Pevar ’vedont tro-dro d’an daol, pevar yaouank, daou bôtr ha diou blac’h, ha dirag pep hini eur banne. En o dorn pe ouz o skouarn eun hezoug. Ger ebed kenetrezo… hag hervez ar pez a welen euz a bell, e-neus padet an dra-ze ouspenn eur c’hard-eur araog ma krogfent da gomz kenetrezo. Eur vamm-goz, a anavezan mad, he-deus lavaret din e c’hoarvez kement-se gand he bugale vihan p’en em vodont en he zi da geñver eur gouel bennag : «E poent pe boent e krog unan anezo en e hezoug hag en em lak da skriva. Ar re all a ra heñvel, pep hini en e gorn a-wechou… hag en em zantan a-re !» emezi. N’on ket bet souezet o lenn dindan pluenn Jacques Le Goff war Ouest-France penaoz eo difennet krenn implij eun hezoug e skol-veur Stanford (Kalifornia), al lec’h end-eeun m’o bet ijinet an teknikou niverel ! On evez eo a ya da fall : sachet amañ hag ahont gand skeudennou ar skrammou, on evez ne badfe ket hirio ouspenn nao eilenn diouz reñk, a-vec’h eun eilenn muioc’h eged ar peskig ruz !
Red eo deom eta en em c’houlenn petra a reom euz on amzer, rag ar prisiusia tra roet deom bemdez eo ! Evid petra pe evid piou am-eus dispignet va amzer hirio ? Pa ’n-em c’houlenner an dra-ze, e vez tro da gaoud mez a-wechou pa weler on euz troet tro-dro deom doug an devez heb tamm plas ebed evid ar re all. Evidon ’m-eus greet boued, evidon ‘m-eus labouret, evid va diduamant e sellin bremaig ouz eur film… An oll draou-ze n’int ket fall eveljust, med peseurt evez a daolan-me ouz ar re all, me hag a blij din soñjal e vevan ganto hag evito ? Meur a hent a zo da rei kelou, da ziskouez on-eus ezomm euz o c’harantez, da rei da weled ive dezo e kontont evidom hag on-eus soursi ouz o yehed hag o eurvad, a gement ma c’hellom. Ha kement-se e gwirionez a c’houlenn amzer. On doare da implij on amzer a lavaro deom ar wirionez war ar pez a reom.
Med gouzoud mad a reom ive ez-eus ar pez na vez ket gwelet. Pa gemerom amzer da zoñjal en unan bennag hag a vev er boan, pe a zo digalonekeet da vad, zokén heb beza en e gichenn, e c’hellom ober vad dezañ. Dougen ar re all evel-se en on diabarz a c’hell beza eun doare pedenn evito, eul liamm don eo d’an nebeuta, hag epad ar mareou hir ma ’z-om bet kraouiet, eo bet evid lod ar mod nemetañ da veza tost. Marteze ni on-unan on eus santet gwech pe wech, e kreiz diêzamañchou, ne vedom ket on-unan. N’om ket inizi : liammou a zo kenetrezom, ha mad eo a vare da vare kemer amzer da ziskouez d’or breudeur e taolom evez outo epad ouspenn nao eilenn !
Ils étaient quatre autour d’une table, quatre jeunes, deux gars et deux filles, et devant chacun une boisson. A la main ou à l’oreille, un portable. Aucune parole entre eux… et d’après ce que je pouvais voir de loin, cela a duré plus d’un quart d’heure avant qu’ils ne commencent à converser. Une grand-mère, que je connais bien, m’a dit qu’il arrive la même chose à ses petits enfants lorsqu’ils se rassemblent chez elle à l’occasion d’une fête : «A un moment ou l’autre, l’un d’eux prend son portable et se met à écrire. Les autres font de même, parfois chacun dans son coin… et je me sens de trop !» dit-elle. Je n’ai pas été étonné de lire, sous la plume de Jacques Le Goff dans Ouest-France, que l’université de Stanford (Californie), où est né le numérique, interdisait totalement l’usage de ces portables ! C’est notre capacité d’attention qui faiblit : attirée de ci de là par les images des écrans, notre attention ne durerait aujourd’hui pas plus neuf secondes, à peine une seconde de plus que celle d’un poisson rouge !
Il nous faut donc nous demander ce que nous faisons de notre temps, car c’est la chose la plus précieuse qui nous soit donnée chaque jour ! A quoi ou pour qui j’ai dépensé mon temps aujourd’hui ? Quand on se pose cette question, on a parfois honte lorsqu’on s’aperçoit que l’on a tourné tout autour de soi toute la journée, sans aucune place pour les autres. Pour moi j’ai cuisiné, pour moi j’ai travaillé, pour mon loisir je vais tout à l’heure regarder un film… Toutes ces choses ne sont pas mauvaises bien sûr, mais quelle attention ai-je pour les autres, moi qui aime bien penser que je vis avec les autres et pour eux ? Il y a beaucoup de chemins pour donner des nouvelles, pour montrer que nous avons besoin de leur amour, pour leur faire voir qu’ils comptent pour nous et que nous nous soucions de leur santé et de leur bonheur autant que nous le pouvons. Tout cela en vérité demande du temps. Notre façon d’utiliser notre temps nous dira la vérité sur ce que nous faisons.
Mais nous savons bien aussi qu’il y a ce qui ne se voit pas. Quand nous prenons le temps de penser à quelqu’un qui vit dans la peine ou qui est complètement découragé, même sans être auprès de lui, nous pouvons lui faire du bien. Porter d’autres ainsi à l’intérieur de nous-mêmes, peut être une sorte de prière pour eux, c’est du moins un lien profond, et pendant les longues périodes où nous avons été confinés, pour certains ce fut la seule façon d’être proches. Peut-être avons-nous senti, une fois ou l’autre, au cœur de difficultés, que nous n’étions pas seuls. Nous ne sommes pas des îles : il existe des liens entre nous, et il est bon de temps en temps de prendre le temps pour montrer à nos frères que nous faisons attention à eux pendant plus de neuf secondes !
Tad Job an Irien