Lv 13,1-2.45-46 ; Ps 101 ; 1Co 10, 31-11,1 ; Mc 1, 40-45
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et Sœurs,
Ces textes, nous les connaissons bien, car nous les avons entendus bien des fois, mais dans ce contexte de pandémie, nous les écoutons d’une façon un peu différente. Nous avons, sûrement, à accueillir le message évangélique d’une manière renouvelée.
La première lecture du Livre du Lévitique nous aide à comprendre l’Évangile. Il me semble que nous ne comprendrions pas le sens profond de cette rencontre avec le lépreux si nous n’avions pas d’abord lu ce passage ! Nous voyons bien qu’il ne s’agit pas d’une banale guérison d’un malade. C’est beaucoup plus que cela !
Dans le Livre du Lévitique, donc, des règles ont été imposées par rapport aux malades de la lèpre :
Lorsque nous lisons cet Évangile, nous nous apercevons que le lépreux ne respecte pas cette loi. En effet, « il vint auprès de Jésus » et « tomba à ses genoux ». Et Jésus, aussi, transgresse la loi, car il aurait dû s’écarter de lui pour ne pas devenir lui-même impur et au contraire, Jésus fut pris de compassion et « étendit la main et le toucha ». Étendre la main, dans la Bible, manifeste la puissance de Dieu (ainsi que nous le voyons dans le Livre de l’Exode, lorsque Moïse étend la main pour provoquer les plaies d’Égypte). En le touchant, Jésus manifeste la proximité, de l’amour de Dieu vis-à-vis de cet homme.
Cette transgression mutuelle exprime la miséricorde divine qui prend des risques pour sauver, pour donner la vie. Nous nous en rendons compte, déjà, par le fait que le lépreux s’approche de Jésus et nous entendons Jésus nous dire, dans l’Évangile selon saint-Jean : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » (Jn 6, 44).
Le lépreux est attiré vers Jésus, lequel lui manifeste la miséricorde divine en le touchant pour le guérir.
Nous connaissons des saints qui ont touché également des personnes malades pour prendre soin d’elles, et je pense à Santig Du, à Quimper, qui prenait soin des pestiférés jusqu’à mourir lui-même de la peste en le faisant. Finalement, ces saints ont imité le maître, Jésus, qui en montant sur la croix, a été jusqu’au bout de ce don de soi pour sauver les hommes.
Dans la crise sanitaire que nous traversons actuellement, nous devons croire que le Christ ne s’éloigne pas de nous. Au contraire ! Mais nous sommes invités, nous-mêmes, à ne pas nous éloigner du Christ. Ne restons pas à distance de lui dans cette période ! Même si le Père a attiré le lépreux vers Jésus, c’est bien le lépreux qui a fait la démarche de venir auprès de Jésus jusqu’à tomber à ses genoux. Nous aussi nous avons à nous approcher du Christ et même de la croix du Christ en cette période.
Il faut reconnaître que nous sommes un peu assommés par les consignes sanitaires, par ce que nous pouvons faire ou pas, par les informations inquiétantes ou qui nous rassurent parfois, par tout ce que nous pouvons voir passer sur les réseaux sociaux, le vrai comme le faux… Nous sommes un peu perdus, et je pense qu’il y a deux manières de réagir :
Il y a actuellement beaucoup de tensions dans la société et dans l’Église en raison de cette pandémie. C’est devant la croix du Christ que nous pouvons retrouver la véritable communion et l’amour mutuel.
Et en ce temps où beaucoup de gens souffrent et pas seulement du Coronavirus, mais aussi de la solitude, de la précarité, du manque d’espérance, nous nous sentons appelés à partager autour de nous cet amour du Seigneur qui console, qui guérit, qui pardonne, qui redonne courage et espérance. Comme le dit saint-Paul dans la deuxième lecture « Ainsi, moi-même en toute circonstance, je tâche de m’adapter à tout le monde, sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés. »
C’est un beau message qui nous est donné ce dimanche en ce temps de pandémie. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon