Is 61, 1-9 ; Ps 88A ; Ap. 1, 5-8 ; Lc 4, 16-21
Frères et Sœurs,
Chers Auditeurs, qui nous écoutez sur le réseau RCF,
« Aujourd’hui, s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » Cette phrase, que Jésus a prononcée dans la synagogue de Nazareth, est toujours actuelle et c’est pour cette raison que nous sommes rassemblés ici. Nous allons bénir les huiles qui concrétisent dans les sacrements cette actualité du salut. Elles sont l’instrument dont Dieu se sert pour nous donner sa grâce, c’est-à-dire beaucoup de bonnes choses pour nous faire entrer dans une vie nouvelle avec Lui. Une vie qui n’aura pas de fin.
En citant le prophète Isaïe, Jésus annonce « une année favorable accordée par le Seigneur. » Vu la tournure que prend actuellement cette année en raison de la pandémie, nous espérons qu’elle sera en effet plus favorable, car nous avons de plus en plus de mal à la supporter ! Pourtant Jésus ne promet pas que tout ira bien ici-bas, mais il nous dit que nous ne sommes pas abandonnés à notre triste sort. Dieu nous aime, il nous communique sa vie et nous donne la joie et l’espérance qui nous aident à surmonter les défis de l’existence et à soulager nos souffrances.
Et pour que cela ne soit pas théorique, il nous donne des signes qui manifestent cela de façon très concrète. Ce sont les sacrements que beaucoup se préparent à recevoir. Je pense aux malades, mais aussi aux catéchumènes jeunes et adultes qui vont bientôt recevoir le sacrement du baptême, de la Confirmation et de l’Eucharistie. Sans oublier le sacrement de l’ordre. Tous recevront la grâce dont Dieu veut les combler dans les sacrements.
Je commencerai par demander à Dieu de bénir l’huile des malades. La prière précise que par cette huile, le seigneur veut « soulager le corps, l’âme et l’esprit des malades qui en recevront l’Onction pour chasser toute douleur, toute maladie, tout mal physique, moral et spirituel. » Autrement dit notre personne dans sa globalité et pas seulement notre organisme. Quand le rituel parle de « chasser » toute douleur, cela ne remplace pas les soins médicaux bien entendu, mais il n’y a pas que ceux-là qui sont nécessaires à notre vie. Dans cette période de pandémie qui se prolonge, beaucoup de gens souffrent énormément sur le plan psychologique, car nous avons besoin de relations pour vivre. Relations familiales ou d’amitié et elles nous manquent en ce moment. Relations humaines donc, mais relation avec Dieu qui nous aime et nous veut heureux et vivants. L’Onction des malades est un don de Dieu qui soutient les personnes dans leur maladie, leur donne la paix et la confiance.
Une onction qui manifeste la tendresse de Dieu. Cette tendresse qui passe aussi par notre attitude vis-à-vis des malades. Comme le dit le pape François dans son encyclique FRATELLI TUTTI : « Qu’est-ce que la tendresse ? C’est l’amour qui se fait proche et se concrétise. C’est un mouvement qui part du cœur et arrive aux yeux, aux oreilles, aux mains. […] La tendresse est le chemin à suivre par les femmes et les hommes les plus forts et les plus courageux. » (FRATELLI TUTTI 194).
Pour l’huile des catéchumènes que nous bénirons ensuite, la prière dit ceci : « Recevant de (Dieu) intelligence et énergie, (les catéchumènes) comprendront plus profondément la Bonne Nouvelle et s’engageront de grand cœur dans les luttes de la vie chrétienne… » Cette huile prépare donc les catéchumènes à accueillir pleinement l’Évangile, à grandir dans la foi et à relever les défis de la vie chrétienne. Notamment le combat spirituel contre tout ce qui peut nous rendre infidèles à notre vocation chrétienne.
Pour nous qui sommes déjà baptisés, cette huile que reçoivent les catéchumènes nous rappelle que nous ne pouvons pas lutter seuls contre l’esprit du mal et que le Seigneur nous donne la force de tenir bon dans les épreuves et parfois les persécutions. Quand la prière de bénédiction parle « d’intelligence et d’énergie », nous comprenons bien que ce n’est pas de la magie, mais que le Seigneur nous donne la lumière et la force de l’Esprit saint.
En cette période anxiogène où circule toutes sortes d’informations vraies ou fausses qui nous perturbent et mettent la division, nous avons plus que jamais besoin de demander l’Esprit saint pour recevoir l’intelligence et l’énergie qui recentrent toutes nos actions sur le Christ Jésus, Lui est qui est le chemin, la vérité et la vie. Lui seul peut établir une vraie communion entre nous.
Enfin avec les prêtres, je consacrerai l’huile Sainte, le Saint Chrême « afin que ceux qui en recevront l’onction en soient pénétrés au plus profond d’eux-mêmes et deviennent capables d’obtenir le salut. », comme le précise la prière que je dirai tout à l’heure.
Cette onction d’huile sainte sera donnée lors des baptêmes, de la confirmation et du sacrement de l’ordre. Elle fait de nous, par le don de l’Esprit saint, des disciples de Jésus puisqu’il nous donne la grâce de recevoir dans la plénitude les mêmes dons que Lui. Disciples, mais aussi des missionnaires comme Jésus le dit en citant le prophète Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération… »
La pandémie nous enferme sur nos problèmes et nos idées noires, elle accentue nos addictions de toutes sortes. Le Seigneur est source de libération quand sa Bonne Nouvelle s’incarne dans notre vie et qu’elle nous met au service des autres dans le don généreux de nous-mêmes.
Cela peut paraître un peu vague de dire cela, mais dans FRATELLI TUTTI, le pape François nous donne une piste, il nous invite à la bienveillance, et je le cite : « exprimant un état d’âme qui n’est pas âpre, rude, dur, mais bienveillant, suave, qui soutient et réconforte. La personne dotée de cette qualité aide les autres pour que leurs vies soient plus supportables, surtout quand elles ploient sous le poids des problèmes, des urgences et des angoisses. » (FRATELLI TUTTI n° 223).
Cette bienveillance est un des fruits de l’Esprit saint d’après ce que dit saint Paul dans sa lettre aux Galates (Ga 5, 22). En cette période où nous sommes tous un peu plus découragés et tendus, cette invitation à la bienveillance me semble essentielle. Elle est à recevoir comme un don de Dieu à faire fructifier dans notre vie.
Cette onction de Saint Chrême, les prêtres l’ont reçue dans la paume de leurs mains lors de leur ordination. Non pas pour faire d’eux des baptisés haut de gamme, mais pour leur donner le pouvoir d’offrir le sacrifice eucharistique au nom du Seigneur ainsi que les autres sacrements. Ce pouvoir, ils le reçoivent pour donner la vie de Dieu dans tous les actes de leur ministère comme Jésus l’a donné à ses apôtres. C’est un service vital que l’Église leur confie et pour lequel ils vont renouveler dans quelques instants leurs promesses sacerdotales. Nous les soutenons plus particulièrement aujourd’hui de notre amitié et de notre prière.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon