Is 61, 1-2a.10-11 ; Lc1, 46b-48, 49-50, 53-54 ; 1Ts 5, 16-24 ; Jn 1, 6-8.19-28
Intervention retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs,
Je ne sais pas si vous avez un calendrier de l’Avent chez vous, et si oui, quel type de calendrier est-ce ? Car vous le savez, aujourd’hui on en trouve pour vendre des chocolats, des cosmétiques, des saucissons, des photos de famille…
Ouvrons aujourd’hui une fenêtre du vrai calendrier de l’Avent, celui qui nous prépare à l’Avènement du Christ dont nous fêtons la naissance à Noël, pour célébrer sa venue en ce monde, avec en ligne de mire son Avènement glorieux à la fin des temps. Savez-vous ce que nous y trouvons ? Cette phrase d’Isaïe : « Je tressaille de joie dans le Seigneur. » Aujourd’hui, c’est le dimanche de la joie ! Magnifique fenêtre, non ? Mais alors, qu’est-ce qui nous rend si joyeux ?
Tout d’abord que Jésus est bien le Messie de Dieu, annoncé par les prophètes comme Isaïe dans la première lecture de ce jour. Cela paraît évident pour nous chrétiens, pourtant beaucoup ne voient en Jésus qu’un homme merveilleux, rempli d’amour et de nombreuses personnes ne voient dans la crèche aujourd’hui qu’une représentation de la famille. Or Jésus n’est pas que cela ! Il est important de nous le rappeler en ce temps de l’Avent, alors que nous nous apprêtons à fêter sa naissance en ce monde. Cela change tout !
Dans l’Évangile de ce jour, Jean-Baptiste se présente comme celui qui appelle à la conversion pour nous préparer à l’accueillir. L’évangéliste présente Jean-Baptiste comme celui qui rend témoignage à la Lumière, avec un L majuscule. Cette Lumière, c’est le Christ qui vient illuminer nos ténèbres, car il est Dieu fait homme et il vient au milieu de nous pour nous sauver.
En cette période de l’histoire, nous voyons beaucoup de ténèbres autour de nous (les guerres, le terrorisme, les changements climatiques et leurs conséquences…). Nous pourrions nous décourager et même nous désespérer. Or, Jésus est notre espérance, car, comme l’annonce Isaïe : « Le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange devant toutes les nations. » Et saint Paul qui nous invite à nous sanctifier tout entier pour « la venue de notre Seigneur Jésus Christ » et il ajoute : « Il est fidèle, Celui qui vous appelle : tout cela, il le fera. »
La venue du Seigneur que nous fêtons à Noël nous remplit de joie, car nous savons que ce n’est pas n’importe quelle naissance, mais c’est Dieu qui vient nous sauver. Et la promesse de son retour dans la gloire à la fin des temps nous apporte aussi de la joie, car cette espérance est justement cette Lumière du Christ qui brille comme un phare dans la nuit. Un phare qui nous permet de tenir debout et de marcher à sa suite. Jésus remplit de joie celui qui l’accueille et fait sa volonté.
Attention, ce n’est pas n’importe quelle joie ! Cette joie spirituelle, c’est-à-dire qui vient du don de l’Esprit Saint en nous, n’est pas liée aux événements de la vie qui peuvent aussi nous apporter de la joie, heureusement.
Non, cette joie trouve sa source dans notre foi, notre espérance et notre charité.
Cette joie trouve sa source dans notre fidélité à suivre Jésus et à annoncer comme lui la Bonne Nouvelle aux hommes, à guérir ceux qui ont le cœur brisé, etc..
Bien sûr, il peut nous arriver de traverser des épreuves, des périodes de la vie où nous ne ressentons plus cette joie spirituelle et c’est sans doute pour cela que saint Paul nous appelle à être « toujours dans la joie du Seigneur », mais qu’il ajoute aussitôt « priez sans relâche, rendez grâce en toutes circonstances », « toutes circonstances » pouvant justement désigner des périodes difficiles.
La prière et l’Action de grâce nous permettent de garder la joie spirituelle au fond du cœur, même si elle n’est pas très visible dans ces moments-là. Le pape François a écrit en 2013 sa magnifique exhortation apostolique Evangelii Gaudium (La joie de l’Évangile) et il nous invite à être des témoins de cette joie qui vient du Seigneur. À apporter au monde la joie et l’espérance de la Bonne Nouvelle de l’Avènement de Jésus au milieu de nous, mais également à la fin des temps. Il nous appelle à « ne pas avoir un air de Carême à Pâques » ! À être des disciples-missionnaires. Tout en rappelant que « l’Église ne grandit pas par prosélytisme, mais par attraction ». Cette attraction, c’est justement cette joie du Seigneur qui nous habite et qui donne envie à des personnes de savoir s’où vient cette joie ! Les catéchumènes adultes en particulier expriment souvent cela qui pousse, là un conjoint, ici des parents, à demander le baptême, car ils ont été touchés par la joie de leur conjoint ou de leur enfant. C’est par la joie du Seigneur qu’on devient chrétiens en famille.
Frères et sœurs, soyons des témoins de la joie du Seigneur. Ouvrons cette fenêtre de la joie en ce calendrier de l’Avent !
C’est aussi cette joie du Seigneur qui a poussé Odile VALAT, veuve de Michel depuis un peu plus de quatre ans, à demander à consacrer son veuvage et le reste de sa vie au Seigneur.
Odile, il se trouve que c’est justement en ce temps de l’Avent et en ce dimanche de la joie que vous allez offrir votre vie au Seigneur. Cela correspond bien au témoignage que vous donnez déjà grâce à votre foi profonde. Continuez à faire briller cette joie spirituelle qui vous habite, nous en avons tous besoin.
Votre consécration à Dieu n’efface pas votre amour pour Michel, votre époux, mais au contraire témoigne de l’amour que vous avez manifesté à son égard, même dans les épreuves, et de votre espérance de le retrouver un jour transfiguré avec le Christ. La nouvelle bénédiction de votre alliance de mariage en sera le signe.
Vous avez déjà, depuis longtemps, des engagements au service de la pastorale paroissiale et diocésaine. Vous contribuez pour votre part à l’œuvre du Christ décrite par Isaïe : annoncer la Bonne Nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, etc. Vous le faites notamment par vos visites aux malades ou aux personnes seules… Par cotre consécration, je vous confirme dans cet appel que vous avez reçu du Seigneur de consacrer votre veuvage à la mission de l’Église et au Seigneur. Sans oublier vos enfants et vos petits-enfants, car c’est aussi votre mission !
Frères et sœurs, en nous unissant par la prière à cette consécration d’Odile, nous n’oublions pas que chacun de nous est appelé à témoigner de la joie de l’Évangile. En cette période de préparation de Noël, retenons cet appel de saint Paul : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur (…) rendez grâce en toutes circonstances. » C’est une belle fenêtre du calendrier de l’Avent qui s’ouvre pour nous tous aujourd’hui. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon