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Réflexion du Père Job An Irien : Hanter-Eost / Quinze août

Hanter-Eost
Azeza ha chom trankil ! Ehana da zoñjal er pez a vefe c’hoaz da ober. Chom a-zav da vad eur frapadig d’an nebeuta ha selaou. Sioul eo ar zaout er park e kichenn, peuri a reont. An avel a hej gouestadig deliou ar gwez el liorz, med ne welan labous ebed : morgousket int moarvad gand an dommder. Ar c’houmoul a zeu hag a ya heb lavared da belec’h ez eont. Kuzad ha dispaka an heol a reont, beb eil, heb goulenn on ali. Er pellder, linenn diskompez ar Menez-Are euz Sant-Mikael beteg ar Menez-Hom a gloz an daolenn. Trouz all ebed nemed an avelig flour a gan en deliou. Gwir eo : Hanter-Eost eo, gouel braz ar Werhez e kement ha kement a lehiou en or bro. Med er bloaz-mañ n’eo nemed eun hanter-pardon, heb bannielou na prosesion. Eun deiz kaer eo koulskoude ken dedennet ma ’z-om gand dremm lugernuz ar Werhez-se.

Eur seurt mister eo : roet on-eus he ano da gement a feunteuniou, a japeliou hag a ilizou beteg dond da veza Itron-Varia a beb lec’h pe dost, hag ouspenn beza kanet war toniou anavezet, ma rankom en em c’houlenn perag. Hag ezomm on-noa da gaoud eur vamm d’on digemer en tu all d’ar maro, war dreuzou ar baradoz, pa vefe echu ganeom on treuz war an tamm douar-mañ ? Skeudenn douster or mamm e bloaveziou kenta or bugaleaj eo a glaskom neuze e Mari. Med marteze eo red klask pelloc’h, ha gweled he dremm lugernuz d’an deiz m’eo savet he Mab da veo. Hi, hag he-doa treuzet kement a boaniou hag a anken moarvad gand he Mab azaleg ar penn-kenta, ha n’he-doa morse kollet fiziañs, hi a lavar da bep hini ahanom ar memez tra : «bezit fiziañs ! Gouzoud a ran da belec’h e kas hoc’h istor. An daelou am-eus skuillet p’eo marvet va mab a zo ive ho re deoc’h c’hwi, hag e vezint sehet ’vel m’eo bet sehet va re da vintin Pask.»

Me gav din eo ablamour da ze o-deus on tadou dibabet Mari da vamm evid atao, ha bian pe braz, he fardon a vezo atao eur pardon laouen, daoust d’ar c’hovid daonet-se. Hanter-Eost laouen d’an oll !

Quinze août
S’asseoir et rester tranquille ! Arrêter de penser à ce qui serait encore à faire. S’arrêter réellement un moment au moins, et écouter. Les vaches sont calmes dans le champ à côté, elles broutent. Le vent agite doucement les feuilles des arbres dans le jardin, mais je ne vois aucun oiseau : ils sont probablement assoupis par la chaleur. Les nuages vont et viennent sans dire où ils vont. Ils cachent et révèlent le soleil, tour à tour, sans demander notre avis. Au loin, la ligne irrégulière des Monts d’Arrée de Saint-Michel au Ménez-Hom complète le tableau. Pas d’autre bruit que celui du vent léger qui chante dans les feuilles. C’est vrai : c’est le quinze août, la fête de la Vierge en tant et tant de lieux chez nous. Mais cette année, ce ne sera qu’un demi-pardon, sans bannières ni procession. C’est un beau jour pourtant, tellement nous sommes attirés par le visage rayonnant de cette Vierge.

C’est un peu un mystère : elle a donné son nom à tant de fontaines, de chapelles et d’églises, jusqu’à devenir la Notre-Dame de tout lieu ou presque, et en outre elle est chantée sur tant d’airs connus, qu’il nous faut bien nous demander pourquoi. Avions-nous besoin d’avoir une mère pour nous accueillir au-delà de la mort, sur le seuil du paradis, quand nous aurions terminé notre passage sur cette terre ? C’est la douce figure de notre mère dans les premières années de notre enfance que nous chercherions alors en Marie. Mais peut-être faut-il chercher plus loin, et voir son visage rayonnant le jour où son Fils est ressuscité. Elle qui avait traversé tant de souffrances et sans doute d’angoisses avec son Fils dès le début, et qui n’avait jamais perdu confiance, elle dit à chacun de nous : «Ayez confiance ! Je sais où conduit votre histoire. Les larmes que j’ai versées lorsque mon fils est mort sont aussi les vôtres, et elles seront sèchées comme ont été sèchées les miennes au matin de Pâques.»

Je pense que c’est à cause de cela que nos pères ont choisi Marie pour mère pour toujours. Petit ou grand, son pardon sera toujours un pardon joyeux, malgré ce damné Covid. Joyeux quinze août à chacun !

Tad Job