Es 50, 4-7 ; Ps 21 ; Ph 2, 6-11 ; Passion de Jésus-Christ selon St Mc 14, 1-15, 47
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Chers Amis,
Je trouve qu’elle est vraiment bouleversante cette liturgie des Rameaux et de la Passion qui commence par un moment de fête et de joie, l’acclamation de Jésus qui monte à Jérusalem. Il est acclamé par les personnes qui reconnaissaient que ses paroles venaient vraiment de Dieu. Ils ont été témoins des miracles, et ils étaient absolument persuadés que Jésus était vraiment le Messie annoncé et qu’il allait les sauver de la mort. Nous avons envie, nous-mêmes, de crier avec eux pour que le Seigneur nous donne sa paix, qu’Il nous donne cette justice dont le monde a tellement besoin. En fait, tout d’un coup, tout s’est effondré : Jésus est arrêté très peu de temps après et emmené vers sa Passion et vers sa mort. Au fond, on peut se demander à quoi bon tout cela. Il y a une énorme déception, et d’ailleurs les disciples d’Emmaüs qui n’avaient pas encore découvert que Jésus était ressuscité disent « Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. » (Lc 24, 13-35). Il y avait une grande espérance qui a été complètement déçue : comment est-il possible que le Messie de Dieu puisse se faire arrêter et puisse mourir sur une croix ?
Lorsque nous y réfléchissons, Jésus ne pouvait pas faire autrement que de passer par-là, car si le Christ n’était pas passé par la souffrance et par la mort, nous ne serions pas sauvés. En effet, Jésus en donnant sa vie par amour, c’est Dieu lui-même qui vient à nous en la personne de son fils et qui vient au milieu de nous partager notre vie et nos souffrances, nos difficultés, nos épreuves, nos injustices, notre mort ! C’est en partageant tout cela et par sa résurrection que Jésus nous délivre de nos péchés, nous délivre de tout mal, et en plus nous ouvre le chemin de la vie éternelle.
C’est pourquoi ce dimanche qui ouvre la semaine sainte commence par ce moment festif des Rameaux que nous agitons pour acclamer le Christ. De fait, il est festif, car malgré le récit douloureux de la Passion elle inaugure une phase décisive de l’histoire du Salut : avec la mort du Christ et sa résurrection, le mal est vaincu pour toujours, même si, bien entendu, c’est seulement lors de l’Avènement du Christ à la fin des temps que tout sera parfaitement accompli. Quoiqu’il en soit, ce dimanche éclaire ce que nous sommes en train de vivre en ce moment, cette pandémie mondiale qui nous fait prendre conscience de nos limites, de notre finitude, qui nous fait tous souffrir, mais au travers de tout cela, nous avons cette lumière du Christ au milieu de nous. Nous croyons que Jésus, notre Dieu et notre Sauveur, est passé par une épreuve plus terrible encore, et partage encore aujourd’hui ce que nous sommes en train de vivre et nous entraîne avec lui dans une vie qui est plus forte que la mort.
Alors, Chers Amis, en cette période de pandémie, soyons témoins par notre foi, par notre espérance, par notre charité aussi, de cette lumière qui nous habite afin qu’elle puisse également briller au milieu de tous ceux qui nous entourent y compris ceux qui n’ont pas forcément la foi. Que nous puissions dire comme le prophète Isaïe dans la première lecture : « le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. » Je pense que beaucoup d’entre vous disent cela à la Mission Saint-Luc. À travers cette parole, c’est le Christ lui-même qui nous soutient. En cette semaine sainte où nous suivons Jésus qui, dans son abaissement et dans le don de sa vie, nous révèle le vrai visage de Dieu : un Dieu d’amour et de miséricorde dont nous avons tant besoin dans cette période éprouvante que nous traversons. Nous en sommes les témoins et nous sommes chargés de rayonner autour de nous cet amour du Seigneur. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon