En l’absence de fidèles en raison de l’épidémie de Covid-19 — Diffusée en vidéo et à la radio RCF.
Frères et Sœurs,
Chers Catéchumènes,
Malgré le fait que nous aurions dû ce soir nous réunir en grand nombre pour célébrer la résurrection du Christ, nous pourrons tout de même renouveler les promesses de notre baptême, même à distance, mais c’est seulement dans quelques semaines que nous pourrons célébrer les sacrements de l’initiation chrétienne pour nos catéchumènes. Cela ne les empêche pas de participer pleinement à la célébration de cette Vigile Pascale comme chacun de vous devant son écran ou à la radio.
Accueillons cette Parole de Dieu qui nous fait grandir ce soir dans la foi de notre baptême.
J’aimerais revenir sur ce passage très éclairant de la lettre de Saint-Paul aux Romains. Et notamment cette phrase qui peut nous étonner : « Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême… »
Pour nous, le baptême est plutôt synonyme de vie et nous n’aimons pas beaucoup lui voir associer l’image de la mort ! Mais il ne s’agit pas de n’importe quelle mort. C’est celle du Christ ! Et nous avons entendu hier, Vendredi Saint, que par sa mort, il prenait sur lui nos péchés pour nous en délivrer et nous ouvrir un chemin de vie. Et la vie que nous donne le Christ est plus forte que la mort puisqu’il est ressuscité !
La mort ici, ne représente pas seulement la fin de la vie, mais tout ce qui, dans notre vie quotidienne, est mortifère. Je veux parler du péché qui nous éloigne de Dieu. Or par le baptême, « Pensez que vous êtes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus Christ » nous dit Saint-Paul. Le Seigneur nous pardonne nos péchés pour nous faire entrer dans sa vie de Ressuscité et ce n’est pas rien !
Quelle libération de savoir que nous pouvons laisser derrière nous ce qui a été douloureux ou mauvais dans notre vie passée. Par le baptême, le Seigneur nous manifeste pleinement son amour et sa miséricorde et, pour nous qui sommes déjà baptisés, le sacrement du pardon renouvelle cette libération baptismale. Comme nous le dit Saint-Paul : « …par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi… » Le Seigneur nous aime et il nous invite à le suivre dans cette vie nouvelle selon l’Évangile.
La condition de baptisé nous appelle donc à vivre autrement. Le contexte de confinement dans lequel nous vivons en ce moment nous fait bien réfléchir. La pandémie qui sévit dans le monde n’est pas une punition divine, mais nous devons l’accueillir comme un appel à la conversion. « Je ne veux pas la mort du pécheur, dit le Seigneur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. » (Ez 18,32.) Les conséquences de cette pandémie nous appellent à revoir notre mode de vie, nos relations humaines, la place de Dieu dans notre existence.
Le récit de la Genèse nous a rappelé tout à l’heure que la Création était l’œuvre de Dieu. Il l’a créée par amour et il a voulu qu’il y ait une harmonie entre la flore, la faune et les êtres humains. Elle est merveilleuse de beauté, de diversité. « Dieu vit que cela était très bon ».
Or nous constatons, en ce temps de confinement, que l’arrêt soudain de l’activité humaine sur une grande partie de la planète rend l’air plus respirable, l’eau plus propre et j’en passe. La vie nouvelle de baptisé ne serait-elle pas aussi un appel du Seigneur à plus d’humilité, de respect, de sobriété face à la Création ?
Nous pourrions en dire autant de notre respect de la vie humaine. Cette épidémie de Covid-19 a fait ressurgir en nous le besoin de nous soutenir les uns les autres, de nous entraider, de tisser des liens de fraternité. Nous prenons davantage conscience de la dignité de chaque vie humaine. La vie nouvelle de baptisé ne serait-elle pas aussi cet appel au respect de la vie humaine depuis sa conception jusqu’à sa mort et sans faire acception de l’origine des personnes. Un appel à sortir de notre égoïsme, à « renoncer à nous-même » (Mt 16, 24) comme nous y invite le Christ, pour faire grandir une vraie fraternité dont notre monde a tant besoin.
Le Seigneur nous parle à travers cette pandémie. Il nous invite à une vie nouvelle. La levée du confinement est une belle opportunité à saisir pour la vivre davantage selon l’Évangile.
La Bonne Nouvelle de Pâques, c’est que Dieu ne nous a pas abandonné à notre triste sort. Sa victoire sur la mort nous montre que le mal et la mort n’auront pas le dernier mot sur la terre car « Dieu a la puissance d’accomplir ce qu’il a promis » (Rm 4, 21). Par l’onction de Saint Chrême que les catéchumènes et les confirmands recevront à la Confirmation, le Seigneur nous comble de son Esprit Saint pour que nous soyons capables de faire de notre existence une vie nouvelle selon son cœur.
Le Christ Ressuscité nous précède dans le cœur des personnes. Les catéchumènes, plus nombreux cette année, ont fait eux-mêmes l’expérience de sa présence et de son amour, notamment par le désir de mieux le connaître, la soif d’entendre sa parole qui nous apporte une joie profonde et un sens à ce que nous vivons sur la terre.
Renouvelons notre foi ce soir et accueillons la joie que le Seigneur nous donne de pouvoir entrer, ou renouveler notre entrée, dans la vie nouvelle de baptisé. Une vie que rien, pas même la mort, ne pourra détruire.
Christ est Ressuscité. Il est vraiment ressuscité.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon