2 Ch 36, 14-16. 19-23 ; PS 22 ; Ep 2, 4-10 ; Jn 9, 1-41
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et Sœurs,
Vous avez peut-être été étonnés d’entendre que les lectures ne correspondaient pas à celles qui sont dans votre Magnificat. C’est normal : lorsqu’il y a des catéchumènes, ce sont toujours les lectures de l’année A qui sont prises.
Vous êtes nombreux à faire une étape importante dans votre vie chrétienne, je pense à Myriam et aux jeunes qui vont être baptisés, et aussi aux jeunes qui vont faire leur première communion, ou qui vont être confirmés, mais également ceux qui vont célébrer leur mariage. Dans tous ces sacrements, il y a quelque chose en commun : vous croyez en Jésus-Christ, et c’est lui qui vous appelle. Notre foi en Jésus nous unit tous !
Vous n’êtes pas tous arrivés au même stade de votre foi, mais vous êtes en chemin. Un peu comme le jeune homme aveugle dans l’Évangile que nous venons d’entendre : au début, il était aveugle, car comme chacun de nous au départ il ne connaissait pas le Christ. Jésus va lui ouvrir les yeux, mais lorsqu’il va revenir de la piscine, Jésus ne sera plus là. Il ne l’aura pas vu de ses yeux, mais il va cependant commencer à le connaître. En effet, il va faire tout un chemin, un peu comme celui que vous faites au catéchisme, à la Pastorale des jeunes, ou au catéchuménat, et qui va lui permettre de grandir dans la foi.
Au début, ce jeune homme ne connaît pas Jésus et dit : « Cet homme qu’on appelle Jésus. » Et puis, à force de témoigner en faisant connaître ce que Jésus avait fait pour lui (péniblement, car il se heurte à l’incroyance des gens à l’image de certaines personnes qui, lorsque nous disons que nous sommes croyants, et que nous allons à la messe, se moquent de nous). Cette incroyance, c’est justement ce qui va faire grandir sa foi, et il finira par reconnaître Jésus comme un prophète, en disant à la fin que, s’il ne venait pas de Dieu, il ne pourrait pas accomplir ce qu’il fait ! Arrive enfin le moment où il aura véritablement la foi et où il va rencontrer Jésus ! Le destin de tout chrétien, c’est bien de rencontrer Jésus !
Il se retrouve, donc, face à Jésus qui est venu le chercher, et il se prosterne devant lui, ce qui signifie qu’il considère que Jésus est Dieu lui-même ! Cette profession de foi que nous faisons nous-mêmes avant de recevoir chaque sacrement.
Nous n’avons pas la suite de l’histoire, mais nous pouvons imaginer qu’il va être ami du Seigneur, un véritable disciple et qu’il témoignera de ce qu’il a vécu, de sa foi, de sa rencontre avec le Christ. Un peu comme nous qui sommes appelés à devenir des disciples de Jésus et à témoigner de ce que nous avons vécu et de ce que nous vivons avec lui, de ce que nous avons au plus profond de notre cœur. Peut-être, allez-vous me dire, oui, mais, lui il a vu Jésus de ses yeux ! C’est vrai. Nous pouvons cependant l’analyser autrement : dans cet Évangile, Jésus nous fait comprendre que ce n’est pas nécessairement avec les yeux que nous pouvons avoir la foi, mais que nous pouvons la découvrir d’une autre manière. Il y a un Père de l’Église, saint-Théophile d’Antioche (2e siècle), qui a pris une belle image. Il dit que nous pouvons « voir Dieu » avec « les oreilles du cœur et les yeux de l’esprit . » Je connais un prêtre qui a annoncé à sa famille, vers ses 9-10 ans, qu’il avait envie d’être prêtre. Ses frères aînés se sont moqués de lui en lui disant qu’il était comme Jeanne d’Arc, et qu’il avait entendu des voix. Ce à quoi il a répondu : « Mais non, ce n’est pas avec les oreilles, c’est avec le cœur ! » Entendre avec les oreilles du cœur et voir avec les yeux de l’esprit, c’est ainsi que nous rencontrons le Christ !
Cela nous fait mieux comprendre le scrutin que nous allons vivre tout à l’heure avec Myriam et les jeunes qui vont être baptisés. Qu’est-ce que le scrutin ? Et bien, c’est le fait que nous demandons au Seigneur de venir scruter ce qu’il y a à l’intérieur de nous-mêmes. Comme il est plein d’amour, il nous apporte sa lumière pour nous faire comprendre ce qui n’est pas bon en nous et qu’il nous faut changer, mais il nous éclaire également sur tout ce qui est bon en nous et qu’il nous faut faire grandir. C’est vraiment cela la conversion ! Nous comprenons très bien aussi que ce que nous allons demander à Dieu pour les catéchumènes, nous le lui demandons pour tout le monde ici, car même si nous sommes déjà baptisés, il est important de laisser le Seigneur scruter notre cœur pour avoir cette lumière qui nous illumine et nous aide à nous convertir.
Alors, aujourd’hui, Frères et Sœurs, demandons à Dieu qu’il nous donne cette lumière pour que nous soyons vraiment des Fils de lumière comme nous y invite saint-Paul. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon