Ac 2, 1-11 ; Ps 103 ; Ga 5,16-25 ; Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15
Frères et sœurs,
Dans quelques instants, les confirmands vont recevoir en plénitude le don du Saint Esprit et nous-mêmes, qui sommes déjà baptisés, nous nous laissons renouvelés par ce même Esprit en cette fête de Pentecôte.
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ces textes, mais dans cette homélie, j’aimerais aborder deux aspects de ce don de l’Esprit Saint qui me semblent particulièrement pertinents dans le contexte actuel : d’une part, il nous conduit « vers la vérité tout entière » et d’autre part il fait de nous des témoins de la Résurrection de Jésus au cœur du monde.
Le premier aspect que je souhaite donc aborder c’est que l’Esprit Saint nous conduit « vers la vérité tout entière », c’est Jésus qui le dit. Mais, de quelle vérité parle-t-il ? Pilate demandait d’ailleurs à Jésus : « Qu’est-ce que la vérité ? ».
À notre époque, nous sommes un peu dans le brouillard dans notre rapport à la vérité, avec de fausses nouvelles (fakes news) qui sont diffusées sur les réseaux, et également une mentalité individualiste qui fait que chacun se construit « SA » vérité en fonction de ses convictions personnelles en étant très influencé par les idéologies du moment. La vérité devient donc subjective…
Or, la vérité du Christ n’est absolument pas subjective. C’est une Révélation divine. Ce n’est pas une vérité d’origine humaine qui nous fait vivre, mais une vérité qui nous vient de Dieu. C’est l’Esprit Saint qui nous « conduit vers la vérité tout entière » ! Cette vérité, quelle est-elle ?
C’est au fond l’œuvre de Dieu pour sauver l’humanité de la mort en la délivrant du péché. C’est l’œuvre de Salut que Jésus est venu accomplir en venant en ce monde en donnant sa vie par amour pour nous.
Lorsque nous mettons notre foi en Jésus et que nous sommes fidèles à sa Parole, nous nous laissons conduire vers cette vérité divine. Jésus a bien dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie, personne ne va vers le Père sans passer par moi. ».
Nous ne pouvons donc pas dire que nous « possédons » la vérité, car Jésus dit bien que l’Esprit Saint nous conduit vers la vérité.
C’est donc bien un chemin, comme le souligne saint Paul lorsqu’il nous dit : « Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit. »
Cependant, comment être sûrs que nous sommes sur le bon chemin, celui du Christ ?
Cela passe par une relation intime que nous pouvons avoir avec le Seigneur, en étant fidèles à la prière, à la méditation de la Parole de Dieu (seul, et aussi avec d’autres), en écoutant les homélies ou les enseignements sur les textes de l’Écriture Sainte… « L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître », nous dit Jésus.
Et puis il y a aussi le Magistère de l’Église, c’est-à-dire la parole des évêques qui se sont succédé depuis les apôtres. Ils ont prié et médité ensemble sous la conduite de l’Esprit Saint pour discerner les signes des temps à travers les événements du monde. On y trouve notamment les Encycliques des Papes, les Conciles et d’autres textes sur toutes sortes de questions actuelles. Il est important de lire les textes eux-mêmes, et pas seulement les commentaires souvent erronés que l’on trouve sur les réseaux sociaux…
Il y a toujours le risque d’être conduits vers des chemins qui nous écartent de la vérité. Cependant, si nous sommes fidèles à l’Église, nous sommes certains d’être sur le bon chemin !
Le deuxième aspect concerne donc notre témoignage. Jésus dit aux apôtres : « Et vous aussi, vous allez rendre témoignage ».
De fait, nous ne sommes pas seulement des croyants, mais des témoins, car, par le don de l’Esprit Saint, nous faisons personnellement et collectivement l’expérience de sa présence et de son action.
Quels en sont les signes ?
On peut citer déjà les expériences spirituelles que nous pouvons faire. Rappelons-nous les disciples d’Emmaüs qui disaient : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? ».
Dans les lettres que vous m’avez écrites, chers confirmands, plusieurs d’entre vous témoignent de leur joie lors de la méditation d’un texte de la Parole de Dieu, une joie inhabituelle, plus profonde ou encore de la paix intérieure ressentie en entrant dans une église ou en participant à une célébration. Des expériences qui changent beaucoup de choses dans notre rapport aux autres.
Cela rejoint ce que dit saint Paul dans la deuxième lecture : « Voici les fruits de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. » Chers confirmands, même si vous n’avez pas encore reçu l’Esprit Saint en plénitude, vous avez déjà été conduit jusqu’à ce jour par l’Esprit Saint qui vous permet aujourd’hui de proclamer publiquement la foi de l’Église.
Vous êtes donc des témoins et cela est particulièrement important dans le monde tel qu’il est actuellement. Beaucoup de nos contemporains n’ont pas été baptisés, ou sont d’une autre religion, ou encore n’ont pas la foi. Et cela, même dans nos familles, au travail, au lycée ou au collège pour les plus jeunes.
Si Jésus nous dit que nous allons « rendre témoignage », c’est que c’est nécessaire, vital même, car cette « vérité tout entière » est source de vie pour tous. La Bonne Nouvelle n’est pas donnée seulement pour nourrir notre intelligence et nous rendre heureux. Elle est donnée pour nous faire vivre pour toujours avec le Seigneur et pour que cette vie se communique par nous à d’autres.
Mais comment témoigner ?
Plusieurs d’entre vous ont écrit qu’il était difficile de parler de sa foi dans le contexte actuel, un sujet qui peut être tabou, même en famille. En fait, pour témoigner au bon moment, il faut savoir saisir les occasions qui se présentent : à partir d’un événement heureux ou malheureux, d’une réflexion ou même d’une moquerie sur la religion. Il faut alors être capable de dire simplement sa foi, l’expérience que nous avons pu faire de l’amour du Christ et de sa présence.
Beaucoup de personnes nous interrogent aujourd’hui sur notre foi et nous devons nous former et approfondir notre foi pour être capables de leur répondre. Et, même si nous ne savons pas répondre sur le moment à telle ou telle question, il y a quelque chose qui se transmet, car l’Esprit Saint est à l’œuvre aussi dans le cœur de ceux qui nous écoutent.
Alors, frères et sœurs, chers confirmands,
Que l’Esprit Saint nous donne la lumière et la force de marcher sous sa conduite vers la vérité tout entière. Et qu’il nous donne l’audace et la joie d’en témoigner par toute notre vie. Amen