Eph 2, 19-22 ; Ps 18 (19) ; Lc 6, 12-19
Chers Pèlerins,
Chers Amis, qui suivez la messe à la télévision KTO,
Quelques semaines après avoir accueilli dans la douleur le rapport de la Commission SAUVÉ, il nous est bon, en cette fête des apôtres Simon et Jude, d’entendre ce texte de saint Paul qui nous dit ce qu’est vraiment l’Église et ce qu’elle doit toujours devenir, à savoir cette « famille de Dieu » comme il l’appelle.
Belle expression qui nous fait comprendre aussi pourquoi nous sommes si blessés lorsque des membres de cette « famille de Dieu » commettent de graves délits et que d’autres en sont profondément meurtris. Car, en fin de compte, comme dans toute famille, nous sommes tous touchés d’une manière ou d’une autre, et personne ne peut se croire meilleur que les autres !
Nous ne pouvons pas idéaliser l’Église, mais chacun doit faire tout son possible pour se convertir et grandir en sainteté comme Jésus nous l’a demandé expressément. Dans l’Église, il y a de grands pécheurs, mais il y a aussi de grands saints connus ou inconnus qui nous aident à grandir dans l’amour de Dieu et dans l’amour des autres.
Pour faire comprendre ce qu’est l’Église, saint Paul prend l’image d’une construction dans laquelle nous sommes des pierres vivantes qui constituent ensemble un « Temple Saint dans le Seigneur ». Il est osé de parler de sainteté pour l’Église alors même que nous prenons chaque jour davantage conscience de notre péché. Pourtant, elle est vraiment Sainte car c’est bien Jésus, vainqueur de la mort, qui en est la pierre angulaire sur laquelle nous pouvons construire avec Lui cette « famille de Dieu » où nous accueillons son amour miséricordieux.
En Jésus, cette construction « s’élève harmonieusement pour devenir un Temple Saint dans le Seigneur. » Saint Paul nous montre bien que notre Église est en chantier, un chantier permanent qui ne trouvera son achèvement qu’au moment de l’Avènement du Christ dans la gloire, à la fin des temps.
En tant que baptisés, nous sommes appelés à prendre une part active à ce chantier, et, pour cela, je retiendrai aujourd’hui trois appels.
D’abord un appel à la prière et à la repentance. Nous rappelons aujourd’hui que la Vierge Marie est la Mère de l’Église. Elle prend soin de tous ses enfants et elle nous appelle à prier les uns pour les autres. C’est ce qu’elle demandait à Bernadette : « Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! Priez pour les pécheurs. » Elle nous invite ainsi à nous tourner humblement vers le visage du Christ qui est mort sur la Croix en prenant sur lui nos péchés, pour nous en délivrer et nous ouvrir un chemin de vie.
Nous devons prier dans l’humilité afin d’accueillir la grâce de la miséricorde et la force de nous pardonner mutuellement. Il est trop facile de juger et de condamner les autres comme nous le voyons se développer notamment sur les réseaux sociaux. C’est Jésus qui sera notre juge et il nous jugera sur l’amour que nous avons les uns pour les autres. Lui seul connaît le fond des cœurs et il est capable de reconnaître aussi ce que nous faisons de bien et tous les beaux fruits que l’Église apporte à cette humanité.
Deuxièmement, un appel à l’espérance. Nous avons compris que l’Église, c’est d’abord l’Église… du Christ. C’est lui qui en est la tête et qui en fait un Temple Saint où nous pouvons entendre sa parole de vie, où nous recevons de Lui la grâce des sacrements, où nous pouvons développer des relations fraternelles et prendre soin de ceux qui souffrent ou qui manquent du nécessaire.
Jésus nous donne son Esprit Saint pour cela. L’Esprit Saint qui nous aide à surmonter les défis de notre existence et nous donne la force de lutter contre le mal pour choisir résolument le bien. L’Esprit Saint qui est pour nous source de paix, de joie, de bienveillance et de maîtrise de soi. Nous en avons tellement besoin aujourd’hui pour développer une vraie fraternité malgré nos différences et même nos divergences !
Le troisième appel concerne les familles que nous accueillons plus particulièrement cette année dans notre pèlerinage. L’Église, c’est aussi l’ensemble de nos « Églises domestiques » que sont les familles. Les souffrances de l’Église, nous les trouvons parfois aussi dans nos familles. Nous vivons de belles choses en famille, et quelle joie de voir nos familles s’élever « harmonieusement pour devenir un Temple saint dans le Seigneur », comme dit saint Paul. Mais elles vivent parfois aussi des épreuves : violence, division, séparation, solitude.
Pourtant, le Seigneur n’abandonne aucune famille. Il se fait proche aussi de celles qui ne vont pas bien. Il n’est pas venu pour condamner, mais pour sauver. N’oublions jamais que Jésus est aussi la pierre angulaire de nos familles, si nous le voulons bien. Sur Lui, nous pouvons grandir dans l’amour mutuel, le pardon et la joie spirituelle. C’est pourquoi, pour nos « Églises domestiques » aussi, nous sommes appelés à la pénitence, à la prière fervente et à l’espérance.
Frères et Sœurs, confions notre diocèse et notre Église tout entière à la prière de la Vierge Marie, la Mère de l’Église, à la prière des saints Simon et Jude, pierres de fondation de l’Église. Avec eux, tournons-nous humblement vers le Christ, car, comme le dit saint Luc dans l’Évangile de ce jour : « Toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous. » Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon