Jr 33, 14-16 ; Ps 24 (25) ; 1 Th 3, 12 – 4, 2 ; Lc 21, 25-28. 34-36
Frères et sœurs,
Il n’est pas fréquent de célébrer une ordination pendant le temps de l’Avent, ce temps qui oriente notre regard et notre cœur vers l’Avènement du Christ à la fin des temps, mais aussi son avènement dans notre vie d’aujourd’hui. David LIEBENGUTH en a fait l’expérience et c’est pour cela qu’il est là aujourd’hui. Son ordination diaconale va aider l’Évêque et les prêtres à faire progresser le peuple chrétien dans l’attente de ce jour, en nous encourageant notamment à être attentifs aux plus pauvres, aux plus fragiles, à ceux qui sont loin.
Jésus, dans l’Évangile de ce jour, évoque les signes qui accompagneront sa venue à la fin des temps. Des signes affolants comme Jésus le dit lui-même : « Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. » Comment ne pas penser à nos peurs d’aujourd’hui face aux changements climatiques, au défi de la pollution, aux famines et aux guerres qui provoquent de grandes migrations !
Ces peurs provoquent de la désespérance dans la population en provoquant de la violence et des divisions. D’autres se referment sur leur vie personnelle en se désintéressant du bien commun. Jésus au contraire nous appelle à attendre et à espérer avec foi son Avènement glorieux.
Ce temps de l’Avent, comme son nom l’indique, est précisément ce moment favorable pour retrouver notre boussole chrétienne qui nous indique où nous allons avec le Seigneur Jésus. C’est un phare qui brille pour nous indiquer un cap salutaire au milieu de nos tempêtes. « Redressez-vous, relevez la tête, car votre Rédemption approche », nous dit Jésus. C’est tout l’inverse de la peur qui engendre la violence et les divisions.
Dans la deuxième lecture, saint Paul nous éclaire sur la manière avec laquelle nous pouvons justement nous redresser et relever la tête, et ainsi retrouver la joie de l’espérance. Il insiste sur deux choses. D’abord l’amour, « un amour de plus en plus intense et débordant… » à l’égard de tous les hommes. C’est bien cet amour qui, seul, est capable de nous redresser en nous libérant de toutes nos peurs. Pas n’importe quel amour, évidemment, celui qui nous est révélé par Jésus dans l’Évangile : appel à aimer même nos ennemis, à pardonner en toutes circonstances et sans limites, à aimer notre prochain comme nous-mêmes.
Et la deuxième chose, c’est la sainteté de vie en rendant nos cœurs« irréprochables et purs »,nous dit saint Paul.C’est le combat spirituel que nous menons durant toute notre vie, avec l’aide du Seigneur, pour lutter contre les tentations de tous ordres qui nous entraînent au mal et à l’infidélité et au repli sur nous-mêmes.
Amour et sainteté de vie, deux attitudes nécessaires afin d’être prêts à accueillir le Christ lors de son Avènement glorieux à la fin des temps, lorsque nous devrons rendre compte de ce que nous avons vécu sur la terre.
Alors en quoi le ministère de diacre peut-il nous aider sur ce chemin de vie ?
Dans le rapport final du dernier synode, il est dit à propos des diacres : « Ils exercent ce ministère dans le service de la charité, dans l’annonce et dans la liturgie en montrant, dans chaque contexte social et ecclésial où ils sont présents, la relation entre l’Évangile proclamé et la vie vécue dans l’amour, et en promouvant dans toute l’Église une conscience et un style de service à l’égard de tous, en particulier des plus pauvres. » (N° 73) Tout cela dans une seule phrase… et c’est dense !
Je voudrais souligner quatre aspects de la mission de diacre telle qu’elle est décrite par ce document romain :
Le premier aspect, c’est le service de la charité. En devenant diacre, David ne va pas changer radicalement ses activités, mais en recevant le don de Dieu dans ce sacrement de l’ordre, c’est lui-même qui est changé au cœur de ses activités. Cela est déjà valable dans sa vie conjugale et familiale qu’il devra honorer en priorité. Mais comme je l’ai exprimé à son épouse Céline au début de la célébration, le diaconat va apporter de la nouveauté dans leur couple et dans les relations familiales. L’appel des textes de ce jour à grandir dans l’amour et à progresser dans la sainteté va trouver dans son être de diacre, un nouvel élan.
Ce service de la charité, il va aussi le vivre au cœur de ses activités associatives et professionnelles. Il ne va pas délaisser la musique, bien au contraire ! Mais il y aura également une nouveauté dans ses relations avec tous ceux qu’il côtoie dans ces circonstances. Par la grâce du sacrement, il y aura quelque chose qui transparaîtra de l’amour de Dieu dans sa vie professionnelle au point que même les personnes non croyantes pourraient le percevoir.
Le deuxième aspect de la mission souligné par ce document final du synode, c’est l’annonce… Annonce de quoi ?
Annoncer l’Évangile de Jésus-Christ bien sûr, qui nous fait entrer dans une vie nouvelle. David en a fait lui-même l’expérience puisqu’il est ce que l’on appelle un recommençant, c’est-à-dire qu’il avait été baptisé quand il était jeune, mais qu’il n’avait pas donné suite et qu’il a rencontré le Christ il y a seulement quelques années, en 2008 et cela a bouleversé sa vie comme il l’a écrit dans un petit livre qu’il a diffusé largement.
Cette rencontre du Christ et de la Bonne Nouvelle, il en est un témoin vivant et il n’a pas attendu d’être diacre pour l’annoncer, y compris lorsqu’il a été institué dans le ministère de lecteur, mais désormais il reçoit cette responsabilité, au nom de l’Église de montrer « dans chaque contexte social et ecclésial où (il est présent), la relation entre l’Évangile proclamé et la vie vécue dans l’amour. »
Son témoignage est précieux notamment auprès des adultes qu’il accompagne en vue de recevoir le baptême ou la confirmation. Il devra toujours témoigner de son espérance avec douceur et patience comme nous y invite saint Pierre, ce qui lui demandera peut-être un certain effort !
Un troisième aspect : Le texte parle de liturgie, car, en tant que diacre, il va prêcher cette Bonne Nouvelle au cours de la liturgie. Au cours de la messe, mais aussi des baptêmes, des mariages et des funérailles et diverses célébrations. Sa parole proclamée au nom du Christ touchera de nombreuses personnes.
Enfin le quatrième aspect qui est souligné, c’est la promotion. La promotion de quoi ? « d’une conscience et un style de service à l’égard de tous, en particulier des plus pauvres. »Le diacre accomplit un rôle prophétique, c’est-à-dire d’éveiller les consciences. Et le fait même qu’il soit présent en tant que diacre au cours de la liturgie sera un signe donné à tous de ne pas oublier le service des autres et en particulier des plus pauvres dans tous les aspects que ce terme peut exprimer.
En ce premier dimanche de l’Avent, cet éveil des consciences c’est déjà de nous rappeler que nous devons tenir la tête haute et rester actifs face à tout ce qui arrive sur notre planète. En effet, le Christ Jésus a déjà vaincu la mort et il reviendra dans la gloire pour établir son règne, mais déjà maintenant retenons cet appel à nous tenir « sur nos gardes » et à « rester éveillé et [à] prier en tout temps » en étant fidèles à l’Évangile et au service du bien commun. David nous y aidera.
Frères et sœurs,
C’est dans ce sens que nous allons maintenant invoquer l’Esprit Saint car le Seigneur ne nous laisse pas seuls, il nous accompagne sur ce chemin de vie et il nous en donne un nouveau signe dans l’ordination de David que nous allons célébrer dans quelques instants. Amen
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon