Ac 8, 5-8.14-17 ; Jn 14,23-29 ;
Intervention retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs,
Chers confirmands,
Je suis très heureux de venir aujourd’hui célébrer vote confirmation en présence de vos parents, des membres de vos familles, vos parrains et marraines, et des prêtres qui vous ont préparés. Je vous remercie également pour vos lettres, magnifiques témoignages que vous donnez de votre foi, de votre cheminement de foi.
Dans la première lecture des Actes des apôtres que nous venons d’entendre, nous pouvons constater que les Samaritains ont reçu le baptême au nom de Jésus, mais cela ne semble pas suffisant. D’ailleurs, saint Luc, qui a écrit les Actes des apôtres, dit : « Ils étaient seulement baptisés au nom de Jésus. » Il leur manque en effet de recevoir l’Esprit Saint en plénitude et Pierre et Jean, deux apôtres, sont envoyés par les autres apôtres depuis Jérusalem pour qu’ils leur imposent les mains et qu’ils reçoivent l’Esprit Saint.
Pourquoi faut-il aller chercher des apôtres à Jérusalem ? Parce que ce sont eux qui ont reçu l’Esprit Saint en plénitude à la Pentecôte et qui sont chargés par le Seigneur de confirmer, d’imposer les mains et de donner l’Esprit Saint à tous les fidèles.
Cela a continué ainsi dans toute l’histoire de l’Église. C’est la raison pour laquelle je suis venu, en tant que successeur des apôtres, vous imposer les mains et vous confirmer dans l’Esprit Saint, comme l’avaient fait Pierre et Jean.
Le baptême avait déjà fait de vous des fils et des filles bien-aimés du Père, des membres de l’Église. La confirmation va vous combler des sept dons du Saint-Esprit pour faire de vous des « témoins de la Résurrection du Christ » pour reprendre l’expression des Actes des Apôtres. Pas seulement des croyants, mais des témoins ! C’est-à-dire, des fidèles du Christ, habités par sa présence et celle de la Sainte Trinité comme on va l’entendre dans ce passage d’Évangile.
Pour recevoir l’Esprit Saint en plénitude, il y a d’abord une condition, comme nous le dit le Christ au début de l’Évangile que nous venons d’entendre : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. ». Que signifie déjà « garder » sa parole ? Tout simplement que les Évangiles et plus largement la Bible, soient vraiment pour nous une nourriture quotidienne, car « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole venant de la bouche de Dieu » comme le répondit Jésus à Satan qui le tentait.
Une parole qui change nos comportements et oriente nos choix de vie. Une parole qui est vitale puisque le Seigneur nous guide ainsi sur le chemin de la vie éternelle. Et c’est précisément en aimant Jésus, en mettant notre foi en lui, que nous avons alors le désir de « garder sa parole », de la mettre au cœur de notre existence. Cet amour est notre réponse à son amour, car c’est lui qui prend l’initiative de nous aimer. Et tout cela a de grandes conséquences dans notre vie !
Je relève trois expressions de Jésus particulièrement éclairantes dans ce passage d’Évangile :
Tout d’abord, « nous viendrons chez lui, et chez lui, nous nous ferons une demeure ». Le verbe « demeurer » est une expression très forte que nous ne pourrions pas utiliser pour nos relations amicales mêmes les plus fortes, ni même pour les relations conjugales ! Et Jésus dit « nous », il inclut le Père et nous le voyons après, le Saint-Esprit. C’est donc la Sainte Trinité qui vient demeurer en nous, et c’est cela qui fait de nous, non seulement des croyants, mais des témoins, car nous pouvons alors témoigner de l’amour de Dieu, car nous en faisons l’expérience personnelle, et de la pertinence de sa Parole, car, comme le dit Jésus : « Ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. » (Mt 10,20) ;
Ensuite, « le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom. ». Le terme « Défenseur » évoque un avocat qui prendrait notre défense contre quelqu’un qui nous accuserait. Là encore, c’est une expression très forte… Être chrétien, ce n’est pas facile, c’est accepter de passer par une porte étroite. C’est accepter de porter sa croix à la suite du Christ, c’est-à-dire à donner notre vie par amour en renonçant à tout égoïsme en nous mettant au service des autres.
Pour « garder la Parole de Dieu » comme je l’ai dit, il faut du courage, car il y a un combat spirituel à mener, pas contre des personnes, mais contre le mal qui est aussi en nous et qu’il n’est pas toujours facile de discerner (chacun en a fait l’expérience en allant recevoir le pardon du Seigneur par le sacrement de pénitence où il n’est pas toujours simple de savoir ce que nous devons confesser). L’Esprit Saint, le Défenseur, « nous enseignera tout et il nous fera souvenir de tout ce que Jésus nous a dit », car il nous aide à discerner quelle est la volonté de Dieu et à la mettre en œuvre. C’est ainsi que nous pouvons parcourir un chemin de sainteté.
Enfin, Jésus nous dit « Je vous donne la paix », mais il ajoute : « pas à la manière du monde ». Pourquoi « pas à la manière du monde » ? Parce qu’il ne s’agit pas simplement d’une absence de conflit. Ce n’est pas du bien-être que le Seigneur nous donne. D’ailleurs, nous pouvons avoir la paix du Seigneur sans être dans le bien-être et en ayant toutes sortes de difficultés. Non, il s’agit d’un état d’esprit et d’un comportement totalement renouvelé par le Saint-Esprit. Saint Paul développe bien cela dans sa lettre aux Galates au chapitre 5, où il dit : « Voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. » (Ga 5, 22-23) et plus loin, il ajoute : « Ceux qui sont au Christ Jésus, ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises » (Ga 5, 24). Lorsque saint Paul parle de la chair, il ne fait pas référence au corps humain (qui peut être un saint corps), mais de ses dérives, qu’il cite plus haut aux versets 19 à 21 : « inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies et autres choses du même genre. » Donc, quand Jésus dit qu’il nous donne sa Paix par le don du Saint-Esprit, cela change beaucoup de choses dans notre vie, car il n’y a rien de plus important dans la vie que l’amour de Dieu et du prochain.
Ce don du Saint-Esprit est vital pour vivre en chrétiens dans le monde d’aujourd’hui tel qu’il est avec ses tensions et ses dérives. Ce don de Dieu se manifeste de multiples manières comme nous l’avons entendu et l’on y retrouve les sept dons du Saint-Esprit : sagesse, intelligence, conseil et force, science et piété, et l’esprit de crainte (au sens biblique, non pas la peur, mais la soumission à Dieu par amour, pour se laisser conduire par Lui vers la vérité tout entière). Comme le dit saint Hilaire, « la vraie crainte de Dieu s’apprend. La crainte humaine non ! »
Et la Paix que Jésus nous donne, c’est aussi sa joie, cette joie qui nous habite particulièrement aujourd’hui dans la célébration de votre confirmation et la grâce de l’Esprit Saint qui va vous combler de son amour miséricordieux. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon