Je travaille dans une association qui accueille de jeunes migrants majeurs (peu de jeunes filles) qui ont obtenu un titre de séjour et qui louent un studio dans la structure qui m’emploie.
Je les accompagne dans leur prise d’autonomie à occuper un logement. Soit comme pour tout jeune, migrant ou non, je leur transmets au quotidien, mes savoirs utiles à la vie au quotidien : savoir-habiter/cohabiter, savoir-gérer un budget, savoir-entretenir un logement, savoir prendre soin de soi au niveau de sa santé physique et de son bien être psychique, savoir s’accorder des temps de pause et de loisirs également.
Travailler aux côtés de ces jeunes migrants est facteur d’une grande richesse. J’en retire une ouverture d’esprit qui s’élargit de jour en jour. Les autres résidents français et étrangers peuvent eux aussi profiter de la présence de migrants. Lors de temps collectifs que je propose en soirée, nous pouvons choisir de faire des courses ensemble pour préparer un repas ensemble et ensuite partager et apprécier tous ensemble les mets venus d’ailleurs, accompagnés de musiques du monde !
Mais travailler aux côtés de ces migrants peut aussi être difficile à gérer émotionnellement. Certains de ces jeunes migrants viennent me retracer leurs parcours de vie et de migration. Loin de leurs familles, leurs parents parfois morts, un frère ou des amis durant leur voyage sur terre et en mer qu’ils ont vu mourir sous leurs yeux, eux-mêmes séquestrés, violés, torturés…
Dans leur scolarité, ces migrants sont exemplaires, font taire les élèves perturbateurs de leur classes, trouvent des stages et des lieux d’apprentissage. Entière satisfaction. Les patrons souhaitent les garder, leur proposent des CDI. Mais parfois la justice rattrape ces jeunes migrants, un papier manque. Ils en ont des papiers, mais pas le bon.
Souvent je me dis, mais quel courage ! Chaque jour, aller de l’avant. Quelle force de vivre ! Comment ferais-je à leur place ? J’essaie chaque jour de leur faire voir une France accueillante, solidaire, inclusive. Durant le séjour qu’ils passent à mes côtés, je leur offre ma fraternité.
Pascale L