Alexandre est l’un des catéchumènes adultes de cette année. Depuis six mois, il se prépare à recevoir le baptême lors de la Vigile pascale. Sa femme, Adelaïde, recevra, elle, le sacrement de confirmation.
Le trentenaire, installé sur la paroisse Notre-Dame du Folgoët – Abers – Côte des Légendes, est né et a grandi en Corse. Entre un père pas croyant et une mère extrêmement croyante… Il n’est pas baptisé enfant, pour lui laisser le choix de sa religion. « Ce n’était pas une priorité pour mes parents à ce moment-là. Pour autant, en grandissant dans une famille corse, le terreau était là. » Alexandre suit sa scolarité dans l’enseignement catholique au collège et au lycée. « Je me souviens que des prêtres donnaient des cours, qu’on avait la messe à l’école. »
Adelaïde, elle, a grandi en région parisienne dans une famille croyante et pratiquante. « J’ai été baptisée lorsque j’étais bébé. Mes frères et sœurs étaient enfants de chœur mais pas moi. » Lors de sa scolarité dans l’Enseignement catholique, elle fait sa communion et sa profession de foi. « Lorsqu’on m’a parlé de la confirmation au lycée, je ne me sentais pas prête à ce moment-là, sans pour autant l’écarter définitivement », partage la jeune femme.
Devenu adulte, Alexandre ressent un manque en n’étant pas baptisé. « Je pratiquais régulièrement au travail (il est militaire ndlr), j’assistais à des temps de prière… Et j’ai vraiment pris conscience qu’il me manquait ce sacrement du baptême. » Pour autant, avec un rythme de travail difficile à anticiper, la préparation lui semble difficile à conjuguer avec son emploi du temps. « Lorsque j’ai su que j’avais une longue période sans absence, je me suis lancé. » Au regard de son parcours personnel et professionnel, le Corse obtient une dérogation pour une préparation sur six mois et démarre le catéchuménat l’été 2023. Adelaïde le rejoint dans son parcours entre septembre et janvier, avant de rejoindre le groupe de confirmands de leur paroisse. Dans le même temps, le couple se prépare au mariage.
« C’est un choix qui est compris par nos amis et bien accueillis, reconnaît Alexandre. Encore davantage par nos amis sur la paroisse, qui sont, pour la majorité, originaires d’Amérique latine. Finalement, mes proches m’ont toujours connu pratiquant. D’ailleurs, beaucoup sont choqués lorsque je leur dis que je ne suis pas baptisé. »
« Faire ces préparations ensemble nous a permis d’évoquer des sujets que nous n’abordions pas avant, entre nous et avec d’autres, poursuit Alexandre. Ça a apporté d’autres choses dans notre relation. » Et Adelaïde d’ajouter : « Nous avons entre autres abordé la question du pardon, lors de la préparation au mariage. Le point de vue de l’Église n’est pas toujours facile à comprendre. »
Tout au long de son parcours catéchuménal, Alexandre a pu approfondir sa foi. « Cela pousse à des réflexions et à se remettre en question. J’ai à vivre en accord avec mes idées et cela interroge ma façon d’être au quotidien. Il faut parfois prendre du recul sur certaines choses et relativiser pour des sujets futiles. »
Après un peu plus de six mois de préparation, Alexandre recevra les sacrements de l’initiation chrétienne lors de la Vigile pascale.
Sur la paroisse Notre-Dame de Tout Remède en Pays de Landerneau, Laurent se prépare à recevoir le baptême lors de la Vigile pascale. Catéchumène depuis deux ans, il s’est mis en route à la suite de sa fille… et de son épouse, Béatrice.
Des parents mariés civilement uniquement, jamais à la messe… Laurent n’a pas été élevé dans la foi. « Cela n’a jamais été interdit mais pour autant, cela n’a jamais été proposé. En grandissant, j’allais souvent dans les églises pour allumer un cierge pour ma grand-mère. Je n’étais pas rebuté par la religion mais je faisais ce geste davantage en sa mémoire. Je me disais que s’il y avait un paradis, elle verrait que je pense à elle. »
Aucun manque de spiritualité, ni aucune interrogation sur la foi jusqu’à ce que sa fille, Lucie, démarre un chemin vers le baptême. « À ce moment-là, je me suis demandé si j’avais raison de me dire agnostique. Pour autant, je ne comprenais pas qu’il y ait autant de malheurs sur Terre, si Dieu existait. Finalement, je n’étais pas contre la religion mais rien ne m’y poussait. »
Il aura fallu les démarches de sa fille pour que Laurent entrouvre une porte. Pourtant, Béatrice, son épouse depuis 2010, a toujours été croyante. « Nous nous sommes mariés civilement en 2010. Nous n’avions jamais parlé de religion ensemble et elle ne m’a jamais dit que cela lui manquait de ne pas aller à la messe. » C’est l’arrivée des enfants qui met le sujet sur le tapis. « Dès qu’ils sont nés, j’ai dit à Laurent que je souhaitais qu’ils soient scolarisés en école catholique pour suivre l’éveil à la foi », confie Béatrice. Baptisée toute petite, elle a cheminé dans la foi avec sa grand-mère. « Mes parents ont toujours refusé que j’aille plus loin. Je me souviens que j’allais au caté sans leur dire. » Lorsqu’elle rencontre Laurent, Béatrice avait déjà été mariée à l’Église et avait divorcé civilement. « C’est pour cela que je n’ai pas demandé le baptême pour notre fille. » Pour autant, elle tient à ce que ces enfants suivent une scolarité dans l’enseignement catholique pour « garder le lien avec l’Église. Lorsque Lucie a commencé à rentrer de l’école en parlant de Jésus, j’ai compris qu’elle traçait sa route. »
À la suite d’une visite de l’église de Landerneau, proposée par l’école, Lucie, leur fille, demande à s’inscrire au caté. « Cela ne m’a pas dérangé, reconnaît Laurent. J’étais heureux pour elle. » Et Béatrice en profite pour faire un bout de chemin avec elle… jusqu’à ce que le père Erwan de Kermenguy l’interpelle. « Il est venu me voir en me demandant quand est-ce que je faisais ma communion. » Catéchèse, groupe de partage biblique, messe du samedi soir… Béatrice poursuit sa route, avec sa fille Lucie. « Je leur ai dit que je viendrais avec elles quand j’en aurais envie, que je ne voulais pas être forcé, reconnaît Laurent. Au début, j’étais juste accompagnateur pour que Lucie puisse poursuivre son chemin de foi. J’entendais ce qui était dit à la messe mais je trouvais cela trop rituel et répétitif. J’ai appris le Notre Père et le Je Vous salue marie pour être un bon père mais cela s’arrêtait là. »
De semaine en semaine, Laurent entame une réflexion. « J’ai compris que la foi et la raison ne s’opposaient pas, que croire n’altérait pas le libre arbitre. Qu’il n’y avait aucune honte à douter alors que je pensais qu’il fallait croire aveuglément. J’avais beaucoup de questions comme pourquoi ne peut-on pas aller au paradis si on n’est pas baptisé. » Si Laurent accompagnait Béatrice au départ, l’inverse s’est produit. « Je n’étais plus un accompagnateur passif. C’est moi qui voulais vraiment aller à la messe, », raconte le catéchumène. « Y aller ensemble était notre moment de pause à deux », confie le couple.
Fin 2022, Laurent, militaire, part en opération au Niger. « Il y avait une chapelle militaire avec une messe tous les dimanches. J’en avais besoin et c’est là que j’ai pris mon autonomie dans mon parcours de foi. Je n’avais plus besoin d’accompagnateur. Quand je suis rentré, j’avais pris mon envol et en février 2023, j’ai décidé de faire un choix, je ne pouvais plus faire semblant d’être simplement là pour accompagner ma femme et ma fille. » Il fait son entrée en catéchuménat et suit le parcours de catéchèse pour adultes sur la paroisse et rejoint un groupe de catéchumènes adultes. « Lorsque j’ai pris conscience que nous étions de nombreux adultes à demander le baptême (65 cette année, ndlr), je me suis dit que je n’étais pas un alien. » Laurent suit un parcours adapté à sa vie professionnelle. S’il recevra les sacrements du baptême et de l’eucharistie sur sa paroisse, il sera confirmé dans le diocèse aux armées en 2025, lors du pèlerinage annuel à Lourdes.
Trois croyants, trois pratiquants dans la famille, avec chacun leur place. Lucie est enfant de chœur, Béatrice est catéchiste et Laurent a rejoint la chorale paroissiale. « Nous avons un cheminement individuel, mais ensemble. Lucie a été le déclencheur, confie le couple. Elle nous a amenés vers la lumière de la foi. Tout ce cheminement nous a rapprochés encore davantage. » Et Béatrice d’ajouter à propos de son mari : « Il a franchi le seuil, tranquillement mais sûrement ».