La restructuration des paroisses dans les diocèses bretons (1993-2003)

Sous l’effet des mutations sociales et de la sécularisation de la société française, conjuguée à une forte récession des effectifs du clergé, l’organisation territoriale de l’Église catholique en France a connu de profonds bouleversements dans les années 1990. Les diocèses bretons n’ont pas échappé à ce mouvement général puisque le nombre de paroisses bretonnes a été réduit de moitié entre 1997 et 2003, passant de 1750 à 860 paroisses canoniques pour l’ensemble des cinq diocèses bretons. L’auteur se penche sur les circonstances et motifs de ces réaménagements de la carte paroissiale des diocèses, puis montre comment fut préparée et mise en œuvre cette ou plutôt ces réformes, avant d’examiner les différents modèles de réaménagement mis en place dans les diocèses de Saint-Brieuc, Quimper, Rennes, Nantes et Vannes.

La Révolution française, avec la création des départements en 1790 puis le Concordat de 1802, avait bouleversé la carte des diocèses, désormais alignée sur la carte des départements, mais elle avait relativement peu modifié le quadrillage territorial pluriséculaire. La plupart des paroisses supprimées en 1790 lors de la création de communes seront d’ailleurs rétablies au cours du XIXe siècle. Ainsi, jusqu’au début des années 1950, les campagnes bretonnes vivaient à l’ombre de leurs clochers, dans une « société paroissiale » dictant ses modèles à la vie sociale, morale, culturelle, avant d’être profondément bouleversées par les mutations sociales des années 1960 et 70.
Pourtant, dès la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, curés et vicaires se rendent bien compte dans les grandes villes que l’institution paroissiale est devenue inadaptée : ce sera alors la grande période des œuvres paroissiales avec les patronages. Puis l’entre deux guerres voit l’essor de l’Action catholique dans une perspective de reconquête des milieux déchristianisés. À cette époque, en France, deux livres : La France, pays de mission ?, des abbés Godin et Daniel, et Paroisse, communauté missionnaire, de l’abbé Michonneau, ont un grand retentissement dans le clergé et inspirent un renouveau des méthodes et des idées pastorales. Dès les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, l’Église catholique se montre pionnière en matière de réorganisation territoriale, à la suite des enquêtes Boulard, et s’interroge sur l’avenir des petites paroisses et les limites du cadre paroissial. Des vicaires décanaux sont ainsi nommés avec une double mission : assister le curé d’une paroisse importante tout en étant aumônier d’Action catholique spécialisée (…)

I – Circonstances et motifs
Les arguments invoqués – Le rôle de la Conférence des Évêques de France

II – Préparation et mise en œuvre de la réforme
La méthode suivie dans le diocèse de Saint-Brieuc – Le changement de perspective : « Il faut aller plus loin »

III – Différents modèles
A) Création d’ensembles paroissiaux
B) Création de nouvelles paroisses et suppression des anciennes
C) Le cas de Nantes
D) L’exception vannetaise

Conclusion

Hervé QUEINNEC, « La réforme des officialités françaises de 2011. Quelques remarques historiques, doctrinales et pratiques »,
dans L’Année canonique 54, 2012, p. 361-376.