Is 50, 4-7 ; Ps 21 (22) ; Ph 2, 6-11 ; Lc 22, 14 – 23, 56
Frères et sœurs,
Après avoir fêté l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, accueilli comme le Messie, nous avons médité ensuite sa Passion douloureuse et sa mort sur la Croix. La liturgie de ce dimanche des Rameaux est vraiment paradoxale, mais elle exprime parfaitement le fait que Jésus est venu nous délivrer du mal, mais non pas par les armes de ce monde. C’est en passant lui-même par la souffrance et par la mort qu’il nous ouvre un chemin de pardon et de vie.
Les habitants de Jérusalem se sont sentis trahis par Celui dont les paroles et les miracles manifestaient l’amour et la miséricorde de Dieu. Comme nous peut-être, lorsque nous pensons que Dieu a délaissé ce monde et qu’il reste muet face aux souffrances et aux injustices que vivent des innocents.
Pourtant, cette espérance n’a pas été trahie, bien au contraire. Les habitants de Jérusalem le découvriront après la Résurrection de Jésus d’entre les morts. Jésus est bien le Messie annoncé. En Lui, c’est bien Dieu qui est venu nous sauver !
En méditant le passage du livre du prophète Isaïe que nous avons lu tout à l’heure, j’ai été frappé par cette phrase : « Dieu, mon Seigneur, m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. » Jésus nous soutient donc… et il fait même davantage encore.
Premièrement, en prenant ce chemin de la souffrance et de la Croix, Jésus nous soutient dans notre vie quotidienne et plus particulièrement lorsque nous vivons des épreuves douloureuses : deuil, chômage, maladie, épreuves de familles, épreuves conjugales ou comme cette pandémie qui nous a ébranlés depuis deux ans et dont nous ne voyons pas encore vraiment la fin. Pensons aussi à ceux qui sont touchés par des souffrances injustes, insupportables comme la guerre en Ukraine qui vient apporter son lot de souffrance et d’inquiétude pour l’avenir.
Comme le disait l’abbé HUVELIN, confesseur de Charles de FOUCAULD dont nous allons fêter la canonisation dans quelques semaines : « le Christ a tellement pris la dernière place que jamais personne ne pourra la lui ravir ». Il est descendu au plus profond de la détresse humaine. « Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la Croix. », nous dit saint Paul.
Dans son enseignement, Jésus n’a jamais justifié la souffrance ou même ne l’a expliquée. Il ne l’a pas désirée, au contraire, mais en la vivant dans sa propre chair, en l’assumant jusqu’à la mort, sans se révolter, Il ouvre pour les hommes un chemin d’Espérance et de Vie.
Tout être humain peut ainsi regarder la Croix de Jésus comme un phare dans l’obscurité de sa vie. Une Espérance infaillible parce que Jésus nous a montré que le pire de ce qui peut arriver à l’homme ne conduit pas au néant, mais à la vie éternelle grâce à sa victoire sur toutes les forces de mort. La Croix de Jésus continue, de siècle en siècle, à « soutenir celui qui est épuisé ».
Frères et sœurs, faisons grandir notre foi, notre confiance en Jésus, renouvelons notre amitié avec Lui par une prière fervente. Il est comme un pilier sur lequel nous pouvons nous appuyer au cœur de notre existence.
Deuxièmement, Jésus « soutient d’une parole celui qui est épuisé » grâce à l’Évangile que l’Église continue de proclamer à temps et à contretemps.
C’est une Parole qui nous ouvre à l’Espérance pour notre futur, mais c’est aussi une Parole qui nous aide à vivre aujourd’hui, qui nous éclaire dans les périodes difficiles de l’existence.
Comme nous l’avons entendu tout à l’heure du prophète Isaïe : « Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. » Grâce au don de l’Esprit Saint, Dieu nous parle par la bouche de Jésus, Il nous instruit… et Il nous soutient lorsque nous sommes « épuisés ».
Frères et sœurs, ne délaissons pas l’Évangile, prenons le temps de le lire de le méditer, de le prier, il est une source de vie pour nous. Notre monde d’aujourd’hui perd ses repères. Mais l’Évangile de Jésus Christ est un repère infaillible sur lequel nous pouvons construire notre vie.
Troisièmement, Jésus a donné un signe extraordinaire à ses disciples au cours de son dernier repas en prenant le pain et le vin : « Prenez et partagez entre vous…, Ceci est mon corps…, mon sang, donné pour vous… Faites cela en mémoire de moi. » Lorsque nous célébrons le sacrifice de la messe, Jésus continue de donner sa vie pour nous, car, par la puissance de l’Esprit Saint, ce pain et ce vin deviennent son corps et son sang… Un corps qui a traversé les épreuves et les souffrances de ce monde, un corps qui a vaincu la mort. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. », dit Jésus.
Comme le méditait, le bientôt saint, Charles de FOUCAULD : « Ne perds jamais une communion par ta faute ; une communion, c’est plus que la vie, plus que tous les biens du monde, plus que l’univers entier, c’est Dieu Lui-même, c’est Moi, Jésus. »
Par le sacrifice de la messe et tous les sacrements, Jésus continue de « soutenir celui qui est épuisé… » nous en avons tous besoin pour tenir bon dans les épreuves et rester de fidèles disciples et des amis de Jésus.
Frères et Sœurs, en cette Semaine Sainte qui commence, et dans le contexte mondial qui est le nôtre actuellement, accueillons le Chemin de la Passion de Jésus de façon renouvelée. Il nous soutient et nous fait marcher sur un chemin de vie et d’une vie plus forte que la mort. Qu’Il nous tienne fermement dans l’Espérance. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon