Ga2, 1-2.7-14 ; Ps 116 ; Lc 11, 1-4
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et Sœurs,
« Seigneur, apprends-nous à prier. » nous dit l’Évangile de ce jour. Mais, prier, est-ce que cela s’apprend ? Avez-vous, vous-mêmes, appris à prier ? Peut-être que oui, en allant sur Internet, vous allez trouver toutes sortes d’appels à la prière, des manières de prier, des techniques (attitudes corporelles, médiation, respiration…).
Ce qui est intéressant dans ce passage d’Évangile, c’est que Jésus ne donne pas de technique pour prier, mais nous invite à entrer dans une relation d’amour avec Dieu. Il nous dit : « Quand vous priez, dites :… ». Il nous donne des mots, un contenu à la prière qui nous place d’emblée en tant que fils et filles bien-aimés du Père. En effet, on s’adresse à Dieu comme à un père et non comme à un lointain inconnu. Nous entrons donc dans un amour filial avec Dieu, celui de Jésus pour son Père. D’ailleurs, vous avez entendu qu’au début de l’Évangile, il nous est dit : « Jésus était en prière » ; c’est cela qui a interrogé les disciples. Ils voyaient Jésus prier et cette attitude de Jésus leur a posé question. C’est ainsi qu’eux également ont voulu prier, comme Jésus, et que Jésus les invite à prier comme lui, comme les fils et les filles bien-aimés du Père, dans l’amour !
Un amour à accueillir, avec ce pain qui nourrit, spirituellement. Un amour à partager avec les autres et en particulier en allant jusqu’au pardon ; le pardon qui est l’amour suprême que l’on peut donner vis-à-vis des autres, vis-à-vis de ceux qui nous ont fait du mal. Un amour pour nous tenir à l’écart du mal (« Ne nous laisse pas entrer en tentation. »). Un amour qui prend soin de nous, de nos misères.
Saint Augustin, avec d’autres Pères de l’Église, a beaucoup médité sur ces textes, et nous dit que les Paroles que Jésus nous a données, lorsqu’il dit « Quand vous priez, dites :… », est un résumé de toutes les prières chrétiennes qui peuvent exister, car on ne peut s’adresser à Dieu autrement que dans cette relation-là ! Et saint Augustin va encore plus loin en nous disant que si notre prière ne s’accorde pas avec le « Notre Père », ce n’est pas une bonne prière.
Cette prière-là a un impact considérable dans notre vie, car elle nous introduit dans une communion avec Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. Cet amour du Père nous fait grandir dans l’amour du prochain. Il nous fait entrer dans des relations vraies et saines avec les autres, car purifiées par l’amour de Dieu. Quoi de plus important dans notre existence que les relations que nous pouvons avoir avec les autres ? Que le fait d’être aimé et d’aimer les autres ? Notre vie ne trouve-t-elle pas son accomplissement dans le service des autres, dans le service du bien commun ? Dans cet amour que nous faisons grandir de différentes manières, selon notre vocation ?
Vous venez ici, à l’aumônerie des étudiants, justement pour faire grandir cette relation avec le Seigneur et avec les autres, et pour apprendre à prier à la manière du Christ.
Comment apprendre à prier à la manière du Christ, si on ne le connaît pas ? Cela suppose donc en premier lieu de méditer la Parole de Dieu, de nourrir notre prière avec des textes de la Bible, de l’Évangile, car grâce à l’Esprit saint, ces textes sont pour nous la Parole de Dieu, qui se révèle à travers ces textes, et qui, lorsque nous entrons en amitié avec le Christ, nous fait entrer dans une relation filiale avec lui. Cette amitié passe donc par notre connaissance de la personne de Jésus. Jésus qui se fait connaître à nous par les textes d’Évangile, mais pas uniquement car il se fait aussi connaître de l’intérieur, dans la prière. Et Jésus va plus loin encore, car par les sacrements, et notamment le sacrement de l’eucharistie, il se donne à nous et nous fait entrer dans sa vie divine.
Je disais que la prière nous pousse à aimer les autres et à partager avec eux cet amour de Dieu ; l’aumônerie des étudiants doit aussi développer cet amour du prochain, cet amour de tous sans aucune distinction (d’autres étudiants, d’autres jeunes professionnels, d’autres personnes qui sont peut-être un peu loin du Seigneur, mais le Seigneur, lui, est proche d’eux et il se fait proche d’eux aussi, par le témoignage que nous pouvons donner). Cela, l’aumônerie le fait grâce à toutes les animations et les propositions faites au cours de l’année dans le cadre de mission Saint-Luc ou de l’aumônerie des étudiants et des jeunes professionnels.
Je vous encourage donc non seulement à venir, mais également à participer le plus possible aux activités, et, comme les apôtres, à apprendre à prier, car cette prière est la clef qui nous permet d’entrer dans une relation nouvelle avec Dieu et avec les autres. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon