Ac 6, 1-7 ; Ps 32 ; 1P 2, 4-9 ; Jn 14, 1-12
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs,
Nous avons entendu à l’instant Jésus nous dire : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». Une phrase que nous connaissons par cœur ! Mais, sommes-nous capables de dire ce que cela signifie ? Que veut nous dire Jésus par-là ? Je vous propose d’explorer ces trois mots, si importants.
Tout d’abord, le Chemin. Dans le texte, ils emploient un C majuscule, pour montrer qu’il ne s’agit pas de n’importe quel chemin. Comme le dit Tertullien, « On ne naît pas chrétien, on le devient. » Et, ce n’est pas parce qu’on est baptisé que tout est fini… Au contraire. Tout commence, nous le savons bien ! Notre chemin de la vie à la suite du Christ n’est pas linéaire, sur le plan de la foi déjà. Il y a des périodes de doutes et nous traversons des épreuves qui éprouvent notre foi (cf. la nuit de la foi à Calcutta de sainte Teresa), des périodes de grâce, de conversion, mais également des périodes plus ordinaires où notre foi peut s’endormir comme les vierges folles de l’Évangile qui n’ont pas pris d’huile en réserve pour alimenter leur lampe. Dans ces périodes, le Seigneur ne nous laisse pas à la dérive. Il nous appelle, il nous fait signe, mais… nous ne sommes pas toujours capables d’être à son écoute, et donc de percevoir ces signes ! En 2018, le pape François dans son Encyclique GAUDETE ET EXULTATE, sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel, nous dit : « Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. » Le Pape dans son Encyclique nous invite à imiter Jésus dans son amour du prochain, qui est le commandement principal du Christ. En affirmant qu’il est le Chemin, Jésus nous invite à le suivre en prenant les moyens qu’il nous offre pour cela. Quels sont-ils ? L’Évangile et la parole de Dieu qui nous montrent le Chemin, les sacrements qui nous soutiennent sur le Chemin, la vie et la prière de l’Église, car nous ne pouvons pas vivre notre foi de manière individuelle, et c’est aussi pourquoi ce pardon de saint Guénolé est si important, pour que nous puissions cheminer ensemble. Mais, le Seigneur ne le fait pas tout cela malgré nous. Il fait appel à notre liberté, à notre volonté qui est à raviver sans cesse. C’est un appel à recevoir pour continuer à grandir dans la foi sur ce Chemin de Jésus.
Ensuite, la Vérité. « Qu’est-ce que la Vérité ? », demandait Pilate à Jésus, qui d’ailleurs n’a pas répondu. Et, pour nous, qu’est-ce que la vérité ? Que répondrions-nous à quelqu’un qui nous poserait la question ? Au fond, la Vérité c’est de savoir pourquoi nous sommes sur cette Terre. Qui suis-je ? D’où je viens et où je vais ? Pourquoi le mal ? Qu’y a-t-il après cette vie ? La Vérité, c’est la réponse à toutes ces questions existentielles.
Ce qui est compliqué aujourd’hui, c’est que nous sommes dans une période de l’Histoire qui est marquée par l’individualisme et le relativisme, et avec toutes sortes de spiritualités qui surgissent. Chacun a donc sa vérité… ; une vérité nourrie par ce que l’on trouve sur les réseaux sociaux… Comme l’écrivait déjà saint Paul : « Nous sommes souvent comme des petits enfants, nous laissant secouer et mener à la dérive par tous les courants d’idées, au gré des hommes qui emploient la ruse pour nous entraîner dans l’erreur. Au contraire en vivant dans la Vérité de l’amour, nous grandirons pour nous élever en tout jusqu’à celui qui est la tête, le Christ. » Ainsi que nous l’avons entendu dans l’Évangile, la Vérité, pour le Christ, c’est avant tout cet amour qui unit le Père et le Fils dans l’Esprit Saint. Comme Il le dit : « Croyez-moi : je suis le Père et le Père est en moi. » Ainsi, la Vérité est la réponse à toutes nos questions et c’est bien le Père qui nous la révèle par son Fils Jésus et grâce au don de l’Esprit Saint que nous avons reçu. Nous ne pouvons pas dire que nous possédons la Vérité, car nous ne possédons pas le Christ, mais c’est justement en prenant le Chemin du Christ avec d’autres que nous pouvons contribuer à faire humblement connaître cette vérité au monde. Ainsi que le disait saint Jean-Paul II : « D’une part, cette mission fait participer la communauté des croyants à l’effort commun que l’humanité accomplit pour atteindre la vérité, et d’autre part, elle l’oblige à prendre en charge l’annonce de certitudes acquises, tout en sachant que toute vérité atteinte n’est jamais qu’une étape vers la pleine vérité qui se manifestera dans la révélation ultime de Dieu » (Encyclique FIDES ET RATIO, n° 2). Ainsi, les chrétiens contribuent ensemble avec leur foi à la recherche de la vérité pour tous, mais ils ont aussi à annoncer la Bonne Nouvelle qui est une « certitude acquise ».
Enfin, la Vie. Jésus est la Vie. Comment le comprenons-nous ? Ce qui vient aussitôt à l’esprit, c’est que Jésus exprime au début de ce passage d’Évangile : « Ne soyez pas bouleversés (par sa mort prochaine) je vous prépare une place ». Ceci est un passage fréquemment choisi pour les obsèques. C’est évidemment le cœur de l’espérance chrétienne, celle d’être appelé à vivre pour toujours avec le Christ, puisque par le baptême, et en suivant son chemin, nous sommes devenus son ami, son frère, sa sœur… Mais, la vie qui nous vient du Christ ne commence pas avec notre mort au Paradis ! Jésus est la Vie dès maintenant. Et je vous partage le témoignage d’une jeune confirmande de 15 ans que je vais confirmer bientôt… : « La religion chrétienne a été pour moi comme une bouée de sauvetage, car avant j’avais de mauvaises fréquentations et je suis passée par beaucoup d’émotions négatives, mais un jour j’ai rencontré ma meilleure amie et elle m’a fait découvrir la religion chrétienne. Maintenant, nous sommes unies, et nous nous aidons l’une l’autre dans notre foi. » Je pourrai également citer énormément de témoignages de catéchumènes qui ont trouvé la Vie en Jésus. La foi est source de vie, car Jésus nous libère du mal, il nous accorde le pardon de nos fautes et il nous guérit. Beaucoup en font l’expérience. J’ai récemment nommé six personnes pour être exorcistes, dont quatre prêtres, et ils reçoivent beaucoup de gens profondément troublés dans leur vie, et peut-être encore plus depuis la pandémie, et ils les aident à trouver la Vie du Christ.
En conclusion, quand Jésus nous dit « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, personne ne va vers le Père sans passer par moi. », ce n’est pas une fiction. Notre croissance dans la foi a de grandes conséquences dans notre vie et pour la vie du monde. Frères et sœurs, que ce pardon de saint Guénolé, qui a été un des fondateurs de l’Église dans ce diocèse, soit pour nous l’occasion de reprendre, de continuer, de raviver aussi notre chemin avec Jésus qui termine par ces mots : « Celui qui croit en moi fera les mêmes œuvres que je fais ». Cette promesse exprime la belle fécondité de notre vie chrétienne lorsque nous nous laissons conduire par l’Esprit Saint ! Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon