Rumengol est un sanctuaire diocésain dédié à la Vierge mais également à la Trinité. Haut lieu de pèlerinage et de pardons, de nombreux rassemblements se déroulent sur ce site au centre du diocèse de Quimper et Léon.
Au Vè siècle, à l’époque de saint Corentin, évêque de Kemper (Quimper), le roi Gradlon, après la submersion de la ville d’Ys, se rendait à l’abbaye de Landévennec en compagnie de son ami saint Guénolé. Passant sur le sommet du Ménez-Hom, il aperçut au loin, dans le vallon du Faou, les feux d’un sacrifice païen, à l’endroit appelé Rumengol. A cette vue, son cœur se serra de tristesse, et à l’instant même il fit vœu de remplacer ce sanctuaire d’idolâtrie, par une église chrétienne dédiée à la Trinité.
Cet événement aurait vivement impressionné les populations évangélisées par saint Guénolé ou soumises à la domination de Gradlon. Dès lors les légendes qui, de génération en génération, se contèrent dans les chaumières bretonnes, disent que tous les ans, le dimanche de la Trinité, Gradlon et saint Guénolé viennent encore sur le Ménez-Hom voir si les Bretons sont demeurés fidèles à la foi chrétienne.
Rumengol aurait été un centre religieux où affluaient les Occismii, avant la prédication de la foi chrétienne et avant les émigrations bretonnes. Sous les ombrages mystérieux de la forêt du Cranou, on y aurait célébré, à l’époque du solstice d’été, des pratiques druidiques.
Les premiers missionnaires chrétiens n’auraient donc fait que christianiser un mouvement préexistant, en élevant sur un lieu de superstitions païennes une église dédiée à la Trinité et à la Vierge Marie. La légende fait remonter au Vème siècle, la volonté de St Guénolé (fondateur de l’abbaye de Landévennec) et de St Corentin (premier évêque de Quimper) d’établir un lieu de culte chrétien à Rumengol.
Cette légende est illustrée sur la belle verrière, au fond du chœur de l’église : la statue de la Vierge sur le dolmen, des païens chassés par St Guénolé, en présence de St Corentin et du roi Gradlon tenant dans ses mains l’église de Rumengol.
Au XIIème siècle, des documents prouvent le rattachement de Rumengol à l’abbaye de Daoulas. Au XVème siècle, Rumengol devient une trêve de la paroisse d’Hanvec avant d’être paroisse autonome, fin du XVIIème, début du XVIIIème.
Elle a été construite en 1880. C’est une gracieuse chapelle gothique, dont le parquet s’élève d’un mètre cinquante au moins au-dessus du niveau du sol, et dont les fenêtres, largement ouvertes, permettent de voir les cérémonies de toutes les directions. On y chante grand’messe et vêpres le dimanche de la Trinité, et toutes les fois que la foule des pèlerins est quelque peu considérable. L’autel y est en marbre.
La croix de Kergadiou, à 600 mètres du bourg sur la route du Faou. C’est une très belle croix, en Kersanton, érigée en 1871, en place d’une autre croix qui de temps immémorial existait en cet endroit. Elle est l’œuvre de Larc’hantec, sculpteur breton originaire de Plougonven.
Le calvaire est probablement antérieure à l’église actuelle. Sous les pieds du Christ sont gravées les armes des vicomtes du Faou en alliance avec les Quelennec et les Poulmic. Or, c’est en 1433 que Jean de Quelennec vicomte du Faou, se maria à Marie du Poulmic. Cette croix avait été déplacée dans le cimetière mais depuis 2009, elle a retrouvé sa place dans l’enclos paroissial.
Au milieu du bourg, à cinquante mètres de l’église, est la fontaine miraculeuse, entourée d’une enceinte quadrangulaire dans laquelle on descend par deux escaliers. Elle alimente un bassin et un lavoir. L’édicule à arcade ogivale abrite un bas-relief de l’Annonciation en Kersanton, et deux statuettes de saint Guénolé et de saint. Fiacre. Elle a été construite en 1792.
A 600 mètres à l’est de l’église du sanctuaire, sur la route du Cranou, s’élève la chapelle dite de saint Jean, construite en 1829. Elle était en forme de croix, sans bas-côté, et le chœur était flanqué de deux sacristies. Le pignon occidental supportait un clocher assez élégant muni d’une cloche au son argentin. Ouverte aux pèlerins aux jours de pardon, elle renfermait les statues de saint Jean-Baptiste et de saint Corentin, auxquels elle était dédiée. La vie de saint. Jean-Baptiste y était peinte sur les murs à l’intérieur, en quatre médaillons. On y chantait les offices le 24 juin. Le jour de Noël 2013, la foudre a pulvérisé le clocher. Seul le soubassement des murs a résisté à l’abandon de ce site.
L’église a été fondée en 1536 dans la pierre de kersanton. Après plusieurs transformations, sa forme et ses dimensions actuelles dateraient du milieu du XVIIIème siècle. Le clocher est accessible par une tourelle ronde d’escalier extérieur, couronnée d’un dôme et d’un lanternon, achevé en 1750. En dessous, le portail ouest est l’une des plus belles pages de la Renaissance en Basse-Bretagne. L’entrée se fait par le porche sud, abritant les statues de pierre des douze apôtres ainsi qu’une représentation de l’Annonciation.
A l’intérieur de l’église, malgré la simplicité du plan, ce qui frappe surtout, c’est l’ensemble harmonieux des autels avec leurs retables richement sculptés. L’or y a été répandu avec une telle profusion que jadis elle a été désignée sous le nom de : « église aux saints dorés ».
Rumengol célèbre deux grands pardons diocésains :
Chaque fête de la Vierge est l’occasion d’une célébration à l’église :
Le pardon de la Trinité a toujours été et reste incontestablement le plus considérable. Dans ses grandes lignes, ce pardon a conservé sa physionomie traditionnelle.
Anatole Le Bras, s’étant rendu un samedi soir, la veille de la fête de la Trinité au Pardon de Rumengol, s’est complu à relater, dans « Au Pays des Pardons », les impressions qu’il ressentit durant le trajet de Quimerc’h jusqu’à la bourgade sacrée : « Le vrai caractère des pardons de Rumengol est une piété fervente et recueillie. Cette piété des pèlerins se manifeste par un esprit de foi qui les mène aux sources de la purification, de la réconciliation et de l’action de grâce dans les sacrements de Pénitence et d’Eucharistie, sous le regard de la Vierge de Tout Remède. Démarche pénitentielle, communion, vénération de la statue de Notre Dame, longues stations de prière à l’église ou dans le champ du Couronnement, participation fervente à la veillée de nuit, au chapelet, à la procession sont les attitudes du « pardonneur » de Rumengol, aussi bien aux grands jours de la Trinité qu’au 15 août. »