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6 décembre 2023 — Messe de la sainte Geneviève pour les gendarmes — Cathédrale Saint-Corentin — Quimper (29)


Is 25, 6-10a ; Ps 89 ; Mt 15, 29-37

Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement

Chers amis,

À la lumière des textes que nous venons d’entendre, j’aimerais que nous méditions ensemble sur deux qualités humaines du gendarme : la compassion et l’espérance. Il y en a bien d’autres, évidemment, mais ces deux-là permettent de prendre de la hauteur, notamment pour tenir bon dans les situations difficiles qui sont nombreuses actuellement.

Commençons par la compassion. « Jésus fut saisi de compassion pour cette foule », nous dit l’évangéliste. Il ressent de la compassion vis-à-vis des foules de gens malades, blessés. Il est pris de compassion aussi envers la foule de gens affamés. Par les mains de Jésus, c’est Dieu lui-même qui manifeste sa grande miséricorde pour soulager toutes ces misères. Cela révèle beaucoup de choses de l’amour de Dieu pour chacun de nous et pour l’humanité !
Il me semble que dans les qualités humaines du gendarme, il y a, dans des situations totalement différentes bien sûr, la nécessité d’avoir de la compassion pour la population.
Votre métier vise à protéger cette population en veillant à prévenir tous les dangers qui pourraient la menacer. Actuellement, vous êtes très sollicités par les risques potentiels de terrorisme, notamment par les conséquences de la guerre en Israël et en Palestine, mais aussi par la violence ordinaire qui semble se développer. Cela suppose, évidemment des compétences, du métier, mais aussi des qualités humaines et notamment donc cette compassion pour la population en souffrance ou en danger, comme Jésus l’a montré. Car, comment trouver la force, l’énergie, le courage de prendre soin d’une population s’il n’y a pas cette compassion qui peut vous pousser à donner votre vie s’il le fallait pour sauver des vies. Le Colonel Arnaud BELTRAME, à qui j’avais donné l’onction du Saint-Esprit en 2009 lorsque j’étais à Nanterre, nous a donné un beau témoignage en ce sens. Je ne doute pas que ce don de Dieu avait contribué à faire grandir en lui cette qualité humaine de compassion face aux otages en danger.

La deuxième qualité humaine que je souhaite évoquer avec vous, c’est l’espérance, qui est aussi une qualité spirituelle, puisque dans notre foi chrétienne, c’est une vertu théologale, c’est-à-dire un don de Dieu. La première lecture du livre du prophète Isaïe nous ouvre à l’espérance. Le prophète nous donne une vision des fins dernières, du règne messianique. Cela nous rappelle que l’histoire de l’humanité n’est pas cyclique, qu’il y a un début et une fin, et surtout que dans cet espace de temps, Dieu accomplit son œuvre de Salut au cœur de notre humanité marquée par les heurs et les malheurs, par le mal et par la mort.
Saint Paul, dans l’épître aux Romains dit : « La Création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore ». Et, en utilisant l’image de l’enfantement, saint Paul donne un sens à ce que nous vivons, car nous comprenons que l’aboutissement de tout cela sera un événement heureux, cet événement relaté de façon imagée par le prophète Isaïe.
Dans votre métier, où vous pouvez être confrontés à toutes sortes de misères ou de violences, vous pourriez perdre l’espérance. Or, sans espérance, on peut être humainement très affecté. L’espérance ne vient pas naturellement, elle se cherche. Elle se nourrit. Car, l’espérance, ce n’est pas du rêve, elle se fonde sur des convictions, et pour les croyants, plus encore, sur notre foi en l’Avènement glorieux du Christ à la fin des temps, lorsqu’Il viendra établir définitivement son règne de justice et de paix comme le décrit le prophète Isaïe, avec un grand repas de fête pour tous les peuples, offert par le Seigneur de l’Univers ; et surtout, ce voile de deuil qui enveloppe encore toutes les nations, Il le fera disparaître. Cette image est parlante alors que le terrorisme et la guerre font encore actuellement tant de victimes innocentes.
Lorsqu’un navire prend la mer, le commandant sait parfaitement quel est le cap qu’il doit prendre. En tant que gendarme, vous savez que votre cap est la croissance de ce Règne de justice et de paix, et vous y contribuez, chacun selon les missions et responsabilités qui vous sont confiées. Dans cette messe, rendons grâce à Dieu pour tout ce que vous accomplissez quotidiennement.
Je demande à Dieu de vous bénir et de vous donner de la force, de la compassion et de l’espérance pour tenir bon. Vous n’aurez pas à le regretter lorsque le dessein de Dieu de sauver l’humanité arrivera à son achèvement. Un achèvement heureux comme nous l’annonce le prophète Isaïe.
C’est le vœu que je vous adresse en votre fête de sainte Geneviève qui a su, elle aussi, avoir de la compassion pour la population, et de l’espérance pour tenir bon alors que beaucoup de ses contemporains n’en avaient plus, tant les dangers étaient nombreux et les conditions de vie dures.
Que Dieu vous soutienne, chacun et chacune, dans les responsabilités et les missions qui vous sont confiées, toujours dans la compassion et l’espérance. Que sainte Geneviève intercède pour vous et vous soutienne. Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon