Cette fête d’origine rabbinique trouve sa source dans l’histoire tourmentée d’Israël.
Il nous faut remonter aux dernières années de l’occupation grecque d’Israël (-322 à – 165), et au règne du roi Antiochus IV Epiphane (- 175 à – 164) qui va imposer aux juifs, pour helléniser le pays, des lois contraires au Monothéisme et à la foi juive (interdiction de pratiquer la circoncision, le shabbat …), le Temple
de Jérusalem est profané, le culte de Zeus y est installé !
Ces violentes provocations suscitent la révolte des juifs contre l’occupant ; elle fut conduite par Judas-Maccabée. Malgré la disproportion des forces en présence, ce sont les juifs qui vont remporter la victoire. Dans la Bible chrétienne, ces faits sont rapportés par les 2 livres des Maccabées.
Après leur victoire, le Temple est restauré et purifié. La Menorah est rallumée avec la seule fiole d’huile consacrée qui avait échappé à la profanation du Temple. Elle devait durer une seule journée mais elle restera allumée 8 jours, le temps de fabriquer à nouveau de l’huile sacrée.
Pour les juifs ce sont 2 miracles et pour les célébrer il est institué à l’époque, la fête d’Hanoukka qui signifie INAUGURATION, CONSÉCRATION.
C’est une fête joyeuse, fête de la lumière triomphant sur les ténèbres, qui célèbre le retour de la lampe divine (ner tamid) au cœur du Temple, appelée à brûler perpétuellement au coeur de celui-ci (Lv 24, 1-4), On peut la rapprocher de la lumière rouge qui brille dans les églises près du tabernacle et rappelle la Présence Réelle .
La fête est toujours célébrée aujourd’hui et dure 8 jours; le 1er soir le père de famille allume la première lumière sur le chandelier et ainsi de suite jusqu’au 8ème jour. A noter que la 9ème branche sert à allumer les 8 autres.
Le chandelier est placé dans l’encadrement d’une porte ou d’une fenêtre et les lumières « doivent brûler 1/2 heure pendant laquelle toute occupation est déconseillée, hormis le fait de rester près des flammes en chantant les louanges de Dieu et, souvent, en dégustant des beignets » (Les fête de Dieu, P. Haddad).
Les enfants ne sont pas en reste et jouent avec une toupie à 4 côtés portant les lettres hébraïques N, G, H et S, acronyme de nes gadol haya cham « un grand miracle eut lieu là-bas ».
De très nombreux commentaires, juifs et chrétiens, entourent cette fête. Nous avons choisi de partager avec vous celui du PèreJean Massonnet , bibliste * qui inscrit la fête de Noël dans le prolongement de celle d’Hanoukka.
Nous souhaitons à nos frères et sœurs juifs une très belle fête de la lumière.
Service diocésain de relation avec le Judaïsme.
Deux lumières vont briller l’une à la suite de l’autre :celle de la Hanoukkiah (le chandelier à huit branches) dont le feu s’alimente à une huile inépuisable,et une autre, dont…
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Deux lumières vont briller l’une à la suite de l’autre :
celle de la Hanoukkiah (le chandelier à huit branches) dont le feu s’alimente à une huile inépuisable,
et une autre, dont le feu vient d’une étoile, celle de David.
Hannoukka : La puissance des empires totalitaires a voulu à plusieurs reprises éteindre la première flamme sans jamais y réussir. Antiochus « Épiphane », épiphanie de puissance et de nivellement, ne supportait pas cette lumière obstinée. Jupiter Olympien, « abomination de la désolation » (Dn 11,31 ; 12,11), il devait la souffler.
Mais la lumière éteinte dans le Temple continuait à briller dans les cœurs, jusqu’au jour d’exultation où elle a recommencé à briller de nouveau. Or, cela est rapporté par la tradition (bShabbat 21 b), la quantité d’huile non profanée qui restait dans le Temple ne suffisait que pour un jour, pas plus, et cependant elle put alimenter le chandelier pendant huit jours ! Signe que cette huile ne manquera jamais.
Les Romains ont rasé le Temple, Hadrien a voulu effacer toute trace de cette lumière, là où précisément elle devait briller, dans le Temple, bien plus, il a voulu étouffer la voix de la Torah, en vain. Les empires ne peuvent rien contre cette petite flamme.
La dernière entreprise ténébreuse, idolâtre, d’un orgueil infini, qui au siècle dernier a cherché à anéantir de cette flamme même le souvenir, a sombré dans le chaos. Au cœur le plus sinistre de cette entreprise, dans les chambres de la mort destinées à recevoir le souffle infernal, résonnait le Shema Israël, petite flamme vacillante qui refusait de s’éteindre, et devait un jour repartir de plus belle.
Noël : une étoile attire des savants d’Orient. Ils arrivent à Jérusalem : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » Il faut qu’Israël réuni au grand complet, prêtres et sages, leur en indique le chemin : Bethléhem de Judée, car il est écrit : « Et toi, Bethléhem, terre de Juda, tu n’es certes pas le plus petit des chefs-lieux de Juda : car c’est de toi que sortira le chef qui fera paître Israël, mon peuple » (Mt 2,6 ; Mi 5,2).
L’étoile les conduit jusqu’à la maison où est l’enfant. Y étant entrés, « ils se prosternent devant lui, et, ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent de l’or, de l’encens et de la myrrhe » (Mt 5,11), annonçant par leur geste le jour où les nations encore plongées dans les ténèbres monteront à Jérusalem, chargées de présents, attirées par cette lumière destinée à inonder le monde.
Hérode le Grand, le Magnifique, le dictateur maladivement jaloux de son pouvoir, au point de trucider sa femme Mariamne et trois de ses fils, craint pour son trône. « Il entra dans une grande fureur et envoya tuer, dans Bethléhem et tout son territoire, tous les enfants jusqu’à deux ans, d’après l’époque qu’il s’était fait préciser par les mages » (Mt 2,16), sombre préfiguration des massacres et génocides inspirés par la volonté de puissance. Ces textes, de genre midrashique, enseignent infiniment plus que la réalité historique qu’ils veulent illustrer, et qui est sous bien des rapports sujette à caution.
La lumière de Noël qui brille dans la nuit ne peut, pour les chrétiens, que prendre sa source dans l’espérance d’Israël. Grâce à elle, les nations sont invitées à reconnaître la flamme qui brille dans le peuple Juif, le feu au cœur de « l’Étoile de la Rédemption », dont les chrétiens sont les rayons selon la vision de Franz Rosenzweig. Les rayons jaillissent du feu de l’étoile, où brûle l’huile inépuisable.
Par quel aveuglement les chrétiens, et non des moindres parmi eux, ont-ils cherché à réduire la flamme de Hanoukka à l’état de braise sous l’éteignoir des ghettos et de la théorie du rejet et de la substitution ? Hanoukka, Noël, l’étoile de David, le feu de l’étoile et son rayonnement sont une espérance orientée vers l’avenir, lorsqu’une lumière Une, celle du Dieu UN, brillera dans le monde et dans le cœur de chacun, mais aussi, ils sont dès aujourd’hui une puissance capable d’exorciser dans notre humanité la mortelle volonté de puissance capable de l’entraîner dans le chaos.
En aval et en amont de ce qui nous sépare, chrétiens et Juifs, il y a ce qui nous unit :
la source et la fin !
Jean Massonnet, dimanche 18 décembre 2011
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