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5 mars 2025 — Messe des Cendres — Cathédrale Saint-Corentin (Quimper) (29)


Jl 2, 12-18 ; Ps 50 ; 2Co 5, 20-6,2 ; Mt 6, 1-6.16-18

Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement

Frères et sœurs,

Aujourd’hui, nous entrons dans le temps du Carême, une période qui durera quarante jours. Pourquoi quarante ? Pourquoi pas quatre-vingt-dix jours comme certains sites le proposent ? Tout simplement parce que Jésus a passé quarante jours dans le désert avant de commencer son ministère public. Cet événement est relaté dans l’Évangile que nous entendrons dimanche prochain. Ce fut un temps d’épreuve pour Jésus, où le démon a cherché à le détourner de sa fidélité à son Père et à sa mission. Et, Jésus est sorti vainqueur de ce combat spirituel, comme nous le savons.
Nous sommes appelés à vivre nous-mêmes le Carême dans cet esprit-là : comme une mise à l’épreuve pour faire grandir notre fidélité à Dieu et notre engagement de chrétiens en ce monde. Comme nous l’avons entendu dans l’oraison d’ouverture, un Carême pour nous entraîner au combat spirituel. Le terme « entraînement » est manifestement utilisé ici en comparaison aux sportifs qui s’entraînent durement pour gagner.

Pour les catéchumènes que je vais appeler, samedi pour les jeunes et dimanche pour les adultes, ce temps du Carême est l’ultime préparation. Ils vont apprendre à mettre leur foi en Jésus, le Sauveur des hommes, mais aussi à conformer leur vie à celle de Jésus, pour devenir ainsi des chrétiens forts dans leur foi, leurs comportements, leurs choix de vie et leurs relations humaines. Ils entrent dans le combat spirituel avec Jésus pour aboutir dans la nuit de Pâques à être pardonnés et libérés du mal par le baptême et confirmés par l’Esprit Saint.
Ce qu’ils ont à vivre pendant le Carême, nous avons nous-mêmes à le vivre, nous qui sommes déjà baptisés, et cela chaque année pour raviver notre fidélité à Dieu et notre résistance aux forces du mal qui ne me manquent pas de se manifester et tentent de nous détourner de notre belle vocation de disciples de Jésus. C’est pourquoi le temps de Carême est si important dans notre vie de chrétiens et dans notre année liturgique.

Comment vivre le Carême ? Il y a un risque : faire un Carême au rabais, avec quelques petits efforts ponctuels, mais qui ne nous font pas réellement entrer dans le combat spirituel. Quels sont les conseils que Jésus nous donne dans l’Évangile de ce jour ? Il nous propose les trois moyens traditionnels, complémentaires et efficaces : le jeûne, la prière et le partage :
• Le jeûne nous aide à maîtriser nos désirs, qu’ils soient liés à la nourriture ou à d’autres choses qui nous détournent du Seigneur ;
• La prière, pour nous unir à Dieu et aux autres. Pendant le Carême, nous devons prendre davantage de temps pour la prière ;
• Le partage, la charité, l’amour des autres, en particulier avec les plus démunis.

Ces trois moyens peuvent se conjuguer très différemment dans la vie de chacun, en fonction de son âge et de ses activités, mais Jésus nous donne une règle générale : il ne s’agit pas de faire ces actions pour se donner en spectacle ou pour se donner bonne conscience, mais pour accueillir en récompense toutes les grâces que le Seigneur veut nous donner, notamment la grâce de son pardon, la grâce d’une vie divine dans laquelle Il nous fait entrer. En effet, « Ton Père voit ce que tu fais en secret, il te le revaudra ».

Cette année, le Carême est un peu particulier puisque nous célébrons l’année jubilaire de la naissance du Christ, il y a 2025 ans. En quoi cette année jubilaire peut-elle orienter nos actions en ce Carême ? Rappelons-nous qu’une année jubilaire est une année d’effacement des dettes, c’est-à-dire des conséquences de nos péchés envers les autres, notre couple, notre famille et la société. Nous sommes appelés à recevoir une indulgence plénière. Des indications pratiques sont disponibles sur le site internet du diocèse pour nous aider à vivre ce jubilé.
Plusieurs efforts se conjuguent avec ceux du Carême, et le complètent :
• Partir en pèlerinage (ce que demande toujours l’année jubilaire), par exemple à Rome en octobre où nous pourrons passer les portes saintes ou à Sainte-Anne-d’Auray le 6 avril pour les 400 ans des apparitions de sainte Anne, est une belle occasion de vivre une démarche de Carême. Un pèlerinage est toujours un temps de grâce où le Seigneur nous donne beaucoup plus que ce que nous pouvons en attendre.
• Les œuvres de miséricorde, qui sont très larges, nous invitent à partager avec les autres et à prendre soin particulièrement des plus démunis, tant sur le plan physique que spirituel. C’est aussi l’occasion de se réconcilier avec ceux avec lesquels nous sommes brouillés.
• Renouveler notre foi en participant à des formations est un autre aspect important. Cette année marque les 1700 ans du Concile de Nicée, où fut promulgué en 325 le Symbole de Nicée-Constantinople, un symbole de foi qui unit les chrétiens et nous rappelle en qui nous croyons. Le Carême est donc l’occasion idéale de faire ces efforts pour se former et approfondir sa foi.
• Raviver notre vie en Église est essentiel, car nous ne pouvons pas être chrétiens tout seuls. C’est impossible ! Participer plus régulièrement à la messe du dimanche et entrer dans des petites fraternités est particulièrement important. Participer à la fête du 8 juin, à la Pentecôte, qui sera une grande fête diocésaine. Cela nous permettra de renforcer notre communion dans l’Église et raviver notre désir d’annoncer la Bonne Nouvelle.
• Enfin, les actes de pénitence et le sacrement du pardon. Ce sacrement est un don inestimable de Dieu. Cette année jubilaire est le moment de faire le bilan de notre vie et de demander pardon au Seigneur pour tous nos péchés en rencontrant un prêtre et en recevant de lui l’absolution, comme nous y invite saint Paul : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ».

Ce n’est évidemment pas à la fin du Carême que nous devrons décider ce que nous devons faire pour entrer dans le combat spirituel avec Jésus. C’est maintenant que nous y entrons, tous ensemble, en nous soutenant les uns les autres par la prière. C’est maintenant que nous devons prendre les moyens de notre conversion. Encore une fois, ne vivons pas un Carême au rabais ! Le Seigneur a tant à nous donner pour changer nos vies et pour donner sa grâce à notre humanité si blessée. Amen.

† Laurent DOGNIN 
Évêque de Quimper et Léon