Is 40, 1-5.9-11 ;Ps 84 ; 2P 3, 8-14 ; Mc 1, 1-8
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Chers Amis,
« Consolez, consolez mon peuple dit votre Dieu », c’est par ces quelques mots que le prophète Isaïe nous accueille dans la première lecture que nous venons d’entendre.
Je trouve que cet appel à la consolation résonne de façon très particulière en ce moment, dans le contexte qui est le nôtre en France et dans le monde.
En effet, nous avons besoin d’être consolés : par rapport à cette pandémie, qui dure, avec les malades, les pertes d’emploi, le sentiment de solitude, et au fond, plus que tout, une chose qui nous atteint tous sans exception, les relations humaines qui sont entravées. Or, les relations humaines sont ce qu’il y a de plus important dans notre vie. L’affection de nos parents, de nos amis, de nos proches, le fait de s’embrasser ou de se serrer la main, de visiter les malades, de visiter les détenus, d’échanger des regards, d’échanger un sourire, se retrouver pour travailler ensemble ou se détendre ou faire la fête… Tout cela nous manque, car c’est ce qui nous donne la joie d’exister le fait d’aimer et de se sentir aimés.
La pandémie n’efface pas tout cela, sinon nous serions déjà morts, mais ce virus complique bien les choses.
Cependant, il n’y a pas que le virus qui complique les relations humaines, il y a également le mal qui peut entraver en nous ces relations humaines.
Justement, ce sont ces relations humaines si essentielles que Jésus vient transformer par le don de l’Esprit Saint que les confirmands vont, tout à l’heure, recevoir en plénitude.
Tout à fait à la fin du passage d’Évangile que nous avons entendu, Jean-Baptiste dit : « Moi, je vous ai baptisés dans l’eau, lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » Qu’est-ce que cela signifie ? Le baptême dans l’eau est un signe de purification au sens spirituel du terme, c’est-à-dire de conversion, et c’est ce que le texte nous dit : « Jean-Baptiste proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. ». Il y a des attitudes, des paroles que nous devons changer en nous pour avoir des relations apaisées avec les autres et surtout remplies d’amour, cet amour qui nous vient de Dieu. D’où cette image que le prophète Isaïe nous donne : « Préparez le chemin du Seigneur, tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. » Les terres arides qui représentent nos manques d’amour, notre méchanceté, nos actions mauvaises. Isaïe utilise ensuite des images très fortes : « que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissée ! Que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en larges vallées ! » Pourquoi ? Justement pour faire passer une route pour notre Dieu. Ces images, fortes, représentent tout ce qui fait obstacle à l’amour de Dieu, en nous, mais aussi dans nos familles, et plus largement dans la société.
Le baptême de conversion, dans l’eau, c’est déjà l’amour de Dieu qui se manifeste pour nous purifier, et c’est cela que Jean-Baptiste a annoncé et a fait. « Moi je vous ai baptisés dans l’eau dit Jean-Baptiste lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » Lui, c’est Jésus évidemment.
Chers confirmands, dans les lettres que vous m’avez adressées pour me demander le sacrement de la Confirmation, vous avez dit de très belles choses, en particulier sur Jésus et la manière avec laquelle il vous avait touchés. Cependant, il faut faire attention lorsque l’on parle de Jésus de ne pas seulement y voir une belle personne et un exemple à suivre. Jésus, c’est Dieu qui s’est fait homme, qui a vécu notre condition humaine, avec ses joies et ses peines. C’est sa naissance que nous allons célébrer à Noël. Il a été rejeté par les hommes, il est mort sur la croix, mais ressuscité d’entre les morts de façon définitive. C’est donc après sa résurrection, après sa victoire sur la mort, après l’Ascension lorsqu’il est monté auprès du Père qu’il a envoyé l’Esprit Saint promis et l’a répandu sur les apôtres et ensuite sur tous les baptisés. C’est cet Esprit envoyé par le Seigneur que vous allez recevoir.
Jésus est donc vivant, aujourd’hui ; il est avec nous ; il est toujours présent, jusqu’à la fin des temps, il nous l’a promis. S’il n’est certes pas visible avec les yeux, mais il manifeste sa présence par des gestes bien visibles, eux : les sacrements. Le baptême, la confirmation, l’eucharistie manifestent sa présence et le don de son amour. Dans la confirmation, c’est bien lui qui à travers moi va vous combler de son Esprit Saint. Il manifeste pleinement, par ce geste, son amour à notre égard, car il nous aime, chacun personnellement. Et nous aussi, nous pouvons aimer Jésus, même si nous ne le voyons pas ! D’abord, en prenant sa Parole (l’Évangile) au sérieux, en la mettant en pratique dans notre vie, en aimant Dieu et notre prochain comme nous-mêmes. Et notre prochain, lui, nous pouvons vraiment l’aimer de manière visible ! En faisant cela, nous aimons Jésus, c’est lui qui nous le dit : « Celui qui m’aime, il accomplira mes commandements » (Cf. Jn 14, 21).
Si nous avons un chemin à tracer dans notre vie, ce n’est pas tant pour aller vers le Seigneur que pour lui permettre de venir à nous. Le chemin que l’on trace à travers le désert, c’est pour que le Seigneur puisse nous rejoindre afin de transformer notre vie, nos relations humaines. Pour que son amour triomphe de la haine, de la violence, du chacun pour soi !
Nous célébrons aujourd’hui le deuxième dimanche du temps de l’Avent qui est un temps de préparation à Noël où nous célébrerons la naissance de Jésus qui vient vers les hommes. S’y préparer, c’est tracer un chemin où la relation avec Jésus, donc avec Dieu, se renforce et grandit.
La confirmation n’est pas la fin, c’est juste la fin de l’initiation chrétienne, et donc le début d’une vie chrétienne adulte et responsable. C’est donc un démarrage, et nous n’avons jamais fini de devenir chrétien même lorsque nous sommes Évêque ou prêtre, car nous avons toujours besoin de grandir en sainteté, d’accueillir en nous l’Esprit Saint qui nous aide à rencontrer Jésus, à être ami de Jésus. L’Esprit Saint nous est donné pour cela justement ! D’abord, pour donner le témoignage de notre foi sans peur, ensuite pour prier et ainsi être en communion avec Dieu et en amitié avec le Christ et enfin pour aimer les autres et nous mettre à leur service, cette charité qui est un amour engagé.
Chers confirmands, je vous souhaite de grandir toute votre vie dans la joie d’être chrétiens, et de croire que vous serez pour toujours avec le Seigneur, même la mort ne pourra vous séparer de lui.
Chers parents, chers fidèles, chers parrains et marraines, la pandémie qui nous vivons avec ses conséquences pénibles est l’occasion de réfléchir à ce qui est vraiment essentiel dans la vie. En ce temps de l’Avent, nous pouvons accueillir cet appel de Jean-Baptiste à tracer un chemin pour le Seigneur en étant davantage ouverts à ce que le Seigneur vient nous donner. Nous savons que ce chemin qui nous mène vers le Seigneur et qui lui permet de venir, c’est un chemin qui nous fait grandir dans la joie et dans la paix et dans l’espérance dont nous avons tant besoin en ce moment. Amen
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon