Lc 13, 18-21
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Chers Amis,
Comme nous l’avons entendu tout à l’heure, le thème de la journée est « Marie, modèle de chapelle à bâtir. » Cette phrase, qui peut bien évidemment surprendre, fait référence à la demande de la Vierge Marie à Bernadette : « Allez dire aux prêtres que l’on bâtisse ici une chapelle et que l’on vienne en procession » (Treizième apparition de Marie à Bernadette le 2 mars 1858). La chapelle c’est un monument, mais ici, il s’agit plutôt d’un lieu symbolique : le lieu de l’assemblée, de la prière, de la rencontre avec le Seigneur. Nous pouvons y voir notre qualité de disciple. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui, Marie est présentée comme modèle de chapelle à bâtir.
Cette chapelle, nous pouvons la voir à plusieurs niveaux : notre vie personnelle, notre famille (l’Église domestique) et l’Église, Corps du Christ, communauté de croyants. Il y a des points communs entre ces trois niveaux qui sont liés.
Je rappelle, tout d’abord, que la chapelle est un lieu de prière et Marie est vraiment le modèle de la priante. Nous pensons immédiatement au passage où elle est en prière avec les disciples, dans l’attente de l’Esprit Saint. Même si les Évangiles en parlent peu, nous savons que Marie était une grande priante, et c’est pour cette raison qu’elle a pu accueillir l’appel de Dieu lors de l’Annonciation et y répondre de façon généreuse. Cet appel nous fait comprendre l’importance d’avoir une vie de prière multiple : personnelle, familiale et ecclésiale. Ces trois dimensions sont totalement complémentaires dans notre vie de prière. Beaucoup disent « Prier seul me suffit », cependant, nous nous rendons compte à l’image de ce que nous vivons ici à Lourdes, que prier avec les autres nous fait grandir ensemble dans la communion avec le Seigneur. Je crois que nous avons besoin de redécouvrir les bienfaits de la prière familiale et de la prière communautaire, même en dehors de la messe, dans tous les lieux où nous pouvons nous retrouver.
Ensuite, la chapelle est un lieu où l’on se rassemble, et Celui qui nous rassemble, c’est le Christ. Nous pouvons l’expérimenter au niveau personnel : nous avons besoin de faire l’unité dans notre propre vie entre notre corps, notre esprit, notre intelligence, notre foi, notre vie spirituelle. On parle du « développement intégral de la personne humaine » (c’est Paul VI qui utilise cette très belle expression).
La chapelle est aussi un lieu où nous nous rassemblons en famille (avec l’importance de l’unité familiale à l’intérieur de nos familles) et enfin l’église où nous nous retrouvons les uns les autres, frères et sœurs dans le Christ, avec nos différences parfois aussi nos désaccords que, par le don de l’Esprit Saint, nous pouvons largement dépasser et être unis dans l’amour mutuel autour du Christ et par Lui. C’est cela la vraie fraternité que nous cherchons à faire grandir en nous d’abord, mais également en famille, en Église. Une fraternité qui est un don de Dieu à accueillir dans la prière, mais qui suppose une attitude fondamentale : l’humilité.
C’est en cela que Marie est un modèle. Elle est le modèle de l’humilité.
Enfin, notre thème nous parle d’une chapelle « à bâtir ». Cela signifie bien qu’elle n’est pas encore totalement construite ! En effet, nous ne naissons pas chrétiens, nous le devenons. Nous le voyons bien dans ces deux paraboles sur le règne de Dieu, à savoir cette communion en Dieu entre les personnes (hommes et femmes, jeunes et vieux), que nous avons entendues dans l’Évangile tout à l’heure avec cette image de la graine de moutarde qui devient un très grand arbre et le levain dans la pâte qui fait lever toute la pâte. Cela exprime de façon très belle cette puissance de vie qui vient de Dieu en nous et que nous avons à accueillir pleinement, car le Seigneur nous fait ainsi grandir en sainteté. Une sainteté qui n’est jamais gagnée d’avance et qui est appelée à grandir et à être source de vie pour les autres, avec cette image des oiseaux qui font leur nid dans les branches.
C’est tellement important aujourd’hui, alors que nous découvrons les nombreux contre-témoignages qu’il peut y avoir, même à l’intérieur de l’Église, et parfois en nous-mêmes, de voir toutes les grâces que le Seigneur vient nous donner. C’est cela qui nous met dans l’Espérance !
Les Frères et Sœurs qui sont arrivés hier soir ont rejoint le groupe des jeunes. Cette chapelle à bâtir, c’est aussi notre pèlerinage commun, avec cette importance de tisser des liens entre nous, de partager la joie d’être ensemble avec le Seigneur sous le regard maternel de la Vierge Marie. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon