Frères et Sœurs,
Chers parents, qui venez présenter vos enfants au baptême,
Ces textes du Jour de Pâques sont une bénédiction, car ils nous remettent en tête le cœur de la foi chrétienne et sont très éclairants pour comprendre le sens du baptême que nous allons célébrer.
Le passage d’Évangile nous rapporte le témoignage des premiers instants où les disciples ont découvert le tombeau dans lequel Jésus avait été déposé deux jours avant. Tombeau désormais vide, mais pas tout à fait cependant puisque les linges qui avaient enveloppé le corps de Jésus étaient restés sur place.
Saint Jean insiste beaucoup sur ces linges, car ce sont les premiers signes objectifs qui vont permettre aux disciples de croire ce qui leur paraissait totalement impossible, à savoir que le corps de Jésus n’avait pas été dérobé comme Marie-Madeleine le croyait au début, mais bien ressuscité, même s’ils ne savaient pas encore ce que cela voulait dire concrètement.
Jésus leur avait pourtant dit, à plusieurs reprises, qu’il devait passer par la mort pour ressusciter le troisième jour, mais comme le dit saint Jean : « les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. » Cependant, ce sont les apparitions de Jésus ressuscité qui vont leur permettre de donner un contenu à cette foi naissante. Jésus ne leur apparaissait pas alors comme cadavre réanimé, mais dans un corps transfiguré et désormais affranchi de toute corruption. Jésus est vivant pour toujours.
À partir de ce moment-là, les disciples vont devenir pour nous les témoins, non seulement de la vie de Jésus, de ses paroles, de ses miracles, mais aussi de sa mort et de sa résurrection. Après avoir reçu le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte, ils vont annoncer cette Bonne Nouvelle à tout le peuple, et en premier lieu aux habitants de Jérusalem qui avaient mis à mort Jésus.
Beaucoup d’entre eux se sont convertis et ont demandé à recevoir le baptême, Saul de Tarse notamment, saint Paul, dont nous avons lu tout à l’heure un passage de sa lettre aux Colossiens. Il n’aura jamais vu Jésus ressuscité, mais il aura fait l’expérience de sa présence et de son amour miséricordieux sur le chemin de Damas.
Les apôtres vont ensuite annoncer cette Bonne Nouvelle au-delà du cercle des juifs comme nous l’avons entendu dans la première lecture où saint Pierre s’adresse à un centurion de l’armée romaine, un certain Corneille, et à toute sa maisonnée. Et qu’est-ce qu’il leur dit de Jésus, qu’eux non plus n’avaient jamais vu ? Cinq choses essentielles :
Tout d’abord que Jésus, lorsqu’il parcourait le pays, était investi de l’Esprit de Dieu pour faire le bien et guérir tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable. Deuxièmement, qu’il a été supprimé sur la Croix. Troisièmement, que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts. Quatrièmement, que Dieu l’a établi juge des vivants et des morts. Et cinquièmement, que « Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés. »
Nous voyons bien que la Bonne Nouvelle, ce n’est pas seulement que Jésus soit ressuscité d’entre les morts. Cela aurait pu rester un événement marginal. Mais sa résurrection nous concerne, car il est devenu, par ce fait même, notre Sauveur et le Sauveur de l’humanité.
Comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture : « Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire. » Autrement dit, si nous croyons en lui et si nous sommes ses disciples et même ses amis, nous le serons pour toujours, même au-delà de notre mort. Cette espérance chrétienne s’exprime et se réalise réellement dans le sacrement du baptême que nous allons célébrer pour Iris, Martin et Rayan.
Il est vrai que l’on peut se demander pourquoi baptiser les enfants puisque, par le baptême, Dieu nous accorde le pardon de nos péchés. Or les enfants ne sont pas des pécheurs ! Mais le baptême marque surtout l’entrée dans une vie nouvelle avec le Christ, une vie qui n’aura pas de fin. Cette espérance change complètement notre manière d’envisager notre existence sur la terre et elle nous délivre de la peur de mourir pour toujours.
Cela suppose cependant d’avoir la foi puisque, comme saint Pierre le dit : « Quiconque croit en lui… » Le baptême n’est pas un geste magique ! Il suppose non seulement de croire en lui, mais de s’engager à la suite de Jésus, devenant ses disciples, et même ses amis. Et cela s’éduque ! Que serait ce baptême des enfants s’il n’était pas suivi d’une catéchèse et d’une éducation chrétienne qui seul permet aux enfants de pouvoir grandir dans la foi et s’engager par eux-mêmes ?
C’est l’engagement que vous prenez, parents, parrains et marraines, afin que ces enfants puissent non seulement connaître Jésus et son Évangile de salut, mais aussi demander à recevoir les autres sacrements et à s’y préparer sérieusement.
Si j’insiste sur ce qui peut paraître évident à tous, c’est que ce n’est pas ce qui se passe dans la majorité des cas. De même que de nombreux baptisés n’ont jamais reçu l’Esprit Saint dans le sacrement de Confirmation. J’en profite pour le dire à vous qui êtes ici et peut-être certains sont dans ce cas. Il n’est pas trop tard pour le demander, même si vous êtes déjà âgés. C’est une bonne occasion pour approfondir votre foi et raviver les premiers éléments de catéchèse que vous avez pu avoir quand vous étiez enfants.
Et saint Paul ne dit pas que le baptême nous fait entrer dans la vie éternelle avec le Christ d’une façon automatique. Il nous demande aussi un engagement : « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. »
Et c’est bien l’Esprit Saint qui nous permet de discerner et de vivre cette recherche des « réalités d’en haut », qu’il précise dans la suite du texte : « … revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonnés : faites de même. Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait. » (Col 3, 12-14) Nous voyons bien que cela est à l’opposé des réalités de la terre où l’on trouve bien souvent l’individualisme, le consumérisme ou l’hédonisme !
Frères et Sœurs, en cette fête de Pâques, que le Seigneur fasse grandir en nous la foi en la Résurrection. Que nous devenions pour nos frères des témoins de son amour et qu’il nous remplisse de la joie de l’espérance. Amen.