Gn 2, 7-9.3, 1-7a ; Ps 50 ; Rm 5, 12-19 ; Mt 4, 1-11
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs, Chers catéchumènes,
Savez-vous pourquoi vous êtes ici et en quoi est-ce si important ?
Cet appel décisif ouvre pour vous une étape en effet très importante qui va vous préparer à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne à Pâques. Cette étape nous ouvre vers le Carême, un temps qui dure 40 jours en référence aux 40 ans que les Hébreux ont passés dans le désert pour passer de la servitude en Égypte à la terre promise, un temps de préparation et puis les 40 jours que Jésus aussi a vécus dans le désert avant son ministère public, c’est l’Évangile que nous avons entendu aujourd’hui. C’est donc un temps de préparation spirituelle, mais aussi un temps de combat spirituel, c’est-à-dire qui nous pousse à faire des choix et à poser des actes concrets pour que disparaisse de notre vie tout ce qui fait obstacle à l’Évangile, et qu’ainsi notre vie soit illuminée par sa lumière.
Durant ce Carême, nous avons tout un cheminement, qui vous est proposé à vous les catéchumènes, avec nous tous les baptisés.
Il y a tout d’abord les Évangiles des dimanches de Carême qui ont été choisis, dans l’Église, pour justement nous aider à approfondir notre foi, avec, à chaque fois, un thème différent, et c’est pour cela qu’il est important de venir à la messe le dimanche et si possible aussi en semaine pour nous préparer à cela. Ce sont des moments privilégiés, où les fidèles du diocèse prient pour vous et avec vous.
Ensuite, il y a les scrutins qui ont lieu les troisième, quatrième et cinquième dimanches de Carême et qui sont célébrés dans vos paroisses. Les scrutins vous mettent sous le regard de Dieu. Vous êtes appelés à vous laisser scruter par le Christ et par son amour miséricordieux. Et puis, à recevoir aussi de lui, la grâce de vous attacher à lui et de le suivre comme disciples.
Et puis, avec tous les autres baptisés : laïcs, diacres, prêtres, évêque, nous allons vivre ensemble un Carême fondé sur l’aumône, la prière et le jeûne qui sont trois moyens traditionnels pour nous aider tous à raviver notre foi et à nous écarter du mal.
L’aumône, ce n’est pas seulement de donner l’argent aux pauvres. C’est l’amour du prochain, c’est la compassion, c’est la solidarité.
La prière (prière personnelle bien sûr, mais aussi prière communautaire que nous avons à développer) nous met en intimité avec le Seigneur, mais également en communion entre nous.
Le jeûne, l’abstinence, c’est ce que nous faisons de notre corps et qui contribue à nous rapprocher de Dieu et des autres. Nous ne sommes pas de granit. Nous sommes des êtres humains et donc la sobriété, qu’elle soit par rapport à la nourriture, à la consommation ou encore à la distraction, nous aide à grandir dans la foi.
Pour vivre tout cela, nous ne partons pas dans le désert comme Jésus, mais le désert, ce peut être le silence que nous pourrions prendre à tel ou tel moment de notre journée. Un silence, donc, pour accueillir la grâce de Dieu, pour écouter sa parole.
Ce premier des cinq dimanches est la première étape de Carême. Les textes de la liturgie qui nous sont proposés nous font réfléchir au combat spirituel qui est un aspect très important de la vie chrétienne.
Avez-vous déjà entendu cette expression de combat spirituel ?
Je vous propose de voir ensemble ce que nous en disent les textes. Et je relève trois aspects :
Le premier, depuis l’origine de la Création que nous avons entendue en première lecture dans le Livre de la Genèse, nous avons la connaissance du bien et du mal. Ainsi, nous sommes tentés et nous devons choisir. Spontanément, nous choisissons évidemment souvent ce qui est désirable, mais ce qui est désirable est pas forcément profitable ! Nous sommes donc appelés à discerner quelle est la volonté de Dieu et à savoir choisir, à savoir parfois dire non, exactement comme Jésus nous l’a montré dans l’Évangile de ce jour. Il y a des choix qui nous conduisent à la vie et d’autres à la mort. Il y a des choix qui nous ouvrent à l’amour de Dieu et du prochain, et d’autres qui nous en écartent. Il y a des choix qui nous engagent pour le bien commun et d’autres qui nous replient sur nous-mêmes. C’est cela le combat spirituel : faire les bons choix. Un combat qui s’appuie sur la Parole de Dieu comme Jésus nous le révèle dans l’Évangile.
Le deuxième aspect c’est la nécessité de ce combat pour nous permettre de grandir en sainteté à la suite de Jésus. C’est ce que nous avons entendu dans la première phrase de l’Évangile : « Jésus fut conduit au désert par l’Esprit ». Esprit avec E majuscule, c’est-à-dire par Dieu. Cette épreuve n’a pas pour but de lui faire du mal, mais bien le préparer à sa mission. Nous aussi, il nous faut passer par là afin d’éprouver notre fidélité et aussi notre volonté à devenir vraiment des disciples et des disciples-missionnaires, c’est-à-dire des disciples capables de donner un bon témoignage en ce monde, de notre foi, de notre espérance et de notre charité.
Enfin, troisièmement, ce combat nous conduit à recevoir du Seigneur, un grand réconfort et la joie de l’Espérance qui est si nécessaire, au milieu des épreuves personnelles, mais aussi mondiales que nous pouvons traverser. Nous l’avons entendu dans l’Évangile : « Alors le diable le quitte et voici que des anges s’approchèrent et ils le servaient. », c’est le réconfort que le Seigneur nous donne lorsque nous sommes vainqueurs de ce combat spirituel et que nous faisons les bons choix.
Chers catéchumènes, le diable existe, ce n’est pas une fiction ! Il chercher à nous faire trébucher et surtout à nous empêcher de nous engager la suite du Christ qui est venu nous libérer de son emprise, justement, et nous faire entrer dans la vie éternelle. En ce temps de Carême, entrons pleinement, ensemble, dans ce combat spirituel avec la force de l’Esprit Saint pour vivre cette libération, accueillir la force et la joie profonde que le Seigneur accorde à ceux qui ont répondu « Me voici » à son appel. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon