N’anavezen ket anezañ, med en em gavet om asamblez evid eur pred e sal ar barrez goude an overenn. N’eo ket genidig euz ar vro, med euz traoñ Bro-Frañs, hag o chom dre amañ abaoe pell. En e retred ema, goude beza bet kelenner saozneg en eur skolaj. Greet am-eus eun tamm anaoudegez gantañ, ha p’am-eus displeget dezañ e oan dedennet gand ar brezoneg ha plas ar brezoneg en Iliz, e-neus lavaret din kement-mañ : «N’am-eus ket desket brezoneg ; afer ar c’hemmaduriou a zo bet eur skoill evidon ! Ahend-all, ne vedon tamm ebed a-du gand ar skoliou diouyezeg. Ar galleg a oa evidon yez an deskadurez… beteg an deiz m’am-eus bet em c’hlas skolidi hag a zeue euz eur skol Diwan…Hag on chomet souezet gand an doare ma tistagent brao hag êz ar saozneg ! Gouzoud a ran bremañ talvoudegez an deskadurez dre zoubidigez!»
Ar pez a zo c’hoarvezet gand ar c’helenner-se ne zeblant ket beza anad evid unionisted an DUP e Iwerzon an Hanternoz. Ar re-mañ ne fell ket dezo lakaad an iwerzoneg par d’ar saozneg er vuez foran, rag kement-se a vefe hervezo eun doare, ouspenn ar Brexit, da bellaad anezo muioc’h c’hoaz diouz Breiz-Veur. Edwin Poots, ’neus rañket rei e zilez, eun devez war ’n-ugent goude beza bet dibabet da rener an DUP, ablamour d’eun Akt a rofe muioc’h a blas d’an iwerzoneg. Ar rener nevez, Jeffrey Donaldson, ne fell ket dezañ kleved ano a gement-se. Gouarnamant Breiz-Veur ’neus neuze disklêriet e rafe voti al lezenn gand parliamant Westminster ma ne zeufe ket an DUP hag ar Sinn-Fein d’en em gleved war ar poent-se araog fin miz gwengolo. Miz gouere, miz prosesionou an Oranjisted, a zo c’hoaz da dremen, hag e ouezer pegen trubuillet e c’hell beza e Belfast.
En em c’houlenn a ran atao perag o-deus aon ken aliez ar yezou braz dirag ar yezou bian. Pa vezer diouyezeg azaleg ar vugaleaj e ouezer e vo êsoc’h deski yezou all, hag e ouezer ive e c’hell beza doareou disheñvel da weled an traou, ar pez ne blij ket kalz d’ar re o-deus ar galloud etre o daouarn… Pinvidigez ar vuez a zeu koulskoude euz an doareou disheñvel da zoñjal ha da weled an traou. Ar broiou gand eur gostezenn politik hepkén a zo techet da nac’h gwiriou mabden, ha da genta eveljust ar yezou bian, peogwir e roont da weled an disheñvelded. Awalc’h eo selled ouz Bro-Chin er mare-mañ evid gweled da be-lec’h e kas. Salo e teufe an oll da veza diouyezeg adaleg o bugaleaj : gwelloc’h eo kaoud daou lagad eged unan hepkén, evid selled ouz an traou, ar vuez hag ar re all !
Je ne le connaissais pas, mais nous nous sommes trouvés ensemble pour un repas à la maison paroissiale après la messe. Il n’est pas originaire d’ici, mais du sud de la France, et habite ici depuis longtemps. Il est en retraite, après avoir été professeur d’anglais dans un collège. Nous avons fait connaissance, et après que je lui ai expliqué mon intérêt pour le breton et sa place dans l’Eglise, il m’a dit ceci : «Je n’ai pas appris le breton ; la question des mutations a été un obstacle pour moi ! Par ailleurs, je n’étais pas du tout d’accord pour des écoles bilingues. Le français était pour moi la langue de l’enseignement… jusqu’au jour où j’ai eu dans ma classe des élèves en provenance d’une école Diwan… et j’ai été stupéfait par la facilité avec laquelle ils prononçaient l’anglais ! Je sais maintenant la valeur d’un enseignement par immersion !»
Ce qui est arrivé à cet enseignant ne semble pas du tout évident pour les unionistes du DUP en Irlande du Nord. Ceux-ci ne veulent pas donner à l’irlandais un statut égal à celui de l’anglais dans la vie publique, car ceci serait d’après eux, outre le Brexit, une façon supplémentaire de les éloigner de la Grande-Bretagne. Vingt et un jours à peine après avoir été élu chef des unionistes du DUP, Edwin Poots a été amené à démissionner à cause partiellement d’un Acte qui donnerait davantage de place à l’irlandais. Le nouveau chef, Jeffrey Donaldson, ne veut pas en entendre parler. Le gouvernement britannique a alors déclaré qu’il ferait voter la loi par le parlement de Westminster si le DUP et le Sinn Fein n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur ce point avant fin septembre. Juillet, le mois des processions des Orangistes est encore à passer, et on sait combien il peut être troublé à Belfast.
Je me demande toujours pourquoi les grandes langues ont si souvent peur devant les petites langues. Quand on est bilingue depuis l’enfance, on sait qu’il sera plus facile d’apprendre d’autres langues, et on sait aussi qu’il peut y avoir diverses façons de regarder les réalités, ce qui ne plaît pas beaucoup à ceux qui ont le pouvoir entre les mains… La richesse de la vie provient cependant des diverses façons de penser et de considérer les réalités. Les pays à parti unique ont tendance à nier les droits de l’homme, et d’abord les petites langues, puisqu’elles donnent à voir les différences. Il suffit de regarder la Chine ces temps-ci pour voir où tout cela mène. Ah, si tout le monde pouvait être bilingue dès l’enfance ; il vaut mieux avoir deux yeux qu’un seul pour regarder les réalités, la vie et les autres !
Tad Job an Irien