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Prezegenn evid obidou Job an Irien. (Landerne – Merher 5 a viz C’hwevrer 2025)

Kalz ahanom a zo bet frommet disul o kleved e oa Job eet d’an Anaon da zeiz gouel Jezuz kinniget d’an Templ, da zeiz gouel Simeon. Simeon, an den koz e-noa klasket hag esperet Doue doug e vuez, hag a oa bet roet ar c’hras dezañ, a-benn ar fin, da zegemer an Aotrou Krist krouadur, ar mabig Jezuz, etre e zivrec’h. « Bremañ, ô Mestr, emezañ, e c’hellez lezel da zervicher da dremen e peoc’h, hervez da bromesa ; Rag gwelet o-deus va daoulagad da zilvidigez… »

Cette figure de Siméon nous dit quelque chose de Job, de sa patiente recherche de Dieu, que le chant « Klask a ran demm an Aotrou » exprime si bien : « je cherche le visage du Seigneur »… Siméon, en recevant l’enfant Jésus dans ses bras, dit de lui – de façon surprenante mais poétique – qu’il est « lumière ». Cela aussi peut évoquer Job pour nous, car nous savons que le Christ a été la lumière de sa vie, lumière qu’il a réfléchie sur nous.

Ya, Jezuz a zo bet sklêrijenn Job. Soñj am eus euz eun nozvez ma oam er Minihi, gand eur skipaill liseidi. Edom en dro d’an daol, oc’h eva « eun dra bennag tomm » evel ma lâr Job evid an tisanne (gand plant euz ar jardin hag a-wechou eur maligorn bennag ivez da heul), eur goulaouenn koar war elum… ha Job da c’houlenn ouzom : « petra eo ar pep pouezusañ evidoc’h en ho puez ? » N’am eus ket soñj eus ar pez on oa ni respontet, med eñ, er fin, a roas e respont, e desteni : « Adsao Jezuz a varo da veo a oa ar pep pouezusañ en va buez ». Sklêrijenn Pask, nerz Doue o skedi kreñfoc’h eged ar maro.

Ce Christ-lumière, ce visage aimé, désiré, ce visage du Ressuscité, je crois que Job le cherchait et le voyait aussi chez les autres. Jésus enseigne à ses disciples à le reconnaître en chacun, Job regardait chacun avec ce regard clair, accueillant, doux, pacifique. A beaucoup d’entre nous il a su apporter une lumière, un conseil, une sagesse, un trésor de vie.

Mister Doue a zo mister Doue deuet da vez tost. Ken tost ma c’helle Simeon e gemer en e zivrec’h. Oui, Au cœur de la foi de Job, il y avait cette expérience profonde : Dieu est proche. Il trouverait surement que le dire français serait assez fade et abstrait : Doue a zo tost. Gwirioc’h eo lavared evel-se. Tost eo Doue. Tostig-tost. Dieu est proche, et il nous rapproche les uns des autres. C’est ce que Job a fait au Minihi, dans les pèlerinages, par la radio… il a rapproché des tas de gens très différents, de tout genre, de tous âges. Il les a rapprochés de Dieu pour qu’ils sachent que Dieu est proche parce qu’il les aime.

A-bouez e kavan lavared eo an dra-se a oa kalon ar pez en eus Job klasket ober. Pa lavarer kenavo da unan bennag, pa zeller ouz an daolenn a zeu war wel diwar e vuhez, e ranker diwar da dreuz-kompren an den.

J’ai lu ces jours-ci que Job avait donné sa vie pour Dieu et pour la Bretagne. Je sais que Job n’aimait pas ce genre d’expressions. Je ne crois pas que Job ait donné sa vie pour des idées, pour une cause, pour un idéal. Mais pour des personnes : il a donné sa vie pour Dieu et pour les gens. Dans les trente dernières années en tout cas (les années où je l’ai connu), je peux dire que je n’ai jamais vu Job porter un drapeau. Il a porté la parole, le Saint Sacrement, il a porté des personnes, il a porté la lumière de la foi qui le portait. Ar pez a gonte evid Job eo Jezuz hag an dud. Ar menoziou n’o deus ket ezomm da veza karet ; an dud o deus ezomm da veza karet, ha da c’houzoud ez int karet gand Doue. An dra-ze ya, a zo bet stourm Job : eur stourm speredel, denel, doueel.

Que les bretonnants puissent vivre leur foi dans leur langue. Pour les autres. Voilà son combat. Job a vécu l’interdiction du breton à l’école comme une sorte d’asphyxie. Il voulait que les bretonnants puissent simplement respirer et vivre, et surtout, qu’ils puissent entendre Dieu leur parler au cœur, et lui répondre avec le cœur : donc en breton. En ano ar garantez eo e-neus Job bevet, labouret ha strivet : dre garantez evid Doue hag e-neus karantez evid an dud.

A belec’h e teue da Job an doareou-ze ? Me gav din e teue justament euz e darempred tost ouz Doue. Rag eun den a bedenn a oa anezañ. Hag adarre, an dra-ze e neus rannet gand ar re all : desket e-neus deom pedi, daoulina dirag Doue : desket e neus deom, evel ma lâr sant Lukaz diwar benn Simeon, an « doujañs evid an Aotrou Doue ». Ha desket e neus deom pedi.

Skol an douster, ar peoc’h, an esperañs, eo ar bedenn. Hag ar Mest a gelenn an douster, ar peoc’h, hag an esperañs, eo ar Spered Santel. « Ar Spered Santel a oa gant Simeon ». Er skol ze ivez eo bet Job, hag e-neus kelenet deom.

Comparer Job au vieux Simeon, c’est sans doute éclairant. Mais cela ne dit pas tout de Job. Je réalise que nous, les anciens jeunes, nous avons connu Job à un âge où l’on considère tout le monde comme déjà vieux (on avait 12 ou 13 ans, et il débarquait au collège avec ses sabots). Certains d’entre vous l’ont connu dans sa jeunesse, dans la fleur de l’âge, et pourraient évoquer d’autres aspects de son parcours. En tout cas, Dieu ressaisit tout le parcours de celui qui passe le seuil de la mort.

Nous sommes nombreux, et dans la vie de chacun de nous il y a un petit morceau ou même des bases solides que Job a contribué à poser, à fortifier. Demandons que demeure vivant en nous ce que le Seigneur nous a donné par Job ; que tout cela continue à nous nourrir, à nous faire vivre, à nous éclairer. Pour tout cela, nous rendons grâce à Dieu et que nous remercions Job.

Ya, evid kemend mad, kemend gwirionez ha kement sklerijenn, bennoz ; evid kement pehed, a berz Job pe eus or perz deom ni, pardon ha trugarez.

Goulennom digand an Aotrou Doue degemer e vugel, e servijer, e veleg, en e sklerijenn. Ha sklêrijenn or Zalver, en eus klasket Job enaoui ha maga dre e vuez, ra skedo atao ennom, ha ledanoc’h c’hoaz!

El lavaret m’eus bet dit, Job : Doue eo a oar ar pez peus degaset deom. Adarre : Bennoz Doue dit, Job. Kenavo er baradoz !

Traduction

NB : les parties en gras ont été prononcées en breton, traduites ici en français.

Beaucoup d’entre nous ont été émus dimanche, en apprenant que Job était décédé le jour de la Présentation de Jésus au Temple, jour de Siméon. Siméon, le vieil homme qui avait recherché et espéré Dieu tout au long de sa vie, et à qui avait été en définitive accordée la grâce d’accueillir le Christ enfant entre ses bras. « Maintenant, ô Maître, disait-il, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole ; car mes yeux ont vu ton salut… »

Cette figure de Siméon nous dit quelque chose de Job, de sa patiente recherche de Dieu, que le chant composé par Job que nous venons de chanter, « Klask a ran demm an Aotrou », exprime si bien : « Je cherche le visage du Seigneur »… Siméon, en recevant l’enfant Jésus dans ses bras, dit de lui – de façon surprenante mais poétique – qu’il est « lumière ». Cela aussi peut évoquer Job pour nous, car nous savons que le Christ a été la lumière de sa vie, lumière qu’il a réfléchie sur nous.

Oui, Jésus a été la lumière de Job. Je me souviens d’une soirée que nous passions au Minihi, avec une équipe de lycéens. Nous étions autour de la table, buvant une tisane de plantes qu’il avait cueillies dans le jardin, une bougie allumée sur la table… et Job de nous demander : « Quelle est la chose la plus importante dans votre vie ? » Je ne me souviens pas de ce que nous avions répondu, nous, les lycéens, mais lui, à la fin, à son tour, avait témoigné : « La Résurrection de Jésus d’entre les morts : voilà ce qu’il y a de plus important dans ma vie » La lumière donc : la lumière pascale. La puissance de Dieu qui brille plus fort que la mort.

Ce Christ-lumière, ce visage aimé, désiré, ce visage du Ressuscité, je crois que Job le cherchait et le voyait aussi chez les autres. Jésus enseigne à ses disciples à le reconnaître en chacun ; Job regardait chacun avec ce regard clair, accueillant, doux, pacifique. A beaucoup d’entre nous il a su apporter une lumière, un conseil, une sagesse, un trésor de vie.

Le mystère de Dieu est celui de Dieu qui est devenu proche. Si proche que Siméon avait pu l’accueillir sur son cœur. Oui, au cœur de la foi de Job, il y avait cette expérience profonde : Dieu est proche ; et parce qu’il est proche, il nous rapproche les uns des autres. C’est ce que Job a fait au Minihi, dans les pèlerinages, par la radio… il a rapproché des tas de gens très différents, de tout genre, de tous âges. Il les a rapprochés de Dieu, pour qu’ils sachent que Dieu est proche parce qu’il les aime.

Il me semble important d’exprimer que c’est bien cela qui a été au cœur de ce que Job a cherché à vivre. Lorsqu’on dit « Kenavo » a quelqu’un, lorsqu’on contemple le tableau qui se dégage de sa vie, il importe de ne pas se méprendre sur la personne.

Or j’ai lu ces jours-ci que Job avait donné sa vie « pour Dieu et pour la Bretagne ». Je sais que Job n’aimait pas ce genre d’expressions. Je ne crois pas que Job ait donné sa vie pour des idées, pour une cause, pour un idéal. Mais pour des personnes : il a donné sa vie pour Dieu et pour les gens. Dans les trente dernières années en tout cas (les années où je l’ai connu), je peux dire que je n’ai jamais vu Job porter un drapeau. Il a porté la parole, il a porté le Saint Sacrement, il a porté des personnes, il a porté la lumière de la foi qui le portait. Ce qui comptait pour Job, c’était Jésus et les gens. Les idées n’ont pas besoin d’être aimées ; les personnes ont besoin d’être aimées, et de savoir qu’elles sont aimées de Dieu. Cela, oui, a été le combat de Job : un combat spirituel, humain, divin.

Que les bretonnants puissent vivre leur foi dans leur langue. Voilà son combat. Job a vécu l’interdiction du breton à l’école comme une sorte d’asphyxie. Il voulait que les bretonnants puissent simplement respirer et vivre, et surtout, qu’ils puissent entendre Dieu leur parler au cœur, et lui répondre avec le cœur : donc en breton. C’est au nom de l’amour que Job a vécu, travaillé et peiné : par amour pour Dieu qui aime les personnes.

D’où cela venait-il, chez Job ? Je crois justement que c’est de sa relation de proximité avec Dieu. Car il était un homme de prière. Et cela, il a voulu le partager : il nous a appris à prier, à nous agenouiller devant Dieu ; il nous a appris, comme le dit saint Luc à propos de Siméon,  « la crainte, le respect de Dieu ». Job nous a appris à prier.

L’école de la douceur, de la paix, de l’espérance, c’est la prière. Et le Maître, celui qui enseigne la douceur, la paix, l’espérance, c’est l’Esprit Saint. « L’Esprit Saint était [avec Siméon] ». C’est à cette école que Job a été, et ensuite il s’est fait notre enseignant.

Comparer Job au vieux Simeon, c’est sans doute éclairant. Mais cela ne dit pas tout de lui. Je réalise que nous, les anciens jeunes, nous avons connu Job à un âge où l’on considère tout le monde comme déjà vieux (on avait 12 ou 13 ans, et il débarquait au collège avec ses sabots…). Certains d’entre vous l’ont connu dans sa jeunesse, dans la fleur de l’âge, et pourraient évoquer d’autres aspects de son parcours. En tout cas, Dieu, lui, ressaisit tout le parcours de celui qui passe le seuil de la mort.

Nous sommes nombreux, et dans la vie de chacun de nous il y a un petit morceau, ou même des bases solides que Job a contribué à poser, à fortifier. Demandons que demeure vivant en nous ce que le Seigneur nous a donné par Job ; que tout cela continue à nous nourrir, à nous faire vivre, à nous éclairer. Pour tout cela, nous rendons grâce à Dieu et nous remercions Job.

Ya, evid kemend mad, kemend gwirionez ha kement sklerijenn, bennoz ; evid kement pehed, a berz Job pe eus or perz deom ni, pardon ha trugarez.

Goulennom digand an Aotrou Doue degemer e vugel, e servijer, e veleg, en e sklerijenn. Ha sklêrijenn or Zalver, en eus klasket Job enaoui ha maga dre e vuez, ra skedo atao ennom, ha ledanoc’h c’hoaz !

El lavaret m’eus bet dit, Job : Doue eo a oar ar pez ’peus degaset deom. Adarre : Bennoz Doue dit, Job. Kenavo er baradoz !