Is 61, 1-9 ; Ps 88 ; Ap. 1, 5-8 ; Lc 4, 16-21
Frères et sœurs,
Chers auditeurs, qui nous écoutez sur la radio RCF,
On parle beaucoup ces jours-ci de la convention citoyenne sur la fin de vie qui vient de rendre son rapport. C’est un débat complexe et qui s’est étendu assez largement dans la société, car il touche à ce qui nous est le plus précieux : cette vie que nous avons reçue. Notre vie qui est précieuse aussi pour nos proches et pour l’ensemble de la société.
Je ne vais pas commenter ce rapport, car, avec mes confrères évêques, nous nous sommes largement exprimés sur cette question douloureuse de la fin de vie en soulignant notre devoir de respecter notre droit de vivre dans la dignité, en étant accompagnés dans nos fragilités et nos souffrances par le corps médical, mais aussi par la présence de ceux qui nous aiment et le soutien spirituel de l’Église.
Vous vous demandez peut-être pourquoi j’aborde cette question dans cette célébration.
Si j’évoque ce débat national, c’est que justement ce soir, la célébration de bénédiction des huiles nous rappelle que le Seigneur n’a pas attendu ce débat national pour nous manifester sa présence aimante. Il nous accompagne et continue de le faire jusqu’au terme de notre vie par les sacrements qui prennent soin de nos âmes, mais aussi de nos corps. Le Seigneur ne sépare pas les deux, car nous ne sommes pas désincarnés !
Cela va de soi, mais c’est bien avec notre corps que nous sommes venus au monde, que nous sommes en relation les uns avec les autres, que nous pouvons manifester notre amour et notre générosité. C’est bien avec notre corps que nous nous mettons au service des autres, que ce soit dans la société et dans l’Église.
C’est avec notre corps, marqué par nos limites, nos fragilités qu’à la suite de Jésus, nous sommes appelés à donner notre vie par amour, chacun selon ses possibilités, y compris corporelles. Que nous soyons en bonne santé, malades ou porteurs d’un handicap, autonomes ou dépendants, pauvres ou riches, nous avons tous des richesses morales et spirituelles à apporter aux autres. C’est cela notre dignité.
C’est au regard de cette actualité que j’aimerais, dans cette homélie, souligner l’importance que le Seigneur donne aux soins du corps autant que de l’âme, c’est-à-dire de notre personne dans sa globalité. Il le fait par les sacrements et notamment par ces huiles saintes qui imprègnent nos corps. Il nous les prodigue par les prêtres et les diacres qu’il a appelés pour cela et qui sont mis à l’honneur aujourd’hui.
D’abord dans l’Évangile que nous venons d’entendre, Jésus prend à son compte le passage du prophète Isaïe qui a été lu en première lecture. Un texte qui souligne le changement profond qu’il vient apporter dans notre vie, tant sur le plan spirituel que corporel, avec l’annonce de la Bonne Nouvelle aux pauvres qui nous ouvre à l’espérance, à la libération du mal dont nous sommes si souvent captifs ou à la vue qu’il nous redonne afin que nous ne soyons plus aveuglés par notre péché et que nous soyons illuminés par la vérité.
Autant de gestes qui nous manifestent la miséricorde divine. Comme le dit Jésus, c’est aujourd’hui que cette parole s’accomplit. Elle s’accomplit toujours pour nous si nous voulons bien mettre notre foi et notre confiance en Lui.
Tous les sacrements touchent à notre corps, d’une manière ou d’une autre. Pensons à l’eau du baptême qui va faire naître dans quelques jours les catéchumènes à la vie nouvelle dans le Christ. Pensons aussi à l’eucharistie où le Christ lui-même se donne en nourriture. Ou encore à la Bonne Nouvelle proclamée qui passe par nos oreilles ou par nos yeux pour prendre corps dans notre intelligence et orienter nos choix de vie.
Aujourd’hui, ce sont les huiles que je vais bénir. Ces huiles qui vont imprégner notre corps physiquement et spirituellement.
Quel est le sens de ces huiles ?
D’abord, le Seigneur prend soin des malades avec l’huile qui leur est destinée. Ils recevront l’huile dans la paume de leurs mains, mais aussi sur leur front lors du sacrement des malades. Cette onction qui manifeste que le Seigneur ne les abandonne pas lorsqu’ils sont malades ou en souffrance. Il prend soin d’eux, pour soulager leur corps, leur âme et leur esprit et cela jusqu’à leur dernier souffle.
Il leur manifeste ainsi son amour miséricordieux en leur donnant la paix qui soulage et les enracine dans la confiance et l’espérance. Un sacrement qui est si important aussi pour les personnes en fin de vie (cf. extrême-onction). Pour nous, chrétiens, les soins palliatifs passent aussi par ce soutien précieux que le Seigneur apporte dans les derniers moments de notre vie.
La deuxième huile est celle des catéchumènes. Le Seigneur prend soin des catéchumènes avec l’huile qui leur est destinée. Cette huile qui, en imprégnant leurs mains, leur donne la force de lutter contre le mal et de choisir la vie nouvelle avec le Christ.
Enfin, la troisième huile qui sera non seulement bénie, mais également consacrée est le Saint Chrême. Le Seigneur prend soin de nous lorsque nous recevons l’huile Sainte parfumée, le Saint Chrême. C’est l’Esprit Saint qui vient ainsi imprégner nos fronts, lors de notre baptême et de notre Confirmation. Et le Seigneur prend soin aussi de nous en venant oindre les mains des prêtres à qui le Seigneur confie le soin de célébrer l’eucharistie. Cette huile sainte qui a été répandue aussi sur la tête de votre évêque lors de son ordination épiscopale et qui, par ce don de l’Esprit Saint, a reçu la charge de conduire le peuple de Dieu au nom du Christ en cette terre du Finistère.
Comme vous le constatez, par les sacrements, le Seigneur touche à notre corps autant qu’à notre âme, il touche à notre vie tout entière. Il prend soin de nous pour que nous prenions soin les uns des autres et pour que son amour miséricordieux se répande auprès du plus grand nombre, sans mettre de côté les plus fragiles d’entre nous, et cela jusqu’à notre dernier souffle. Nous aurons tous un jour un dernier souffle et nous souhaitons que le Seigneur soit encore là, toujours avec nous, pour nous soutenir dans ces derniers moments et nous faire entrer dans sa vie.
Ces sacrements, vous l’avez compris, manifestent aujourd’hui l’amour et la miséricorde du Seigneur, mais comme je l’ai souligné au début, ces sacrements ne descendent pas comme cela du ciel. Il y a des prêtres, secondés par des diacres, qui ont été appelés par le Seigneur pour annoncer la Bonne Nouvelle en son nom et nous apporter la grâce des sacrements.
Dans la charge des prêtres, il n’y a pas seulement le fait qu’avec l’évêque ils tiennent le gouvernail de l’Église au nom du Christ, ils participent aussi pleinement au soin des personnes, corps et âme. C’est la raison pour laquelle, ils vont renouveler devant nous ce soir les promesses de leur ordination.
Ce don qu’ils ont reçu vient de Dieu, mais il suppose un engagement fidèle et une grande disponibilité. Ils ont mis généreusement leur vie au service du Christ et de son Église pour que le Seigneur prenne soin de tous de façon très concrète. Il est si important de les soutenir et de prier pour eux comme nous allons nous y engager aussi dans quelques instants.
Frères et Sœurs, chers auditeurs, que les sacrements qui seront célébrés durant les mois qui viennent avec ces huiles saintes nous apportent « une année favorable accordée par le Seigneur. »(Lc 4,19). Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon