Am 6, 4-7, 1 Tm 6, 11-16, Lc 16, 19-31.
Tanneguy et Jean-Doret,
Il se trouve que votre installation dans cette paroisse a lieu en ce jour où nous célébrons dans l’Église la Journée mondiale du Migrant et du Réfugié. C’est un grand défi à relever pour notre humanité dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine, les crises politiques et économiques et les bouleversements climatiques qui poussent des populations de plus en plus nombreuses à chercher refuge dans un autre pays. On estime à 100 millions, le nombre de personnes qui ont dû quitter leur pays pour ces raisons.
Dans la première lecture, le prophète Amos reproche avec vigueur, au nom de Dieu, l’indifférence et l’hédonisme de ceux qui vivent bien tranquilles et ne se soucient guère de la détresse de leurs semblables. Mais comme un effet miroir, ce texte révèle l’amour de Dieu qui, bien au contraire, a le souci de ceux qui souffrent. Dieu est plein de miséricorde et il compte sur nous pour que nous ayons aussi de la miséricorde pour son peuple.
C’est ce que nous essayons de mettre en œuvre dans l’Église par la diaconie qui est un aspect de la charge que vous partagez avec votre évêque. Jésus l’a dit clairement à ses apôtres la veille de sa mort après leur avoir lavé les pieds : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » (Jn 13, 15-15)
Être envoyé comme apôtre, c’est donc un service et non un pouvoir. Ou plutôt, il y a bien un pouvoir, c’est celui d’avoir été appelé et envoyé par le Christ pour annoncer l’Évangile, célébrer les sacrements et conduire l’Église à la manière du Bon Pasteur qui prend soin de ses brebis (cf. Jn 10).
Dans la diaconie de l’Église, j’ai évoqué la question des réfugiés, mais il y a aussi tous ceux qui ont de plus en plus de mal à finir le mois, ou qui vivent dans une grande précarité. Dans l’Évangile de ce jour, Jésus nous alerte dans la parabole du riche et de Lazare sur le risque de creuser ici-bas un grand abîme qui ne pourra plus se combler dans la vie éternelle. C’est maintenant qu’il faut manifester la miséricorde en étant attentif à ceux qui sont à notre porte. Comme prêtres, vous avez donc à veiller aux initiatives qui peuvent être prises en ce sens dans la paroisse, et même à les susciter.
Vous savez bien que la charge de gouverner le peuple de Dieu est à vivre dans la collaboration avec les fidèles laïcs, car « À chacun d’entre nous, la grâce a été donnée selon la mesure du don fait par le Christ. » (Eph 4, 7), comme dit saint Paul, mais le don particulier que vous avez reçu à votre ordination fait de vous des pasteurs au nom du Christ.
Une charge à vivre humblement, avec délicatesse, mais avec autorité. C’est un service rendu à tous. Cela dit, il faut aussi que tous les fidèles laïcs se sentent concernés et prennent leur responsabilité sans attendre que le curé le leur demande. Sinon les prêtres risquent de s’épuiser et se décourager.
Dans votre charge de gouverner, vous êtes chargés notamment de faire grandir la communion au sein de la paroisse, pour que tout le monde marche ensemble à la suite du Christ. Sachant que l’individualisme qui marque nos sociétés ne facilite pas l’unité de l’Église, d’autant plus qu’il s’agit, certes, d’une assemblée de frères et de sœurs, mais dont les milieux sociaux, les choix politiques ou les sensibilités liturgiques sont parfois totalement opposés !
C’est l’Esprit Saint qui permet ce miracle permanent de nous reconnaître frères et sœurs dans le Christ. Et c’est la prière commune et la grâce des sacrements, et notamment de l’eucharistie, qui nous permettent de parvenir « tous ensemble à l’unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu. » (Eph 4, 13), comme le dit saint Paul.
Le pape François, dans sa lettre du 29 juin nous demande de redoubler d’efforts pour préparer et célébrer de belles liturgies : « Puisque le don du mystère célébré dépasse notre capacité de le connaître, cet effort doit certainement accompagner la formation permanente de tous, avec l’humilité des petits, l’attitude qui ouvre à l’émerveillement. 1 » Lorsque les liturgies sont belles et priantes, tout le monde trouve la joie de venir et d’y participer et cela renforce la communion de tous les fidèles de la paroisse.
Vous avez de la chance d’avoir à Landévennec l’abbaye saint Guénolé qui est un poumon spirituel du diocèse où beaucoup viennent se ressourcer.
Il y a aussi l’aumônerie militaire très présente sur cette paroisse avec le père Patrice TIGEOT et les nombreux militaires qui sont aussi des fidèles de la paroisse. Les marins contribuent grandement à la vie et à la mission de l’Église dans la Presqu’île !
Je me permets de souligner aussi l’importance de développer la prière commune sous chaque clocher, à l’initiative des fidèles qui habitent ces bourgs. On peut prier certains jours dans la semaine même lorsqu’il n’y a pas de messe. La prière est à la source de l’évangélisation, car sans le Christ, nous ne pouvons rien faire. Et dans une paroisse qui porte le nom de la Vierge Marie, la prière mariale a aussi toute sa place.
Comme prêtres, vous avez aussi la mission d’annoncer la Bonne Nouvelle. Cette annonce, elle se vit dans les multiples activités pastorales, dans la préparation des sacrements de baptême et de mariage, sans oublier la célébration des funérailles qui touche des personnes qui sont souvent éloignées de l’Église. Beaucoup de fidèles y sont engagés, mais il est important de renforcer et renouveler les équipes.
Nous la vivons aussi de façon particulière actuellement dans notre démarche diocésaine « Devenir chrétiens en famille. » L’Esprit Saint est à l’œuvre au sein des familles, mais il compte sur nous pour soutenir les familles en permettant de développer une transmission de la foi pour les enfants, les jeunes et pour les parents, en soutenant aussi les familles qui vivent des épreuves. Nous devons permettre aux familles d’être vraiment des Églises domestiques comme les appelait le pape saint Jean-Paul II. C’est vital, car la famille est le socle de l’Église et de la société.
1 Desiderio Desideravi n° 38
Et n’oublions pas les établissements scolaires catholiques, l’école Sainte-Anne et le Collège Sainte-Jeanne d’Arc, où nous avons à annoncer la Bonne Nouvelle du salut. C’est aussi une porte d’entrée pour rejoindre les familles.
Enfin, accueillons ce beau conseil de saint Paul dans la 2e lecture : « Toi, homme de Dieu, recherches la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! » Un conseil qui peut s’adresser particulièrement à vous, les prêtres, mais aussi à chacun d’entre nous, car nous avons bien compris que c’est tous ensemble, chacun selon notre vocation, qui sommes les pierres vivantes de l’Église.
C’est dans cet esprit et avec une grande joie que j’installe votre nouveau curé et le père Jean-Doret qui va partager sa charge, avec l’aide du père Patrice TIGEOT.
Priez pour eux et soutenez-les dans la belle mission que je leur confie au nom du Seigneur. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon