Dt 4, 1-2.6-8 ; Ps 14 (15) ; Jc 1, 17-18.21b-22.27 ; Mc 7, 1-8.14-15.21-23
Chers amis,
Demain, c’est la rentrée scolaire. Une nouvelle année scolaire et pastorale qui s’annonce. J’entends des parents me dire que la participation à ce pardon est pour eux l’occasion de bien se préparer à la rentrée. Vivons-le comme cela ! En ce beau pardon de Notre-Dame de Penhors, j’ai envie dans cette homélie de relever ce que la Parole de Dieu nous dit pour nous aider à bien commencer cette année.
D’abord, il faut reconnaître qu’en dehors des Jeux olympiques qui nous ont bien réjouis, et heureusement encore les Jeux paralympiques, les nouvelles du monde ne nous poussent pas à l’optimisme. C’est le moins qu’on puisse dire ! Nous vivons dans un monde qui est bouleversé. Entre les changements climatiques contre lesquels il faut lutter et s’adapter, la pollution, les guerres insensées qui nous percent le cœur et qui nous inquiètent pour l’avenir, la situation politique française qui ne nous rassure pas vraiment, on aurait envie de rester en vacances pour penser à autre chose !
Saint Jacques, dans sa lettre, nous donne une parole qui nous ouvre à l’espérance : « Les présents les meilleurs, les dons parfaits, proviennent tous d’en haut, ils descendent d’auprès du Père des lumières, lui qui n’est pas, comme les astres, sujet au mouvement périodique ni aux éclipses. » Il nous rappelle ainsi qu’au milieu de tous ces bouleversements, Dieu ne nous laisse pas tomber. Il y a donc ces dons parfaits qui peuvent changer beaucoup de choses dans notre existence… De quoi s’agit-il ?
En cette période de l’histoire marquée de plus en plus par de fausses nouvelles, des fakes news comme on dit. On ne sait plus où est la vérité. Le Seigneur, lui, nous conduit par sa parole de vérité, un roc sur lequel on peut s’appuyer. C’est une parole sûre. Elle est source de vie, car elle nous remplit de joie et nous donne de l’espérance. C’est si précieux ! Elle nous permet de tenir bon dans les épreuves et nous donne le désir de nous détourner de nos soucis et de nous engager au service des autres et pour le bien commun.
Saint Jacques nous invite à deux attitudes pour être en mesure de recevoir ce don : l’accueil de la Parole de Dieu et sa mise en pratique. Qu’est-ce que cela signifie pour nous concrètement ?
Il dit tout d’abord : « Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. » Le livre du Deutéronome nous le dit aussi. Le Seigneur nous enseigne et son enseignement nous donne la vie. Il nous donne la sagesse et l’intelligence, nous dit encore ce livre. Deux présents qui sont attribués à l’Esprit Saint le don de Dieu.
Cette Parole de Dieu est nourrissante, mais à condition aussi de la mettre en pratique. Saint Jacques est clair : « Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter, ce serait vous faire illusion. » Et comment la mettre en pratique ? Il nous donne deux axes :
Depuis quelque temps, vous entendez comme moi sans doute que la violence se développe dans les rapports humains. Cela va du harcèlement entre élèves, de l’attitude agressive des parents vis-à-vis des enseignants de leurs enfants, et encore ce que me disent les maires des communes dans leur rapport à leurs administrés, sans parler de toutes les méchancetés qui s’expriment sur les réseaux sociaux. Beaucoup me font des confidences sur cette question qui fait souffrir. Et nous sommes tous concernés. Personne ne peut se dire totalement « sans tâche au milieu du monde » comme le dit saint Jacques !
Et si nous prenions comme bonne résolution en cette rentrée scolaire de manifester de l’amour, de la bienveillance, de la maîtrise de soi, qui sont encore des dons de l’Esprit Saint ? De ne jamais dire du mal des autres ni dire du mal aux autres. En vivant cela, nous devenons des témoins de l’amour du Christ et un bon levain dans la pâte de notre société qui a tant besoin de fraternité. Et déjà au sein même de nos familles !
La raison d’être du pardon breton, c’est bien de se convertir et d’accueillir la grâce de Dieu. Un pardon réussi, c’est lorsque nous repartons joyeux, le cœur libéré de nos péchés, notre amour renouvelé. Le pardon doit rester une tradition vivante en sachant « accueillir avec douceur la Parole de Dieu » comme dit saint Jacques.
C’est le sens de ce passage d’Évangile où Jésus nous met en garde : « vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des anciens. » Il dit cela justement parce qu’au nom de leur tradition, les pharisiens n’ont pas su accueillir le Christ et la nouveauté du message évangélique. Ils sont passés totalement à côté !
Les traditions bretonnes sont précieuses, car dans un monde bouleversé, elles nous enracinent dans l’histoire de ces millions de croyants qui se sont succédé ici pour demander pardon à Dieu et se réconcilier avec les autres. En particulier les personnes avec lesquelles elles s’étaient disputées pendant l’année. Les costumes bretons nous replongent dans cette histoire.
Les croix nous rappellent que c’est le Christ qui vient nous sauver et nous libérer du mal et les bannières que les saints qui nous ont précédés sont là aussi pour nous soutenir par leur prière dans notre chemin ici-bas, afin que nous puissions les rejoindre un jour auprès du Seigneur. Lorsque les pardons sont pour nous des occasions de conversion, alors ils ne sont pas des manifestations folkloriques, mais de vraies démarches spirituelles. C’est cela que nous sommes venus vivre aujourd’hui et qui nous permet de nous préparer à vivre une belle rentrée dans la joie et l’espérance.
En ce pardon de Notre-Dame de Penhors, demandons à la Vierge Marie de prier pour nous, pauvres pécheurs, et de nous encourager à tourner notre regard vers son Fils Jésus qui est venu sauver nos âmes. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon