir trouver la vérité, la connaissance de Dieu par eux-mêmes. Il m’arrive de rencontrer des chrétiens qui lisent ces livres ésotériques que j’ai évoqués tout à l’heure. Ils sont libres de lire ce qu’ils veulent, mais c’est mon rôle de les alerter qu’ils risquent surtout de se fourvoyer et de passer à côté de l’essentiel. Ce que le Père « a caché aux sages et aux savants, Il l’a révélé aux tout-petits ». Alors, frères et sœurs, soyons des tout-petits pour aller vers le Christ, et nous laisser toucher par son amour et sa miséricorde. Tout-petits au sens évangélique du terme, c’est-à-dire humbles, ouverts, confiants aux appels que le Seigneur nous adresse, car c’est Lui qui prend l’initiative de nous rejoindre dans le quotidien de nos vies.
La deuxième, puisque c’est le Christ qui nous fait entrer dans la connaissance, donc la communion avec le Père, profitons de ces semaines estivales pour raviver et nourrir notre foi pour des temps de prière plus longs, par des participations à la messe plus régulières y compris en semaine, par des participations aux Pardons, nombreux en été, à l’amour du prochain, à l’importance de nous retrouver en famille pour raviver notre amour conjugal et familial. Raviver notre foi, notre confiance en Dieu. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon