La conversion missionnaire des paroisses et des services diocésains. Samedi 23 septembre, près de 200 curés, prêtres, membres des équipes pastorales et des services diocésains se sont retrouvés au juvénat de Châteaulin pour vivre l’assemblée diocésaine de rentrée. Un temps fort de l’année pastorale qui a permis d’annoncer la nouvelle organisation des services diocésains.
« Depuis plusieurs décennies, l’Église en Europe, et notamment en France, vit une mutation importante passant d’une société globalement chrétienne, surtout en Bretagne, où la plupart des enfants allaient au catéchisme et où la pratique de la messe était encore très forte, à une Église de conviction avec un pourcentage faible de familles chrétiennes pratiquantes et donc peu d’enfants catéchisés, y compris dans nos écoles catholiques, a introduit Mgr Dognin. Le nombre de prêtres n’en est pas une cause, mais une conséquence (1000 prêtres actifs en 1960 et 84 aujourd’hui).
Cette mutation historique est d’autant plus difficile à vivre qu’elle se passe dans la durée d’une vie humaine : les personnes les plus âgées ont connu toute cette mutation. C’est l’histoire de l’Église en Europe aujourd’hui et nous sommes invités à répondre à l’appel du Seigneur dans le contexte qui est le nôtre. L’Esprit Saint est à l’œuvre et c’est lui qui a la main. Nous devons témoigner de cette joie de découvrir l’Évangile et la transmettre. Le Seigneur fait de grandes choses avec les petits nombres. Cette mutation est une opportunité. Elle nous pousse à approfondir et à nourrir notre foi. »
Revenant sur les orientations pour les paroisses nouvelles promulguées en 2017, l’évêque a rappelé l’enjeu du projet pastoral. « Toutes les paroisses essaient de s’adapter, avec parfois des résistances car cela implique un renoncement. » Petites fraternités, Renouveau presbytéral pour la mission, diaconie, Devenir chrétiens en famille… Autant de chantiers en cours qui « peuvent laisser penser que nous allons dans tous les sens. Pourtant, nous allons, au contraire, dans un seul sens : la Joie de l’Évangile ! Nous essayons de mettre en œuvre dans nos paroisses l’Exhortation apostolique du pape François, elle-même résultat du synode sur la nouvelle évangélisation. Nous sommes donc « en plein dedans », et tous ces chantiers vont dans cette même direction, avec des approches complémentaires. Il y a donc une grande convergence dans ces différents chantiers. Nous sentons que l’Esprit Saint nous pousse à annoncer l’Évangile aujourd’hui, d’une façon renouvelée ; il nous pousse à vivre cette joie et à la partager au plus grand nombre ! Tous ces chantiers doivent aboutir à des Orientations diocésaines plus concrètes qui vont se préparer lors des assemblées diocésaines de cette année et de l’année prochaine. »
Dans un second temps, le père Jean-Yves Dirou, délégué diocésain à la formation, a développé le thème de la conversion missionnaire, à la lumière du concile Vatican II et du texte Gaudium et Spes : « Pour mener à bien cette tâche (la collaboration sincère de l’Église pour l’instauration d’une fraternité universelle) l’Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques. Il importe donc de connaître et de comprendre ce monde dans lequel nous vivons, ses attentes, ses aspirations, son caractère souvent dramatique. » (chapitre 4, §1)
Ce texte est une invitation à se recentrer sur la « pédagogie divine elle-même. De fait, Révélation de Dieu et salut dans le Christ sont toujours une proposition et une rencontre avec l’Homme ; le dessein de Dieu est de nature et de structure dialogale (lire §4 et §5 de Dei Verbum). Il y a là les conditions balisées d’un chemin pour l’Église et sa mission…La Révélation du Dieu de Jésus-Christ est Incarnation, la Parole faite chair, historiquement apparue dans notre monde et notre histoire. La Révélation est toujours médiatisée.
Si annoncer l’Évangile est la mission de l’Église depuis toujours, le contexte est nouveau. C’est celui-là même qui a poussé saint Jean-Paul II à parler de la nouvelle évangélisation, puis Benoit XVI a crée le conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation en 2010. La nouvelle évangélisation est une réponse de l’Église « au phénomène d’abandon de la foi qui grandit dans les sociétés et les cultures imprégnées depuis des siècles du message évangélique ».
Elle implique une évangélisation de l’Église elle-même, « un constant renouvellement intérieur, un changement continu, pour ainsi dire, d’évangéliser les évangélisateurs ». C’est dans ce contexte que l’Église diocésaine a connu plusieurs évolutions. Parcours synodal au début des années 2000 avec Mgr Guillon, Pentecôte 2012 avec Mgr Le Vert, paroisses nouvelles avec Mgr Dognin en 2017…
Dans le monde en mutation, l’Église doit adopter une double attitude complémentaire : celle de marcher ensemble pour les disciples-missionnaires, et parmi eux, les acteurs pastoraux ; et celle d’aller à la rencontre de tous, notamment tous ceux qui croisent la vie d’une paroisse, d’une communauté chrétienne locale.
C’est dans ce contexte de défis à relever qu’intervient la nouvelle organisation du diocèse. Manque de temps et de ressources des services diocésains et des paroisses, manque de connaissance des attentes des paroisses et de leurs priorités, manque de coordination dans les projets… Autant de constats qui poussent le diocèse de Quimper et Léon à réorganiser les services diocésains. « Cette décision permet d’apporter une réponse à un bilan qui nous impose de réagir, commente le père Sébastien Guiziou, vicaire général. Nous nous donnons les moyens de faire face aux défis actuels et futurs, d’un point de vue évangélique, humain et financier.
Depuis la rentrée de septembre, les services diocésains deviennent donc des services pastoraux missionnaires, qui « participent à l’évangélisation en contribuant par leurs compétences à la bonne réalisation des projets, en fonction aussi des attentes pastorales des paroisses ». Ils sont regroupés en trois pôles : Annonce et célébration de la foi, Accompagnement des jeunes et des vocations et Église et société. Ils sont accompagnés par des services supports, « au service des services pastoraux missionnaires et des paroisses pour aider à l’évangélisation. Leur apport et leur champ d’action sont transverses : ils concernent l’ensemble des services diocésains et des paroisses ». Enfin, les délégations « contribuent à l’évangélisation en éveillant les paroisses à des domaines particuliers de la vie de l’Église (ministères, autres religions, projets diocésains temporaires, etc.).