Is 50, 4-7 ; Ps 21 ; Ph 2, 6-11 ; Passion de Jésus-Christ selon saint Marc 14, 1-15, 47
Frères et sœurs,
Pourquoi les habitants de Jérusalem ont-ils acclamé Jésus à son entrée dans la ville Sainte… et, peu de temps après, les mêmes, ont-ils demandé sa mort ?
On comprend pourquoi ils l’ont acclamé, car Jésus « parlait avec autorité » et ses paroles les touchaient au plus profond d’eux-mêmes. Ils avaient été témoins de ses miracles et de nombreux signes qui révélaient qu’il était vraiment l’envoyé de Dieu. Il semblait que Jésus réalisait vraiment ce qu’avaient annoncé les prophètes et ils le reconnaissaient déjà comme le Messie.
Alors pourquoi ont-ils demandé sa mort, et avec une telle violence ?
Une violence qui révèle l’immense déception qu’ils ont éprouvée quand Jésus s’est laissé arrêter sans se défendre et surtout sans être défendu par Dieu : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut se sauver lui-même ! Qu’il descende maintenant de la croix, le Christ, le Roi d’Israël ». Cette profonde déception que les disciples d’Emmaüs exprimaient : « Et nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël ».
Cette profonde déception des habitants de Jérusalem rejoint peut-être nos propres déceptions par rapport à ce que nous espérons de le Puissance divine.
Quelles sont nos déceptions d’aujourd’hui, voire nos révoltes peut-être ?
Dans nos épreuves personnelles ou familiales.
Nos prières qui semblent parfois ne pas être exaucées.
Les épreuves de l’Église.
Les malheurs de notre humanité… guerres, attentats dramatiques comme celui de Moscou avant-hier, défis climatiques et ses conséquences.
Tout cela peut ébranler notre foi et nous faire douter. Et nous savons que beaucoup de gens doutent parce que justement ils éprouvent une grande déception par rapport à ce qu’ils attendent de Dieu. « Si Dieu nous aime, pourquoi vivons-nous tout cela ? Pourquoi toute cette souffrance ? » disent-ils. Nous croyons en un Dieu d’amour et de miséricorde ! Mais comment cet amour se manifeste-t-il ?
La manière avec laquelle Jésus sauve notre humanité est bien étrange.
Sans se révolter contre l’injustice, et il ne cherche pas non plus à se défendre face à celle qui lui est faite.
Sans supprimer ni soulager nos souffrances, il les a partagées, il les a vécues lui-même.
Sans nous épargner l’épreuve de la mort, il l’a vécue aussi, et quelle mort ! Avec les pires souffrances qu’un être humain est capable de supporter.
En suivant Jésus dans sa Passion au long de cette Semaine Sainte qui commence, nous entrons dans le Mystère du salut de l’humanité. La Passion de Jésus nous montre comment Dieu nous sauve, et saint Paul l’exprime dans la 2e lecture de ce jour, en disant que Jésus qui était de condition divine s’est abaissé en devenant obéissant jusqu’à la mort de la croix avant d’être exalté dans la Résurrection.
Nous comprenons que ce salut ne passe pas par une manifestation de la Puissance divine qui s’imposerait aux hommes par la force, mais par l’amour donné gratuitement. Un amour que Jésus exprime pleinement par le don total de sa vie sur la croix. Un amour qui finalement, s’est révélé plus fort que la mort grâce à la Résurrection de Jésus.
C’est cet amour divin qui se manifeste déjà dans notre vie, qui nous délivre du péché et nous fait entrer dans sa vie par les sacrements. Un amour qui aura le dernier mot lorsque Jésus reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. C’est le sens des rameaux que nous avons en main. Ces rameaux qui ont acclamé le Christ lorsqu’il entrait à Jérusalem, mais qui sont aujourd’hui le signe de sa Résurrection. Un signe de vie et d’espérance. C’est pourquoi nous placerons ces rameaux sur les croix de nos maisons pour montrer que la Croix n’est plus pour nous signe de mort, mais de victoire sur la mort. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon