En respectant les règles sanitaires et le couvre-feu, nous nous sommes retrouvés à pratiquement cent personnes ce vendredi 18 décembre à 18h à l’Église de Bellevue pour célébrer ensemble Noël où nous avons repris pour thème le message de la mission ouvrière « que les invisibles deviennent visibles ». Une célébration animée par Patrick Richard qui démarrait avec le chant « C’est une espérance » : le ton était donné. L’eucharistie a été concélébrée par Pierre FEREC et Eric de KERMADEC ; c’est Jean Yves LESCOP diacre qui a proclamé l’Evangile et prononcé l’homélie.
Un diaporama réalisé par la Mission Ouvrière et illustrant le message de Noël fut très apprécié.
Un moment fort et intense qui a mis beaucoup de chaleur au coeur de chacun et qui a permis à plusieurs personnes de témoigner de leur vie en ces temps difficiles et de leur foi aussi :
Nadine aide-soignante à domicile, Irène et Corinne très présentes sur le quartier de kérourien, Jonathan jeune migrant, Claude salarié à Ikéa, l’équipe « place et parole des pauvres »
Entre chaque prise de paroles le refrain :
trop besoin d’espoir, trop besoin de croire
qu’un homme est un homme debout,
trop besoin d’espoir, trop besoin de croire
qu’il a le droit aux mêmes droits partout
Un temps de bonheur d’être là, de lever tous ensemble cette petite lumière ,de partager l’eucharistie après avoir partager un peu de nos vies :
« rien n’est impossible à Dieu mais Dieu n’agit pas sans nous ; Dieu a besoin de nous aujourd’hui pour être ses mains, son regard. Même des petits riens, c’est énorme pour certaines personnes , juste leur parler c’est énorme. Donner de mon temps aux autres, même après le travail, c’est sincère, ce n’est pas une contrainte … »
Nous avons terminé cette célébration par le chant :
Pour un seul et même Dieu ils deviennent chemin et portent la lumière,
Pour un seul et même Dieu ils deviennent chemin et partagent le pain
J’ai traversé le quartier de Kérourien, j’ai rencontré Suzanne qui me dit : Irène il y a une chorale qui se forme boulevard Montaigne ; j’y suis allée, je me suis inscrite et depuis cela nous fait du bien- d’être ensemble : que de joies et de rires pendant les répétitions, chanter c’est merveilleux ! Et on a fait de petits concerts devant des personnes ; ceux qui nous écoutent reprennent les refrains avec nous, des applaudissements sont la preuve qu’ils sont contents et heureux, qu’on leur donne le bonheur d’être ensemble. Aujourd’hui on ne peut plus se réunir alors Robert notre responsable nous appelle pour prendre des nouvelles de notre santé, voilà. A la chorale, parmi nous beaucoup ne connaisse pas bien la musique mais on apprend en répétant les chants ensemble. Nous ne sommes plus invisibles, nous sommes devenus visibles.
J’ai commencé au Maquis à St Pierre avec le théâtre du grain pour les 50 ans de Kérourien et depuis j’ai participé à l’atelier de théâtre avec Ressort, du coup nous sommes devenus des comédiens amateurs donc nous préparons une pièce sur la violence conjugale. Cela m’a permis la confiance en soi, de rencontrer d’autres personnes et de se mettre en valeur. Je suis bénévole au maquis depuis 2 ans, cet été nous avons organisé avec le Maquis, la CSF et le Centre Social l’animation du quartier après le confinement : fenêtre ouverte pour inviter les habitants du quartier à y participer, une occasion pour sortir de chez eux.
Lors du dernier confinement, nous avons travaillé pendant cette période sauf que les contrats étudiants, CDD, Intérim n’ont pas été renouvelés. Certes, certains collègues sont venus nous aider mais ce n’était pas suffisant. D’où un débrayage des salariés le samedi 12 décembre dernier quand on a vu que les primes de fin d’année ne seraient pas payées, l’entreprise dégageant des bénéfices…
Annick m’a demandé si je pouvais faire un témoignage pour cette célébration de Noël pour dire mon travail d’aide soignante à domicile. Je dois dire que je n’étais pas très motivée et optimiste.
En ce moment, au travail,c’est difficile : la fatique, le stress, la difficulté de prendre en charge beaucoup de personnes et un manque de personnel. On a toujours l’impression de courir, de ne pas prendre le temps qu’il faudrait. Et puis en relisant le message de Noël, je pense à mes collègues de travail ;
Toi, Sébastien, quand tu prends le temps d’installer Maria le plus confortablement possible, pour qu’elle soit bien,
Toi, Morgane, toujours prête à donner un coup de main, à nous appeler pour savoir si on est bien dans la tournée,
Toi, Martine, qui te donnes à fond au syndicat pour améliorer les conditions de travail et par la même occasion, celle des patients,
Toi, Julie, qui réconforte le mari d’une patiente, dont l’état se dégrade et qui ne sait plus quoi faire pour sa femme,
Et je pourrais encore citer beaucoup d’autres collègues.
Et vous, les patients qui attendez notre passage pour être levés, lavés, habillés, mais aussi pour échanger, discuter, parfois aussi chanter….oui je pense
à toi Marie, tu aimes chanter quand nous faisons la toilette. Ton plaisir, ton sourire me fait du bien à moi aussi.
A toi, Simone qui « perd la tête » mais qui le sait et peut aussi en rire.
A toi Annette, chez qui nous sommes si bien accueillis, où le café nous attend, et où nous avons toujours des remerciements de ta part.
Vous aussi, vous êtes des invisibles, des fragiles, souvent isolés, parfois aussi des cabossés de votre vie d’avant.
Alors oui, passer du temps, prendre soin de vous, prendre le temps de vous écouter, de vous rassurer, de vous accompagner dans la fin de votre vie, c’est peut-être aussi !’Esprit de Noël qui vous anime alors.