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Chronique du Père Job an Irien : Bro Irak / Irak

Bro Irak

«Pep hini e-noa e relijion : Sunnited, Chiited, Kurded, Yezidi, Kristenien… hag e vevem kichenn ha kichenn evel breudeur… Irakiz e vedom oll.» Evel-se e konte eur gwaz euz Mossoul, e kerz abadennou tele, ’n-eur zisplega penaoz e oa bet distrujet e vro en hanter-kant vloaz diweza. «An traou a grogas da dreñka pa oe broadelaet ar petrol gand Saddam Hussein e 1972… Hag abaoe 1980 beteg ar bloaveziou diweza koulz lavared n’on-eus anavezet nemed feulster, brezel, distrujou ha mizer : brezel eneb an Iran, armou chimik eneb Kurded, brezel eneb ar C’howeit, embargo epad 12 vloaz ha distruj an tredan ha, da heul, kolera ha tifoid, ar vro dindan dalc’h an Amerikaned etre 2003 ha 2011, brezel diabarz etre Sunnited ha Chiited, Daech e 2014… Bruzunet eo bet or bro, on ti deom oll…».
Tro on-eus bet amañ en or c’horn-bro da zigemer Irakiz kristen euz Karakosh, hag o-doa gellet tehed d’ar mare m’o-deus tud Daech saillet war an tachad-se euz ar vro, hag on-eus santet mad pegen diwriziennet e oant ha pegement e vañke dezo o bro. Milierou ha milierou a gristenien o-deus evel-se kuitaet o bro evid savetei o buez. Pa zioula bremañ eun tammig ar vro, e-neus ar Pab Frañsez divizet mond d’an Irak epad tri devez e penn kenta miz meurz da galonekaad an oll oberourien a beoc’h, ha da genta eveljust an oll gristenien a zo er vro. Reñket eo ar veaj gand ar c’hardinal Sako, patriarch katolik ar C’haldeaned, hag anavezet mad e Bro-Frañs ’lec’h m’eo deuet meur a wech da c’houlenn sikour evid e bobl. Ar wech kenta e vezo d’eur pab mond d’an Irak, ha kement-se ouspenn daoust d’ar C’hovid19 ha d’an nebeud a zurentez.
Evid an oll ez aio ar Pab d’an Irak. D’ar 6 a viz meurz ez aio da Nadjaf, hag a zo, ’vid Chiited an Irak, par d’ar Vatikan evid ar gatoliked, evid eun emgav prevez gand an ayatollah Ali Al Sistani. Hemañ a zo gwelet ’vel eun den fur, a c’heller komz gantañ. Pa zisklêr eur «fatwa» e vez gwelet houmañ ’vel eul linenn ruz ha ne tleer morse lammad dreist. Red eo ive derhel soñj eo chiited tri ugent dre gant euz poblañs ar vro. «An emgav-se a vezo a-bouez braz evid ar Vuzulmaned, ar gristenien, hag an oll Irakiz», eme Adel Bakawan. Kement kammed war-zu ar peoc’h, er vro-ze hag a zo bet ken merzeriet abaoe hanter-kant vloaz, a dalvez ar boan beza anavezet, ha n’eo ket anad koulskoude e vefe greet kalz ano a gement-se war mediaou or bro !

*(Hervez eur pennad war «La Croix»)


Irak

«Chacun avait sa religion : Sunnites, Chiites, Kurdes, Yézidis, Chrétiens… et nous vivions côte à côte comme des frères… Nous étions tous Irakiens…» Ainsi racontait un homme de Mossoul au cours d’émissions de télévision, expliquant comment son pays avait été détruit au cours des cinquante dernières années. «Tout commença à aller mal quand Saddam Hussein nationalisa le pétrole en 1972… Et depuis 1980 jusqu’à ces dernières années pour ainsi dire, nous n’avons connu que violence, guerre, destruction et misère : guerre contre l’Iran, armes chimiques contre les Kurdes, guerre contre le Koweït, embargo pendant douze ans avec destruction de l’électricité, avec comme conséquence le choléra et la typhoïde, occupation par les Américains de 2003 à 2011, guerre civile entre Sunnites et Chiites, Daech en 2014… Notre pays est en miettes, notre maison à tous…».
Nous avons eu l’occasion ici d’accueillir des Irakiens chrétiens de Karakosh. Ils avaient pu s’enfuir au moment où Daech s’emparait de cette partie du pays. Nous avons bien réalisé combien ils étaient déracinés et combien leur pays leur manquait. Des milliers et des milliers de chrétiens ont ainsi quitté leur pays pour sauver leur vie. Maintenant que le pays se calme un peu, le Pape François a décidé de se rendre en Irak pendant trois jours au début du mois de mars pour encourager tous les acteurs de paix, et d’abord bien sûr tous les chrétiens du pays. Le voyage est préparé par le cardinal Sako, patriarche catholique des Chaldéens, et bien connu en France où il s’est rendu bien des fois pour demander de l’aide pour son peuple. Ce sera la première fois qu’un Pape se rende en Irak, et cela malgré la Covid19 et l’insécurité.
C’est pour tous que le Pape ira en Irak. Le 6 mars il se rendra à Nadjaf, qui est pour les Chiites d’Irak comme le Vatican pour les catholiques, pour une rencontre privée avec l’ayatollah Ali Al Sistani. Celui-ci est vu comme un sage, avec qui on peut dialoguer. Quand il promulgue une Fatwa, celle-ci est vue comme une ligne rouge qu’il ne faut jamais franchir. Il faut aussi se souvenir que les Chiites sont 60% de la population du pays. «Cette rencontre aura une valeur inestimable pour les musulmans, pour les chrétiens, pour tous les Irakiens», selon Adel Bakawan. Chaque pas vers la paix, dans ce pays qui a été si martyrisé depuis cinquante ans, mérite d’être connu, et ce n’est pas évident pourtant qu’on en parle beaucoup sur les médias de chez nous !

*(D’après un article de La Croix)

Tad Job an Irien