Si Alizée a grandi dans une famille avec des racines catholiques, ses parents ont décidé de ne pas la baptiser. « Comme pour beaucoup d’enfants des années 80-90, ils ont décidé de me laisser le choix, confie la catéchumène. Pour autant, c’était une ouverture d’esprit en surface… »
Au nom de ce choix, Alizée tente une approche lorsqu’elle est enfant. « Nous avions des amis catholiques pratiquants et j’ai demandé à les accompagner à la messe. J’ai tout de suite été très impressionnée mais perdue. Je n’avais aucune culture religieuse et aucun code. » Moquée par sa famille, elle choisit de fermer la porte de la religion. « Je me rappelle qu’une fois, mon oncle faisait exprès de me provoquer par rapport à Dieu. Avec un regard adulte, je me rends compte que jamais je ne ferai ça. » Avec le recul, la jeune femme se rend compte qu’elle avait, malgré tout, plusieurs signes de la présence de Dieu dans sa vie. « Je crois que je ne me sentais pas concernée par le rejet de la foi de ma famille. Enfant, je faisais de l’équitation et pour lutter contre ma peur des cheveux, je me souviens que je priais avant la séance, pendant et après. »
Adulte, Alizée devient infirmière. D’abord dans un service d’hématologie où elle accompagne des personnes malades, parfois des fins de vie. « C’était difficile et en même temps, j’ai pu rencontrer des aumôniers de différentes confessions. » Elle ressent le besoin de faire une coupure et pendant deux années, elle devient assistante maternelle. Ce qui lui permet de passer davantage de temps avec sa fille. « Lorsque j’ai repris, en ehpad cette fois, j’ai pris davantage de distance avec ce que je vivais au travail. »
Sur son chemin, elle est accompagnée par Anthony. Presque depuis toujours, puisque celui qui est son mari aujourd’hui est un ami d’enfance. « Sa famille était croyante, un peu plus pratiquante. Lorsqu’on est sortis ensemble, nous avons parlé de la religion mais nous avons fait le choix de ne pas baptiser Juliette, par peur du regard. »
Le couple, qui vit jusqu’alors dans l’est de la France, arrive en Bretagne il y a trois ans. « J’ai découvert que j’étais enceinte et nous étions très heureux. » Quelque temps plus tard, Alizée découvre qu’elle fait une grossesse extra-utérine et elle vit un « avortement thérapeutique, un moment terrible. Deux semaines plus tard, nous apprenions que l’oncle de mon mari avait une leucémie foudroyante. Il est décédé en trois mois. Ça a été un coup de massue pour tout le monde. » Et pour Alizée, les questions sont nombreuses : « Qu’est-ce que je veux pour plus tard ? En quoi je crois ? J’ai ressenti une véritable colère à l’égard des autres, surtout des femmes enceintes, parce que moi, je n’arrivais pas à retomber enceinte. »
En 2023, la jeune femme fait une crise d’épilepsie. « Je n’ai pas tout compris mais lorsque j’ai repris conscience à l’hôpital, Anthony était en état de choc. Ça a marqué à un vrai changement entre nous. L’année qui a suivi, je n’ai fait que sourire, afficher une joie de vivre. Nous avons beaucoup parlé, mis les choses à plat. J’ai parlé de la foi et le chemin commençait pour moi. Je ne voulais pas rejoindre l’Église pour ne pas craindre la maladie mais pour confirmer quelque chose qu’il y avait à l’intérieur de moi. » Alizée va frapper à la porte de la maison paroissiale de Plabennec et rencontre Raymond Thomas, accompagnateur des catéchumènes sur sa paroisse. « Je chemine depuis. Au début, cela fait un peu peur car tu ne sais pas où tu vas, ce que tu vas apprendre. » Et il y a quelques mois, la catéchumène traverse une phase de gros doutes. « Peu de temps avant la journée de récollection des catéchumènes avec Mgr Dognin, j’ai pris la décision de tout arrêter. Raymond est venu discuter avec moi mais je n’ai rien voulu entendre. Je ne me sentais pas à ma place, pas honnête vis-à-vis de cette colère qui m’animait de nouveau. Cédric, qui se prépare au baptême avec moi, a essayé de me remotiver lui aussi. Le jour J, il m’a fait vivre la journée à distance, en m’envoyant des messages ou en m’appelant pour me raconter tous les témoignages qu’il entendait. Le soir, nous avons passé deux heures au téléphone et il m’a dit : ‘Je vais t’aider à ne pas flancher’. Cela a été libérateur et cela a changé quelque chose dans notre petite équipe. Depuis, nous parlons vraiment en sincérité. » Des liens qui n’ont fait que se renforcer puisque Anthony, le mari d’Alizée, sera le parrain de Cédric. « Cédric m’a tenu la main lorsque j’en ai eu besoin. Aujourd’hui, je suis très en phase avec ma demande de baptême. Je n’ai plus aucune colère. Ce n’est que le début d’une belle histoire. »