Is 55, 6-9 ; Ps 144 ; Ph 1, 20c-24.27a ; Mt 20, 1-16
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs,
Pour commencer, permettez-moi de poser une question : pourquoi bénir des cartables ? N’est-ce pas un peu curieux ? En réalité, nous bénissons avant tout ce que symbolisent ces cartables. Ils nous rappellent bien sûr l’année scolaire à venir, ainsi que le travail de tous les élèves, quel que soit leur âge, et aussi le travail des adultes, nous transportons souvent des mallettes pour nous rendre au travail. Cette bénédiction exprime le désir du Seigneur de nous accorder sa bienveillance en manifestant sa bonté à notre égard pour cette année pastorale et scolaire qui débute. Bien sûr, elle n’effacera pas les défis de la vie ni ne garantira de bonnes notes aux élèves, mais elle signifie que le Seigneur nous veut du bien et qu’il nous soutiendra pour relever les défis qui se présenteront au cours de cette année.
Le Seigneur nous bénit, mais il attend également quelque chose de notre part. Cela transparaît dans la parabole que nous venons d’entendre et que nous allons décrypter ensemble. Comme toutes les paraboles, celle-ci utilise une histoire et des images pour nous enseigner quelque chose d’essentiel. Souvent, Jésus utilise des images percutantes pour susciter notre réflexion. Dans cette parabole, il est question du denier unique donné à chaque ouvrier, quel que soit le travail effectué. (de nos jours, Jésus aurait probablement eu des discussions animées avec les syndicats !) Que signifie cette parabole ? Nous pouvons considérer cette vigne comme une représentation du Royaume de Dieu. Il ne s’agit évidemment pas d’un royaume géographique, mais d’un royaume d’amour, de justice et de paix, un royaume qui grandit dans nos cœurs. Jésus nous appelle à travailler dans cette vigne, c’est-à-dire à entrer dans ce Royaume en modifiant notre comportement, comme nous y invite saint Paul. Cela demande du travail, c’est indéniable. Permettez-moi de donner quelques exemples concrets.
Tout d’abord, parmi nous se trouvent des élèves. En ce moment, le harcèlement scolaire est un sujet préoccupant qui engendre beaucoup de souffrance parmi les jeunes. Pour les jeunes chrétiens qui désirent faire partie du Royaume de Dieu, il est essentiel d’adopter une attitude contraire en prenant soin de leurs camarades en difficulté, en les soutenant plutôt que de participer à des comportements nuisibles sur les réseaux sociaux. Si nous utilisons les réseaux sociaux, faisons-le pour le bien, et non pour le mal, pour aider les autres. Restons vigilants face à tout ce qui peut se propager sur les réseaux sociaux, y compris la pornographie et d’autres contenus destructeurs qui peuvent nous empoisonner intérieurement ! Je pense que pour les jeunes, travailler à la vigne du Seigneur, c’est déjà changer tous ces comportements pour que ce soient toujours dans le sens du bien !
Pour les adultes, les enjeux sont similaires. Prenons l’exemple de la communion au sein de la société et de l’Église. La communion n’est pas toujours facile à atteindre, car nous ne sommes pas toujours d’accord sur tout. Nous savons que le Christ est le seul à pouvoir nous unir, et aujourd’hui, alors que nous célébrons la Journée mondiale du migrant et du réfugié, je souhaite aborder ce sujet. Les questions liées aux migrants et aux réfugiés divisent non seulement la société, mais aussi les chrétiens. L’immigration est une question complexe qui englobe des aspects économiques, politiques, culturels, sociaux et sécuritaires. Cependant, elle touche également à la dignité humaine et à la justice. En tant que chrétiens, nous devons œuvrer dans la vigne du Seigneur en cherchant à promouvoir ce qui est bon pour ces personnes. Le pape François a rappelé cela lors de sa visite à Marseille hier.
Revenons à la parabole. Elle nous montre clairement ce que signifie travailler à la vigne du Seigneur. Toutefois, n’oublions pas l’histoire du denier, cette pièce d’argent précieuse. Que représente-t-elle ? Normalement, un salaire n’est pas un don, mais un dû, mais ici, Jésus change de perspective en passant du dû au don. C’est un don parce que le maître est bon. Nous pouvons peut-être voir en cette pièce d’argent précieuse une représentation de Jésus lui-même, qui se donne à nous. Il a offert sa vie pour nous délivrer du péché, pour nous libérer du mal, et il continue à donner sa vie à travers sa Parole et les sacrements. Tous nos efforts pour promouvoir la communion, la justice et la paix ne sont possibles que parce que le Seigneur nous « paie » en nous donnant la force de l’Esprit Saint, qui nous aide vraiment à travailler à sa vigne et à faire grandir le Royaume de Dieu.
Aujourd’hui, nous fêtons les 60 ans d’ordination du Père Xavier DANIEL. Soixante ans, c’est une longue période, surtout aux yeux des jeunes ! Ce qui est extraordinaire lorsque nous regardons sa vie, qu’il a évoqué tout à l’heure, c’est le nombre de personnes qu’il a pu rencontrer, le nombre de baptêmes et de mariages qu’il a célébrés, le nombre d’obsèques qu’il a célébré, le nombre de familles en deuil qu’il a accompagné. La vie d’un prêtre est extraordinairement riche, et il est essentiel de célébrer cela, car le Seigneur, à travers le prêtre, nous aide à travailler à sa vigne, car le prêtre est là au nom du Christ, et c’est précieux ! Ainsi, je lance un appel aux jeunes parmi nous ! Si vous ressentez au fond de votre cœur l’appel à devenir prêtre, je peux vous assurer que cela en vaut la peine. C’est une vocation pleine de joies et une vie absolument extraordinaire. N’hésitez pas à le faire, y compris pour les filles et les garçons qui veulent être religieux ou religieuses.
En cette fête de Notre-Dame de Tréminou, nous pouvons rendre grâce au Seigneur pour tout cela, pour ce Royaume de Dieu qui grandit au milieu de nous, et qui nous rassemble aujourd’hui. Nous pouvons demander à la Vierge Marie de prier pour nous et de nous accompagner sur ce chemin pour que nous soyons toujours davantage fidèles à la parole du Christ, à son invitation à travailler à sa vigne. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon