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Cérémonie de dévoilement d’une plaque en hommage aux victimes d’agressions sexuelles à Brest

Le mardi 28 mai 2024, une cérémonie solennelle s’est tenue au lycée Charles de Foucauld à Brest pour dévoiler une plaque commémorative en hommage aux victimes d’agressions sexuelles. Cet événement, organisé dans le cadre des démarches restauratives menées par l’Instance Nationale Indépendante de Reconnaissance et de Réparation (INIRR), a réuni Monseigneur Laurent Dognin, évêque de Quimper et Léon, Christophe Geffard, Directeur diocésain de l’Enseignement catholique du Finistère, deux représentants de l’INIRR ainsi trois personnes victimes : Jean-Yves Guéguen, Gérard Bihan et Philippe Abguillerm.

Le dévoilement de cette plaque de granit marque une étape significative dans le processus de reconnaissance et de soutien aux victimes, initié par le diocèse de Quimper et Léon. La plaque, érigée en mémoire des victimes, symbolise le respect et la reconnaissance envers ceux qui ont souffert, tout en réaffirmant l’engagement du diocèse à prévenir de telles tragédies à l’avenir. Laure de Balincourt, référente de situation à l’INIR, a souligné l’importance de cette démarche en déclarant : « On ne répare pas une vie fracassée et fragmentée… Donner un sens à leur souffrance, c’est très réparateur. Parce qu’au lieu de souffrir dans le vide et de ne jamais pouvoir refermer cette blessure, tout d’un coup, on passe à une souffrance qui a un sens. »

Philippe Abguillerm, l’une des victimes présentes, a exprimé son ressenti en ces termes : « Beaucoup de soulagement. C’est l’aboutissement d’un projet commun initié par Jean-Yves à la base. Mais cette plaque, pour nous, c’est une reconnaissance. L’évêque nous a demandé pardon. L’institution, l’enseignement catholique reconnaissent les faits. L’établissement accepte qu’on pose cette plaque. C’est très important pour nous. »

Engagement continu du diocèse de Quimper et Léon

Depuis plusieurs années, le diocèse de Quimper et Léon œuvre activement pour la mémoire et la réparation des victimes. En 2016, une cellule d’écoute pour les victimes d’abus sexuels a été mise en place. En mars 2022, suite aux recommandations de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église (CIASE), Monseigneur Dognin a nommé cinq membres à la commission diocésaine pour la protection des mineurs, chargée d’assurer une veille permanente, se déclinant en quatre axes principaux : l’accueil et l’écoute des victimes, la reconnaissance et la réparation, la prévention, et la dimension mémorielle.

Laure de Balincourt a expliqué le rôle de l’INIR dans ce processus : « L’INIR a été créée sous la présidence de Marie-Doreen de Vaucrescent pour accompagner toutes les personnes victimes de pédocriminalité au sein de l’église. Nous nous adaptons à elles et à leur rythme, explorant toutes les dimensions de leur vie affectée par les abus pour offrir une réparation qui a du sens pour elles. »

Gérard Bihan a témoigné : « Aujourd’hui, je ressens beaucoup de soulagement et de satisfaction de voir autant de monde, nos familles, nos amis, nos référents, l’église, la jeunesse. Tout cela nous remplit de quelque chose de très fort. »

Des mesures concrètes pour la protection

En juin 2022, Monseigneur Dognin a signé un protocole d’accord avec le procureur de la République concernant le signalement et le traitement des infractions de nature sexuelle sur les mineurs ou majeurs vulnérables. En janvier 2023, une signalétique avec le numéro de la commission diocésaine pour la protection des mineurs a été déployée dans tous les lieux accueillant le public. En novembre 2023, Monseigneur Dognin a promulgué la charte diocésaine pour l’accueil et l’accompagnement des mineurs et majeurs vulnérables. Depuis décembre 2023, des formations sur l’application de cette charte ont été organisées dans toutes les paroisses du diocèse.

Jean-Yves Guéguen a partagé son expérience : « Je vois différentes étapes dans nos témoignages. Mon premier témoignage a été anonyme, quand la CIASE a lancé son appel. Après cela, j’ai eu envie de sortir de cet anonymat, car j’avais l’impression que cela ne servait qu’à rentrer dans des statistiques. Je voulais être reconnu. »

Monseigneur Laurent Dognin a également exprimé ses sentiments sur l’importance de ce moment : « Nous avons l’impression qu’écouter les victimes suffirait, mais cela ne suffit pas. Il y a besoin de vivre quelque chose ensemble avec les familles, avec les témoins, pour pouvoir vivre une étape importante pour les victimes. Cette étape n’est pas seulement utile pour les victimes, elle est utile pour tout le monde, y compris pour nous qui sommes responsables. Ces moments nous sensibilisent encore davantage sur la souffrance des victimes et sur l’importance de la prévention. »

L’engagement de l’enseignement catholique du Finistère

Parallèlement, la direction de l’enseignement catholique du Finistère a instauré des programmes de protection et de sensibilisation à la prévention des risques d’agressions sexuelles dans tous les établissements du département. Ces initiatives comprennent des formations pour le personnel, des interventions de professionnels et d’associations auprès des jeunes, des points d’écoute, et des programmes scolaires dédiés. Ces mesures illustrent l’engagement inébranlable envers la sécurité et le bien-être de chaque élève, en créant des environnements éducatifs où chaque enfant se sent en sécurité, soutenu et respecté.

Ce moment solennel en présence des victimes représente une étape cruciale dans le processus mémoriel de reconnaissance et de réparation engagé par le diocèse de Quimper et Léon depuis de nombreuses années. Laure de Balincourt a conclu sur l’importance de la sensibilisation et de la prévention : « En fait, ça éveille toute cette conscience et éveiller la conscience de la société. C’est comme ça qu’on va s’emparer du problème pour pouvoir le combattre… ce qu’il faut combattre, c’est l’impunité. »

Monseigneur Laurent Dognin a ajouté : « Le rapport de la CIASE a été un déclencheur très fort pour les victimes, leur permettant enfin de s’exprimer après tant d’années. Il est essentiel pour nous de continuer à travailler avec les victimes, car leur témoignage nous aide à comprendre et à agir de manière plus efficace. Cette plaque commémorative est un outil pour que de telles atrocités ne se reproduisent plus, elle est là pour éveiller les consciences et prévenir d’éventuels futurs abus. »