Jon 3, 1-5.10 ; Ps 24 ; 1 Co 7, 29-31 ; Mc 1, 14-20
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et Sœurs,
Dans la deuxième lecture, Saint-Paul commence par cette phrase : « le temps est limité ». Nous savons bien évidemment que notre vie est limitée et lorsque l’on vit dans un EHPAD, on y réfléchit davantage ! Mais Saint-Paul, dans la suite du texte, dit : « car il passe le monde tel que nous le voyons. » Ainsi, ce n’est pas seulement notre vie personnelle qui passe, c’est aussi le monde. Le monde passe, car il a une durée de vie limitée d’après ce que l’on comprend. Il est vrai que la pandémie que nous sommes en train de vivre nous pousse à écouter cela avec une oreille plus attentive ! Que devient notre monde ?
Même si Jésus, dans un autre passage d’Évangile, dit qu’il y aura des guerres, des tremblements de terre, des épidémies, mais que ce ne sera pas tout de suite la fin (cf. Lc 21, 9). De fait, il y a eu beaucoup d’autres épidémies dans l’histoire de l’humanité !
Quoiqu’il en soit, Saint-Paul parle bien, tout de même, d’une fin : la fin d’un monde, du monde « tel que nous le voyons », et ça, c’est au cœur de notre foi puisque nous attendons l’Avènement glorieux de notre Seigneur Jésus-Christ lorsqu’il viendra pour juger les vivants et les morts. Non seulement nous l’attendons un peu comme l’aboutissement de l’existence, mais nous l’espérons aussi. Nous demandons à Jésus de venir tel que nous le chantons dans l’anamnèse à la messe. Ainsi, ce monde est en train de passer et c’est pour cela que nous devons nous attacher à ce qui ne passe pas, ce qui ne disparaîtra jamais.
Cela rejoint ce que Jésus dit dans le passage d’Évangile d’aujourd’hui : « les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche, convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » « Les temps sont accomplis » nous indique que ce n’est pas encore la fin, mais, que l’histoire du Salut arrive à son aboutissement lorsque Jésus arrive sur la terre. Dieu, en Jésus, se fait homme et établit avec nous une nouvelle Alliance dans laquelle il nous fait entrer par les sacrements. Promesse de vivre pour toujours avec le Seigneur, dans le royaume de Dieu qui est si proche, même si, bien sûr, nous attendons l’aboutissement définitif que sera l’avènement du Christ à la fin des temps comme je l’ai dit.
« Le royaume de Dieu est tout proche, convertissez-vous et croyez à l’Évangile », dit Jésus. Quand nous entendons « convertissez-vous », évidemment, nous pensons « il ne faut pas faire du mal », « il ne faut pas pécher ». Il faut sans cesse se convertir ! Je me souviens d’une personne qui m’avait dit « c’est fatigant de toujours entendre qu’il faut se convertir ». Pour Jésus, cependant, c’est plus que cela. Sa demande de conversion est bien illustrée par l’appel des disciples, dans la deuxième partie de l’Évangile. Au fond, la conversion n’est-elle pas d’abord justement d’écouter la Parole de Dieu, de mettre notre foi en Jésus ? Cela, c’est déjà le commencement de la conversion, car la conversion, c’est de croire ! C’est ce que font les disciples : ils mettent leur foi en Jésus, ils font confiance à sa parole, ils répondent à son appel, et deviennent ses compagnons de route, puis, nous le savons, ils seront même « envoyés » et ce sont eux, désormais, qui annonceront la Bonne Nouvelle. La conversion est donc d’abord de croire en Jésus et en son Évangile. Une foi que nous avons à raviver sans cesse, mais qui nous engage également. Dans ce dimanche consacré à la Parole de Dieu, nous voulons rappeler que la conversion commence par lire, par méditer la Parole de Dieu, en la mettant au cœur de notre vie et en essayant de la vivre. Ne délaissons pas cette Parole divine. Nous devons y croire. C’est une Parole vivante, le Seigneur nous parle à travers cette Parole, il nous appelle à le suivre sur le chemin de la Vie. Il fait grandir notre espérance. Il nous dit où nous devons aller et donne sens à notre existence. C’est pour cela que nous devons nous nourrir constamment de cette Parole.
Mais, nous avons aussi à suivre Jésus, c’est-à-dire à devenir son disciple et même son ami avant d’être aussi son envoyé. C’est ce que le pape François appelle devenir « disciple-missionnaire ». Alors, bien sûr, nous avons les uns et les autres ici fait l’expérience, comme baptisés déjà, de suivre Jésus, d’avoir mis notre foi dans sa parole et nous essayons de continuer. Les religieuses tout comme les prêtres qui sont ici ont vécu le fait de tout quitter pour suivre Jésus comme les apôtres. Lorsque nous vivons tout cela, nous pouvons dire que nous sommes déjà dans le royaume de Dieu, un royaume qui ne disparaîtra jamais contrairement au monde, tel que nous voyons, qui est en train de passer !
En conclusion, je dirais que la pandémie de COVID-19 révèle notre finitude. Nous savons bien que notre monde passera et nous voyons bien que nous sommes vulnérables, mais cela ne doit non pas nous inquiéter, mais plutôt nous alerter afin de nous réveiller, pour nous encourager à vivre notre foi de façon plus vive, plus affermie, à mettre vraiment Jésus et sa Parole de vie au cœur de notre existence, et je peux vous assurer que lorsque nous sommes des croyants, nous n’avons pas du tout la même attitude vis-à-vis de cette pandémie : nous ne sommes pas dans la peur, ni la peur de mourir, ni la peur de disparaître. Non, nous sommes dans la confiance vis-à-vis du Seigneur et nous sommes dans l’espérance, cette espérance que nous avons à raviver aujourd’hui. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon