ll y a un an, nous n’imaginions pas que l’épidémie à laquelle nous faisons face se répandrait ainsi dans le monde entier et provoquerait une des pires crises sanitaire, sociale et économique que nous ayons connues. Après un temps de répit cet été, nous constatons maintenant que cette situation risque de durer encore de longs mois, le temps que l’immunité de la population se généralise. Tout cela n’est pas facile à vivre, pour nous comme pour nos compatriotes, et même plus largement pour toute l’humanité. La crise est bien planétaire et nous nous sentons davantage unis et solidaires les uns des autres comme le rappelait le pape François dans Laudato Si’. Cette encyclique, ainsi que la dernière en date, Fratelli Tutti, apparaissent d’ailleurs comme providentielles pour éclairer nos consciences dans ce que nous sommes en train de vivre.
Les consignes sanitaires sont exigeantes et difficiles à vivre, car elles touchent à ce qui fait le cœur de notre existence : nos relations humaines, nos activités professionnelles, culturelles, sportives, et notre vie religieuse. Nous devons pourtant contribuer à l’effort commun pour limiter la propagation du virus. Ces longs mois de contrainte sanitaire provoquent de l’angoisse, du défaitisme, et suscitent de nombreuses polémiques qui n’apportent rien de positif ! Des prêtres sont pris à partie, autant par ceux qui estiment qu’ils n’en font pas assez pour respecter les règles sanitaires, que par ceux qui les accusent d’en faire trop, notamment dans la liturgie ! Je me suis d’ailleurs permis de rappeler à des fidèles que lorsque le prêtre célèbre la messe, il se concentre sur le Mystère qu’il célèbre et sur la Parole de Vérité qu’il proclame et il n’a pas à faire en plus le service d’ordre. Chacun doit prendre ses responsabilités et respecter dans l’humilité ce qui est demandé pour s’entraider, fidèles et prêtres, à vivre cela au mieux dans la correction fraternelle. L’épidémie aura une fin, alors tenons bon ensemble !
Comme chrétiens, nous devons prendre de la hauteur et nous situer autrement. Jésus, dans le sermon sur la montagne (Mt 5 à 7), nous invite à ne pas imiter les païens, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas la foi et l’espérance que nous donne le Seigneur. Ces chapitres de l’Évangile de saint Matthieu sont éclairants pour ce temps de pandémie ! Nous avons un témoignage à donner pour que cette espérance touche le cœur de tous ceux qui souffrent physiquement ou moralement, de ceux qui vivent dans l’angoisse et la peur de l’avenir. Plus que jamais, nous devons transmettre la joie de l’Évangile. « … que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5, 16). Cette crise est une souffrance pour tous, mais elle est aussi une magnifique opportunité pour purifier notre foi et nous convertir afin de remettre le Christ au centre de notre vie personnelle, familiale et paroissiale. N’est-ce pas une belle occasion de retrouver le chemin du sacrement du pardon ? Nous avons besoin de recevoir la grâce de ce sacrement par lequel le Seigneur nous libère du mal. Ce moment de l’histoire est également, j’en suis certain, une nouvelle occasion d’apprécier la bonté, la vérité et la beauté de notre foi. D’ailleurs, les confinements ont permis à beaucoup de retrouver le sens de la prière personnelle et familiale et pour certains même de retrouver le chemin de la foi. Les transmissions par vidéo y ont beaucoup contribué, comme les suggestions de prières communiquées par les paroisses, les services diocésains, les mouvements. Le Seigneur a beaucoup de choses à nous dire en cette période de crise. Retrouvons le goût de lire la Bible ensemble et de la méditer. Des formations peuvent aussi nous y aider. La Parole de Dieu est une vraie nourriture qui nous fait vivre.
En cette pandémie, je vous invite à prier, à beaucoup prier. Jésus nous le dit : « Priez pour ne pas entrer en tentation. » (Mt 26,41) et les tentations sont nombreuses aujourd’hui, notamment de nous replier sur nous-mêmes et sur nos difficultés. C’est par la prière que nous retrouvons le sens de notre vocation chrétienne et de ce que le Seigneur attend de nous. La prière ravive notre foi et notre
espérance. Comme nous y invitait Notre-Dame de l’Espérance à Pontmain il y a juste 150 ans1 : « Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher. »
De nombreux fidèles ont suivi la messe à la télévision ou sur Internet durant les confinements. Ordinairement, c’est une bonne chose pour ceux qui sont malades ou ne peuvent pas se déplacer, mais comme je l’écrivais dans ma dernière Lettre pastorale2 : « Nous n’allons pas à la messe uniquement pour notre sanctification personnelle, nous y allons parce que l’Église se construit quand elle se rassemble pour célébrer la messe, source et sommet de la vie chrétienne . C’est le Christ qui construit son Église, mais nous devons nous rendre disponibles, avec d’autres, pour le laisser agir en nous par la force de son Esprit et par les sacrements. » Je sais que certains fidèles ne viennent plus à la messe par peur d’attraper le virus. Je voudrais les appeler à la confiance : toutes les dispositions sanitaires sont prises pour nous protéger ! Donc, je le redis avec force : « Venez, revenez ! Vous êtes sincèrement les bienvenus ! Vous nous manquez ! » Se rassembler est une nécessité pour chacun de nous, mais aussi pour la croissance de l’Église.
La pandémie nous pousse aussi à développer la solidarité dans une vraie fraternité. La pauvreté touche de plus en plus de monde. Beaucoup de familles et de personnes qui étaient à la limite de la précarité y sont tombées. Les étudiants sont aussi frappés de plein fouet. Les aides de l’État ne suffiront pas. La crise économique va durer des mois et peut-être des années. Je remercie les bénévoles du Secours Catholique et des autres associations pour leur présence active auprès de ceux qui manquent du nécessaire. « Ensemble pour un monde juste et fraternel », lance le Secours Catholique. Nous sommes tous concernés et chacun doit s’interroger pour savoir ce qu’il peut faire et comment il peut soutenir les initiatives en présence. Rappelons-nous également que le soutien moral et spirituel est aussi important que le logement et la nourriture !
Je remercie les prêtres pour leur engagement sans réserve. Au fond, leur mission n’a pas changé, mais ce sont les priorités pastorales et l’exercice quotidien de leur ministère qui doivent tenir compte de la réalité : annoncer l’Évangile en utilisant davantage les réseaux sociaux et en ravivant l’espérance dans un contexte anxiogène. Sanctifier le peuple chrétien en continuant à célébrer les sacrements autant qu’ils le peuvent et en soutenant la prière des fidèles en famille et en communautés locales par des moyens adaptés. Gouverner le Peuple de Dieu pour maintenir la communion et prendre soin de ceux que Dieu leur a confiés alors même que beaucoup se retrouvent sans emploi et parfois dans le désespoir.
Je remercie les diacres qui continuent à témoigner par leur vie et leur ministère que le Christ se fait le serviteur de tous et cela est un signe fort dans le contexte actuel.
Je remercie les religieux et religieuses ainsi que les laïcs consacrés, dont la prière et la présence fraternelle au plus près de la population sont si importantes et source d’espérance.
Je remercie les guides de funérailles qui ont accompagné les familles en deuil et célébré les obsèques durant les confinements et qui continuent à le faire, alors même qu’ils pourraient demander à rester chez eux pour se protéger du virus.
Je remercie les laïcs en mission ecclésiale et les bénévoles qui essaient, autant qu’il est possible, d’assurer la catéchèse et la préparation des sacrements des jeunes et des adultes.
Je remercie les acteurs de la pastorale de la santé dans les hôpitaux et les EHPAD qui s’efforcent de visiter les
malades et les personnes âgées en surmontant les difficultés pour accéder à ces établissements.
Je remercie tous les fidèles qui prennent leur part à cette mission en mettant en place des moyens pour soutenir la
foi, l’espérance et la charité malgré les contraintes sanitaires.
Je remercie toutes les personnes qui assurent, malgré tout, les services (accueil, comptabilité, suivi des travaux, etc.) si nécessaires à la vie de nos paroisses.
Je vous remercie tous chaleureusement pour votre engagement sans réserve dans la mission que le Seigneur nous a confiée et je vous encourage à persévérer. Confions notre Église diocésaine à la prière de saint Joseph en cette année qui lui est consacrée. Il est pour nous un modèle de foi, de confiance, d’attention à l’autre, de constance et de courage.
Je demande à Dieu de bénir3 chacun d’entre vous :
Seigneur Dieu, tu protèges tous ceux qui espèrent en toi ;
bénis ton peuple, garde-le sain et sauf, sois pour lui un défenseur, prépare-le à surmonter l’épreuve, afin que, libéré du péché, hors d’atteinte de l’ennemi,
il persévère toujours dans ton amour.
Par le Christ, notre Seigneur.
O trugarekaad a ran a galon laouen evid hoc’h emouestl kaloneg er garg e-neus an Aotrou fiziet ennoc’h hag e kennerzan ahanoc’h da genderhel. Fiziom Iliz on eskopti e pedenn sant Josef er bloavez-mañ a zo gouestlet dezañ. Bez’ eo evidom eur skwer a feiz, a fiziañs, a evez ouz egile, a gendalc’h hag a nerz-kalon.
Goulenn a ran digand Doue benniga pep hini ahanoc’h :
Aotrou Doue,
Gwarezi a rit ar re a esper ennoc’h;
bennigit ho pobl, he dalhit dibistig, bezit eviti eun difennour, preparit anezi da dreuzi ar poaniou, hag evel-se, diwallet diouz ar pehed, er-mêz a daoliou fall an enebour, e kendalho bepred en ho karantez.
Dre Jezuz-Krist, or Zalver.
Je vous redis ma gratitude et je vous assure, Chers Frères et Sœurs, de ma prière et de mes sentiments bien fraternels. « Tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés. » (Ph 4, 1)
À Quimper, le 25 janvier 2021,
Fête de la conversion de saint Paul,
+ Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon
1 Le jubilé de Notre-Dame de l’Espérance à Pontmain a débuté le 17 janvier 2021 et se prolongera jusqu’au 16 janvier 2022. Une porte Sainte accueille les pèlerins.
2 « Proclamez l’Évangile à toute la création. » Lettre Pastorale de Mgr Laurent DOGNIN — Pâques 2019
3 Prière sur le peuple de la messe en temps de Pandémie — Cardinal Robert SARAH — Congrégation pour le Culte Divin et la discipline des Sacrements — 30 mars 2020.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Prenons de la hauteur…
Nous pouvons relire les chapitres 5 à 7 de l’Évangile selon saint Matthieu et, si possible, partager et prier sur ces textes avec d’autres.
Venons à la messe…
Comment nous stimuler en famille, avec nos proches, nos voisins… pour aller ensemble à la messe ?
Soyons fraternels…
Comment pouvons-nous porter une attention renouvelée aux situations que nous avons repérées comme «urgentes» au plus proche de nous (famille, quartier, paroisse…) ?
4 Prière d’Ouverture de la messe en temps de Pandémie — Ibid