Is 50, 5-9a ; Ps 114 ; Jc 2, 14-18 ; Mc 8, 27-35
Frères et Sœurs,
Au moment d’installer votre nouveau Curé, la liturgie de ce jour nous parle du chemin que Jésus a emprunté volontairement par amour jusqu’à la Croix. Et cela pour nous sauver. En ce jour de fête pour la paroisse, cela peut paraître un peu déprimant, mais nous touchons là justement au cœur de ce que nous sommes en train de célébrer, à savoir la beauté de l’engagement d’un prêtre qui accepte d’être votre pasteur au nom du Christ et aussi de vous, les fidèles, qui accueillez votre nouveau pasteur dans la foi et la confiance comme un don de Dieu pour marcher avec lui à la suite de Jésus.
Dans l’Évangile, Jésus appela donc « la foule avec ses disciples » et il leur dit « si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. » Jésus s’adresse donc bien à la foule, c’est à dire à nous tous frères et sœurs. Nous sommes tous invités à prendre notre croix à la suite de Jésus, c’est-à-dire, à aimer sans réserve, sans faux-fuyant, à nous mettre vraiment au service des autres pour le bien de tous, comme Jésus l’a fait.
Nous comprenons bien par-là que la foi ne peut se concevoir que dans un engagement de toute notre personne, comme le dit saint Jacques dans la 2e lecture : « Moi c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. » Accueillir un nouveau pasteur doit nous encourager à nous engager nous-mêmes de façon renouvelée pour que la Bonne Nouvelle soit annoncée à tous, au-delà de nos cercles habituels. Un Curé ne peut rien faire tout seul même avec la collaboration de ses confrères ! C’est vous tous frères et sœurs qui formez avec vos pasteurs le Corps du Christ en ce pays de Landerneau, vous le savez bien et déjà beaucoup d’entre vous s’y sont engagés, mais il y a encore des places à prendre !
Dans l’Évangile, l’appel de Jésus à « renoncer à soi-même » est fort et peut choquer, mais il exprime bien que l’égoïsme, le chacun pour soi, ne conduit pas à la vraie vie. « Qui veut sauver sa vie la perdra », dit Jésus. Dans une société d’abondance et de consumérisme, il nous faut un peu de courage pour perdre notre vie, comme Jésus nous le demande, mais c’est pour mieux la gagner avec lui. Nous devons non seulement surmonter avec Jésus les passages par la croix, les moments difficiles, mais garder toujours au cœur sa résurrection, sa victoire sur le mal et sur la mort.
Nous entrons donc ensemble dans une nouvelle année pastorale, une rentrée avec encore ce virus qui n’en finit pas d’endeuiller la planète et de restreindre nos libertés. Sans parler des nombreuses catastrophes naturelles et humanitaires de cet été.
Il nous est bon d’entendre le Christ nous rappeler quel est le chemin de vie que nous devons prendre au milieu de tout cela : le chemin de la foi, de la confiance en lui, de l’amour donné, de l’espérance de sa victoire sur la mort et de son avènement glorieux à la fin des temps. Un chemin stimulant qui nous pousse à vivre davantage la fraternité et qui nous remplit de joie spirituelle, comme nous en faisons l’expérience lorsque nous nous mettons généreusement au service des autres.
Jésus appelle la foule avec ses disciples et les invite à le suivre. Votre nouveau Curé est en train aussi de prendre ce chemin du don de soi. Il n’a pas choisi cette nomination ; il était heureux de sa mission auprès des jeunes à Brest ; il avait peut-être aussi d’autres souhaits en tête pour les prochaines années, mais il a dit oui généreusement à cet appel qui lui a été adressé de ma part au nom du Christ. Il est donc bien dans « les pensées de Dieu et non pas dans celle des hommes ». C’est un chemin de vie et de joie pour lui aussi, et avec vous frères et sœurs.
Comme je l’ai exprimé au début de cette célébration, le Curé reçoit la charge de l’Évêque pour le peuple qui lui est confié, en l’occurrence tous les habitants des 18 communes qui forment cette paroisse Notre-Dame de Tout Remède en Pays de Landerneau. Cette charge, c’est celle d’enseigner, de sanctifier et de gouverner le Peuple de Dieu, au nom du Christ. Une charge qu’il partage avec ses frères prêtres bien sûr et qu’il met en œuvre avec les diacres, l’équipe d’animation pastorale, le Conseil économique, les très nombreux bénévoles de cette paroisse, et vous tous qui, par votre baptême et votre confirmation, êtes chargés d’annoncer la bonne nouvelle du salut et d’en vivre.
La première des trois charges est celle d’enseigner qui recouvre beaucoup de réalités que je ne vais pas développer, mais en particulier la catéchèse. Aujourd’hui, il est très important de la concevoir, non pas comme un enseignement qui concerne seulement les enfants, mais aussi les jeunes de tous âges et les adultes. C’est toute la famille qui doit grandir dans la foi dans un contexte de société qui n’est pas porteur. Il est d’autant plus nécessaire d’enraciner notre foi dans les Écritures et dans le Magistère de l’Église, pour être capable de répondre aux interrogations de nos contemporains sur le sens de l’existence humaine. Ils sont de plus en plus nombreux à rechercher cela, notamment en cette période de pandémie.
C’est pourquoi nous avons décidé de mettre en œuvre une démarche synodale de trois ans, que nous avons lancée hier, sur la nécessité de « devenir chrétiens en famille ». Un temps pour accueillir, écouter les familles, les accompagner et être à même de mieux les soutenir dans leur vie chrétienne. Nous aurons l’occasion d’en reparler.
La deuxième charge du Curé, c’est de sanctifier le peuple qui lui est confié. C’est-à-dire, susciter une vie de prière et célébrer les sacrements par lesquels le Seigneur nous communique sa vie. Il faut aujourd’hui adapter la préparation des sacrements en fonction des personnes qui, pour beaucoup, n’ont pas reçu de catéchèse dans leur enfance ou très peu. Mais aussi d’accompagner les nouveaux croyants de plus en plus nombreux qui se présentent.
Tout cela est très dynamisant, pour ceux qui se préparent comme pour ceux qui les accompagnent. Je pense à ceux qui préparent le baptême des jeunes et des adultes, la confirmation, l’eucharistie, les mariages, mais aussi ceux qui visitent les malades et accompagnent les familles en deuil.
La troisième charge enfin, est celle de gouverner « selon les pensées de Dieu et non pas celles des hommes », comme nous le demande Jésus ! Votre Curé a déjà beaucoup d’idées, mais il ne peut pas décider ni porter tout seul ces projets bien évidemment. La priorité actuelle me paraît de préparer avec les fidèles un projet pastoral pour la paroisse afin de discerner, avec l’aide de l’Esprit saint, quelles sont les priorités à mettre en œuvre aujourd’hui pour ne pas se disperser et s’épuiser en répondant vraiment à ce que Dieu attend de nous pour le salut du monde.
Un projet qui soit vraiment missionnaire pour que tous les habitants de la paroisse puissent entendre le message de la Bonne Nouvelle et grandir dans la foi, l’espérance et la charité. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon