Ac 2, 1-11 ; Ps 103 (104) ; Rm 8, 8-17 ; Jn 14, 15-16. 23b-26
Frères et Sœurs,
La semaine de visite pastorale trouve un bel aboutissement en cette fête de la Pentecôte. Cela donne du souffle à cette visite.
Jésus nous dit dans l’Évangile de ce jour : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » C’est une parole magnifique ! Le Seigneur exprime bien que la foi est une question d’amour ! Et donc de communion intime avec Jésus et le Père, par l’Esprit Saint justement, qui permet cette relation.
S’il y a dans l’Église une organisation qui est nécessaire, c’est d’abord Jésus qui, par l’Esprit Saint, nous rassemble, nous pousse à agir en Église, et nous met en communion les uns avec les autres. J’ai rencontré beaucoup de fidèles durant cette visite et j’ai vraiment perçu, tant du côté des prêtres que des laïcs, une volonté de se donner en se laissant conduire par l’Esprit Saint, dans une profonde amitié avec le Christ, avec enthousiasme, mais aussi inévitablement avec nos limites humaines.
Les sept dons de l’Esprit Saint mettent des mots sur cette réalité divine qu’il est difficile d’exprimer : sagesse, intelligence, conseil, force, connaissance, affection filiale et adoration. L’Esprit Saint agit vraiment dans notre vie, sans affecter pour autant notre liberté, mais en nous permettant de surmonter nos limites humaines pour être à même d’aimer le Christ et de le suivre comme disciple.
Au cours de la visite pastorale et dans les nombreuses rencontres que nous avons eues, j’ai pu repérer ces sept dons de l’Esprit Saint à l’œuvre dans votre paroisse et les appels aussi qu’il nous adresse :
- Le don de sagesse concerne notre comportement. Saint Paul l’exprime très bien dans sa lettre aux Galates en parlant des fruits de l’Esprit Saint : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. » (Ga 5, 22-23)
La sagesse de l’Esprit Saint nous pousse à grandir dans la communion fraternelle et à lutter résolument contre tout ce qui peut nous diviser. C’est un défi important aujourd’hui ! - Par le don d’intelligence, Dieu nous donne la capacité de discerner le bien du mal, ce qui conduit à la vie et ce qui n’y conduit pas. De fait, nous voyons bien que des idéologies se diffusent dans l’opinion publique, et plus rapidement aujourd’hui par Internet et les réseaux sociaux et nous pouvons facilement nous laisser influencer. Il nous faut beaucoup prier pour que ce soit toujours l’Esprit Saint qui nous guide vers la vérité tout entière.
C’est le défi qu’ont à relever les chefs d’établissements de l’Enseignement Catholique, que nous avons rencontrés, pour l’éducation des jeunes dont beaucoup sont en fragilité. Nous avons à soutenir les familles dans les défis qu’elles ont à surmonter aujourd’hui. - Par le don de conseil, Dieu nous aide à connaître quelle est sa volonté et ainsi à suivre notre vocation. C’est en répondant à son appel que nous pouvons donner le meilleur de nous-mêmes à son service et au service de nos frères.
Ce discernement se vit notamment dans la préparation au mariage, le catéchuménat, la pastorale des jeunes et des vocations, mais aussi dans les mouvements comme le scoutisme qui sont de beaux moyens pour se mettre à l’écoute du Seigneur et cheminer à sa suite. - Pour le don de force, je vois plusieurs aspects :
• La force dans le combat spirituel pour résister aux tentations du Démon, afin que s’exerce pleinement notre liberté dans la fidélité à l’Évangile. N’oublions pas que la force de l’Esprit Saint se manifeste pleinement dans le Sacrement du pardon. Ne négligeons pas ce don que nous offre le Seigneur.
• La force pour témoigner de la Bonne Nouvelle, malgré les résistances, avec la conviction, comme l’écrit le pape François, que « Tous ont le droit de recevoir l’Évangile. » (EVANGELII GAUDIUM n° 14) Nous avons à transmettre autour de nous la joie de l’espérance comme vous vous efforcez de le faire avec la belle démarche « Devenir chrétiens en famille », mais aussi dans les célébrations des funérailles où beaucoup de fidèles s’engagent généreusement. C’est un lieu privilégié pour faire rayonner l’espérance chrétienne. N’ayez pas peur de vous y engager pour faire grandir la joie de l’espérance. L’accompagnement des familles en deuil est une mission gratifiante.
• La force de donner sa vie pour les autres en renonçant à tout égoïsme. Comme Jésus l’a dit : « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir et donner ma vie en rançon pour la multitude. » (Mt 20, 28) L’Esprit Saint nous donne la force de nous engager, alors même que le bénévolat est en crise avec un individualisme qui se développe.
En rencontrant les membres de la Diaconie : Secours Catholique, Conférence Saint Vincent de Paul, ACAT et d’autres groupes, j’ai eu la joie d’entendre la passion que l’Esprit Saint vous inspire pour les personnes qui souffrent de la solitude ou qui manquent de tout, en accompagnant aussi dans la durée les personnes en difficulté. L’Esprit Saint nous pousse à donner leur place aux plus pauvres dans l’Église, leur permettant de grandir dans une vie spirituelle. - Le don de connaissance : Comme nous l’avons entendu dans l’Évangile de ce jour : « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître… » L’Esprit Saint nous appelle à grandir dans l’intelligence de la foi, si nécessaire pour répondre aux interrogations de nos contemporains et nous faire grandir dans la joie de l’espérance.
J’ai pu voir les efforts que vous faites pour développer la Catéchèse des jeunes et des adultes ainsi que les propositions de formation. N’oublions pas aussi les formations diocésaines qui sont une aide précieuse. - Le don d’affection filiale nous permet d’aimer le Seigneur et de mettre en lui notre foi, alors que nous ne le voyons pas ! C’est ainsi que Jésus nous permet de nous adresser à Dieu comme des fils et des filles bien-aimés, en lui disant : « Abba ! c’est-à-dire Père… », comme nous le dit saint Paul.
L’affection filiale nous ouvre à l’affection fraternelle. Après l’épreuve du COVID, nous avons à développer les temps de convivialité, ce n’est pas seulement sympathique, c’est vital pour dissiper les malentendus et renforcer ainsi la communion. La foi ne peut se vivre que dans l’affection filiale avec Dieu, mais celle-ci doit aussi se vivre dans l’affection fraternelle ! - Enfin le don d’adoration nous est nécessaire, car, comme le dit saint Paul : « l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. » (Rm 8, 26)
Dans la vingtaine de clochers qu’il y a dans la paroisse, que l’Esprit Saint vous pousse à développer la prière communautaire, même si vous n’êtes pas nombreux. J’ai été très heureux hier de voir ce qui se vivait dans l’Île de Batz où les fidèles chrétiens nous en donnent un bel exemple ! Nous pouvons tous en prendre de la graine !
Frères et Sœurs, en cette fête de la Pentecôte, que l’Esprit Saint répande en nos cœurs la joie de témoigner et de servir nos frères pour que le Royaume de Dieu grandisse en cette terre du Haut Léon. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon