Ac 8, 5-8.14-17 ; Jn 14, 23‑29
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs, chers confirmands,
Je suis très heureux de célébrer cette confirmation aujourd’hui, et d’accueillir vos parrains et marraines, vos parents et tous les membres de vos familles.
En demandant la confirmation, vous avez compris que votre demande était une réponse à l’amour de Dieu qui se manifeste en Jésus-Christ, ainsi qu’Il le dit lui-même : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, mon Père l’aimera, et nous ferons chez lui notre demeure. » La foi, c’est une question d’amour et donc de confiance en Jésus qui nous aime au point qu’il a donné sa vie pour nous sauver du péché et de la mort éternelle. Il est venu sur terre pour nous faire connaître le Père et nous introduire dans une communion d’amour qui n’aura pas de fin.
Il est vrai que, lorsque l’on aime quelqu’un, on a besoin de le voir, de lui parler, de l’écouter, car l’amitié grandit dans la proximité. Or, depuis l’Ascension de Jésus au ciel que nous avons fêté jeudi dernier, les apôtres ne pouvaient plus le voir ni le toucher. Il en est de même pour nous. Mais, Il manifeste sa présence d’une autre manière, d’une manière plus universelle : par le don du Saint-Esprit que vous allez recevoir en plénitude dans le sacrement de la confirmation. Ce don du Saint-Esprit est très concret. Ce n’est pas pour autant magique et comme l’ont écrit certains, vous n’allez pas être transformés du jour au lendemain, même si parfois, nous aimerions bien ; mais, nous restons humains, avec nos limites ! C’est un don qui se vit dans l’amour, donc dans le respect de notre liberté. Le Seigneur fait tout pour nous arracher au péché et à la mort éternelle, mais Il ne le fait pas sans nous. Il nous associe à son œuvre d’amour en nous demandant de vivre en chrétiens et de répandre son amour en ce monde.
Alors, comment cela va-t-il se faire ? C’est la question que posait la Vierge Marie à l’Ange Gabriel au moment de l’Annonciation.
Dans la prière de confirmation, je demanderai à Dieu de vous combler des sept dons de l’Esprit Saint : l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de connaissance et d’affection filiale et l’esprit d’adoration. Ces sept dons que l’Église a discernés dans les Écritures, nous les discernons dans notre expérience personnelle, mais aussi dans la vie des saints qui ont su accueillir ces dons et leur faire porter de beaux fruits…
Sans reprendre ces sept dons que vous avez pu découvrir durant votre préparation, autant les jeunes que les adultes, je voudrais souligner un certain nombre de défis actuels qui touchent là aussi, autant les jeunes que les adultes et pour lesquels l’Esprit Saint nous assiste et est, de fait, notre Défenseur, comme le nomme Jésus dans l’Évangile.
J’en ai relevé sept, mais j’aurais pu en relever davantage tant les dons du Saint-Esprit se manifestent de multiples manières au cours de notre vie et de la vie de l’Église et du monde !
Tout d’abord, l’Esprit Saint nous guide vers la vérité tout entière. À une époque où les fausses informations se multiplient de diverses manières sur les réseaux, avec le défi actuel de l’Intelligence Artificielle dont on parle beaucoup en ce moment et de ses dangers potentiels, il est plus que jamais nécessaire de nous laisser conduire par l’Esprit Saint vers la vérité, par la méditation des Écritures, mais aussi par la Tradition du Magistère, c’est-à-dire les textes officiels de l’Église qui discernent ce qui est juste et vrai tout au long de l’existence humaine pour nous guider au nom du Christ, notre Pasteur.
Ensuite, à une époque où la violence semble se développer, qu’elle soit verbale, sur les réseaux sociaux, voire physique, l’Esprit Saint nous inspire et nous donne la force d’être artisans de Paix comme Jésus nous le demande dans les Béatitudes.
De même, à une époque où l’individualisme s’est beaucoup développé, et nous ne sommes pas à l’abri de cette tendance…, l’Esprit Saint nous inspire de donner notre vie pour nos frères à la manière de Jésus, de nous engager pour le bien commun en mettant de côté notre intérêt personnel. Cela s’applique à tous les niveaux autant en nous mettant simplement au service de ceux qui ont besoin de nous (à la maison déjà !), mais aussi de façon plus large pour s’unir à l’effort de tous pour protéger notre planète, notre Maison commune, comme nous y invite le Pape dans l’Encyclique LAUDATO SI’.
De la même manière, à une époque où le pardon paraît si difficile, même en famille, l’Esprit Saint nous inspire et nous aide à progresser dans la pratique du pardon en ayant l’humilité de demander pardon et avoir le courage de pardonner, que ce soit dans la vie conjugale, familiale, mais aussi dans toutes nos relations amicales ou celles qui ne le sont pas. Jésus nous a demandé de prier le Père avec cette demande de pardon. Dans la prière du « Notre Père », nous le demandons sans cesse. Cela montre à quel point ce n’est pas si évident ! On ne peut pas y arriver sans la force de l’Esprit Saint. C’est pourquoi il faut beaucoup prier pour cela. La grâce du sacrement du pardon est une aide essentielle pour nous y aider, et il ne faut surtout pas le négliger.
Pareillement, à une époque où beaucoup de gens ne trouvent plus de sens à leur vie et s’engagent parfois dans des addictions (alcool, drogue, pornographie ou autres dérives), Jésus vient nous sauver par le don de son Esprit Saint. Dans les lettres de demande de confirmation, j’ai été heureusement surpris, tant chez les adultes que chez certains jeunes, de lire l’expérience qu’ils ont eu d’avoir été sauvés par le Christ, d’avoir pu retrouver le chemin de la vie. Nous pouvons rendre grâce à Dieu pour eux. N’oublions jamais que Jésus est venu pour nous sauver, et ce n’est pas seulement pour nous donner la vie après notre mort, mais Il vient nous sauver dès maintenant !
De plus, nous sommes dans une période de l’Histoire où les épreuves font perdre l’espérance à beaucoup de gens. L’Esprit Saint nous donne la joie de l’espérance. Jésus a promis qu’Il était avec nous jusqu’à la fin du monde. Il a vaincu la mort et si nous mettons en lui notre foi, rien ne pourra plus jamais nous arracher à la vie nouvelle dans laquelle Il nous a fait entrer. À l’Ascension, son retour dans la gloire a été annoncé aux apôtres par les anges. Ce retour, nous l’attendons avec joie et espérance. Une joie qui nous permet de tenir bon en ce monde et de nous y engager pleinement sans avoir peur de l’avenir. Je pense en particulier à vous, les jeunes. Soyez toujours, avec l’aide de l’Esprit Saint, des bâtisseurs de l’avenir. Nous comptons sur vous ! Le Seigneur compte sur vous !
Enfin, nous vivons dans une société qui n’est plus fondée sur l’Évangile. En France, notamment, il n’est pas facile de témoigner de notre foi par peur des réactions parfois négatives voire hostiles, car, être chrétiens aujourd’hui c’est souvent se mettre en décalage avec un certain nombre de projets de la société. L’Esprit Saint nous donne justement la force et la joie de ne pas avoir honte de dire que nous sommes chrétiens, de faire connaître l’amour de Jésus et son message de salut, de répondre aux questions que les gens nous posent, car de nombreuses personnes s’interrogent et souhaiteraient mieux connaître le Christ, et nous pouvons les aider.
En conclusion, dans la confirmation, l’Esprit Saint nous est donné en plénitude, mais il nous faut toute notre vie durant continuer à l’accueillir, à cultiver les dons qu’il nous accorde, notamment par la prière personnelle et communautaire, par les sacrements (j’ai évoqué le sacrement du pardon, mais bien sûr le sacrement central de notre vie chrétienne est le sacrement de l’Eucharistie, source et sommet de toute la vie chrétienne).
Frères et sœurs, chers amis, c’est avec une grande joie que nous allons à présent invoquer l’Esprit Saint pour ces jeunes et ces adultes qui vont recevoir la confirmation, mais aussi pour nous tous afin que nous soyons renouvelés dans notre foi et notre vie chrétienne. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon