En l’absence de fidèles en raison de l’épidémie de Covid-19 — Diffusée en vidéo et à la radio RCF.
Frères et sœurs et vous qui suivez la messe sur Internet ou par la radio,
Alors que depuis des semaines nous voyons tous les jours la liste des morts s’allonger avec cette pandémie de Coronavirus et que de nombreux pays sont en confinement, la Bonne Nouvelle de la Résurrection de Jésus nous apporte une bouffée d’espérance.
Lorsque les femmes, puis les apôtres arrivent au tombeau, ils constatent que ce dernier a été ouvert et que Jésus n’est plus là. Le tombeau vide est le premier signe qui leur est donné. Pourtant, ils pouvaient encore en conclure que le corps de Jésus avait été enlevé, comme d’ailleurs l’avait pensé Marie-Madeleine en arrivant au tombeau. Mais ce qui les intrigue, ce sont les linges qui avaient enveloppé Jésus et qui sont posés à plat à l’endroit où reposait sa dépouille.
Ce signe est plus fort que le tombeau vide, car il laisse penser que Jésus n’a pas été enlevé justement, qu’il est bien ressuscité. Ce qui sera confirmé bien sûr par les apparitions répétées de Jésus, aux femmes d’abord, puis aux apôtres qui ont « mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts » comme le dit Saint-Pierre.
Nous, aujourd’hui, nous n’avons pas ces premiers signes, mais le don de l’Esprit Saint nous donne d’autres signes et nous permettent de le rencontrer autrement, mais d’une façon bien réelle. Les catéchumènes adultes qui vont être baptisés prochainement ont été touchés par Jésus ressuscité. Chacun de façon très différente comme chacun de nous.
Voici quelques extraits de lettres qu’ils m’ont écrites pour demander le baptême. Comme ce catéchumène qui dit ceci : « C’est au début de mon adolescence que j’ai commencé, en dehors de toute contingence familiale, à m’intéresser à la personne de Jésus-Christ. Une véritable et éclatante rencontre, à l’image de Zachée qui, du haut de son arbre, eu la curiosité et l’envie de connaître Jésus. Le Christ entra dans ma vie à l’instant même où j’eus le plus besoin de lui, à une période charnière de mon existence. »
Un autre écrit : « J’ai été stupéfié par les enseignements profonds du Seigneur Jésus-Christ qui est entré dans ma vie par le Saint-Esprit et qui l’a profondément transformée et depuis, je ressens une paix profonde et un équilibre psychologique que je n’ai jamais ressentis auparavant, comme si un voile que j’avais sur les yeux a été déchiré pour éclairer mon chemin vers la vérité. »
Une autre encore : « Mon cheminement vers le Christ ne trouve pas son origine dans une rencontre directe, une apparition ou une expérience qui résonne pour certains comme une évidence. Mon parcours est le fruit d’une lente maturation. »
Ces chemins sont très divers, comme on a pu l’entendre, mais quand on lit les 50 lettres des catéchumènes de cette année, nous retrouvons toujours l’expérience de la joie spirituelle ressentie dans la découverte de la personne du Christ. Et cela par la méditation de l’Évangile, les célébrations à l’église, la prière personnelle ou communautaire et le témoignage de chrétiens qui les ont accompagnés.
Pour eux, l’attente des sacrements de l’initiation est forte, et ils souffrent de ne pas avoir été baptisés hier soir, car ils ont bien compris que Jésus ressuscité se manifestait pleinement à travers le baptême, la confirmation et l’eucharistie. Espérons que cette attente renforce en eux le désir de cette rencontre.
Autant de signes qui font reconnaître que Jésus est bien ressuscité des morts, qu’il est vivant et qu’il nous attire vers lui comme il le disait lui-même : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » (Jn 12, 32) Une attirance qui respecte pleinement notre liberté. C’est par son amour miséricordieux que Jésus nous attire à lui. Il nous fait signe et il vient nous rejoindre sur notre chemin.
Si nous nous rendons disponibles et ouverts, il nous rend participants de sa vie divine. Comme le pape François l’exprime d’une façon très belle dans la Joie de l’Évangile : « Jésus Christ t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour pour t’éclairer, pour te fortifier, pour te libérer1 ».
Cette libération passe par la grâce du pardon comme l’affirme Saint-Pierre dans la 1re lecture : « Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés. ».
Frères et Sœurs, le contexte actuel de pandémie peut nous mettre dans une grande perplexité. Nous avons constaté que, du jour au lendemain, le fonctionnement de toute la société pouvait s’enrayer. On ne pensait plus cela possible grâce aux progrès des sciences et de la médecine.
« Nous n’oublions pas que nous-mêmes, nous sommes poussière (cf. Gn 2, 7). Notre propre corps est constitué d’éléments de la planète, son air nous donne le souffle et son eau nous vivifie comme elle nous restaure.2 » C’est le pape François qui dit cela dans son encyclique Laudato Si. Cette fragilité peut nous faire peur si nous n’avons pas la foi. Bien sûr, la foi en Jésus ressuscité ne nous met pas à l’abri des défis de l’existence et de la mort. Jésus lui-même a subi la souffrance et la mort !
Mais sa Résurrection nous donne une espérance extraordinaire et donne sens à ce que nous vivons sur la terre. Nous savons maintenant que nous serons jugés sur l’amour à la fin de notre vie et que l’amour ne passera jamais. Si nous sommes unis à Jésus dans notre vie terrestre, nous le serons aussi par-delà la mort dans une vie céleste, car, par sa Résurrection, Jésus a ouvert une brèche dans le mur de la mort.
Au cœur de cette pandémie et souffrant de ses conséquences, notamment ces longues semaines de confinement, ne perdons pas courage ! Grandissons dans la foi, l’espérance et la charité.
Christ est Ressuscité. Il est vraiment ressuscité.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon
1° Pape François. Exhortation apostolique Evangelii Gaudium n° 164
2° Pape François. Encyclique Laudato Si — n° 2