Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  2 février 2025 — Présentation du Seigneur au temple — Clôture de la Visite pastorale de la paroisse Brest Élorn — Saints-Pierre-et-Paul — Église Saints-Pierre-et-Paul (Guipavas) (29)

2 février 2025 — Présentation du Seigneur au temple — Clôture de la Visite pastorale de la paroisse Brest Élorn — Saints-Pierre-et-Paul — Église Saints-Pierre-et-Paul (Guipavas) (29)

Ml 3, 1-4 ; Ps 23 (24) ; He 2, 14-18 ; Lc 2, 22-40

Frères et sœurs,

Le pape saint Jean-Paul II, présentait la Visite pastorale de l’Évêque comme un « temps authentique de grâce, moment spécial, et même unique, où l’Évêque rencontre les fidèles et dialogue avec eux. » C’est ce que j’ai eu la joie de vivre au cours de toutes les rencontres que nous avons eues depuis cinq jours.

Saint Jean-Paul II précise que « C’est là le moment où (l’Évêque) exerce de plus près pour son peuple le ministère de la Parole, de la sanctification et du gouvernement pastoral, entrant en contact plus direct avec les inquiétudes et les préoccupations, les joies et les espoirs des personnes, et ayant l’occasion d’adresser à tous une invitation à l’espérance. (…) la Visite pastorale se révèle telle qu’elle est : un signe de la présence du Seigneur qui visite son peuple dans la paix.[1] »

Cette dernière phrase entre en résonnance avec l’Évangile de ce jour qui relate la présentation de Jésus au Temple. Comme le dit le vieillard Syméon « Mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples. » Cette lumière divine qui vient éclairer nos ténèbres. Au cours des différentes rencontres, j’ai eu l’occasion, j’espère, d’adresser au nom du Christ cette invitation à l’espérance qu’évoque saint Jean-Paul II. Invitation d’autant plus pertinente en cette Visite pastorale, car nous sommes entrés dans l’année jubilaire et le pape François lui a donné justement comme thème : « Pèlerins d’espérance ». Comme le souligne le pape François : « Nous rencontrons souvent des personnes découragées qui regardent l’avenir avec scepticisme et pessimisme, comme si rien ne pouvait leur apporter le bonheur. Puisse le Jubilé être pour chacun l’occasion de ranimer l’espérance.[2] »

Mais comment la ranimer cette espérance ?

Ranimer signifie que nous l’aurions un peu perdue ! En fonction de ce que j’ai pu voir dans cette Visite, j’aimerais souligner quelques aspects qui peuvent nous aider à ranimer l’espérance.

D’abord je n’ai pas trouvé une paroisse en détresse. Certes, il y a des fatigues qui s’expriment, surtout à cette période de l’année. J’ai pu entendre aussi des points de vue différents sur la manière de conduire la pastorale ou sur des questions liturgiques. L’important est de pouvoir se dire les choses avec respect et dans un but toujours constructif. Faisons confiance aux prêtres et à l’équipe pastorale pour discerner ce qui convient. Nous sommes des pèlerins d’espérance lorsque nous sommes des artisans d’unité en nous mettant au service des autres et de l’Église.

Vous avez des prêtres qui ont une vie fraternelle, qui prient ensemble. Ce soutien mutuel est précieux. L’équipe pastorale aussi commence à bien prendre ses marques pour s’engager avec les prêtres dans cette responsabilité pastorale. Le Conseil économique, avec le Délégué aux Affaires Temporelles, prend bien en main la gestion de la paroisse. Il fallait un peu de temps pour que tout cela se mette en place. Maintenant, j’ai constaté que la paroisse avait tous les atouts pour que les prêtres puissent conduire avec leurs équipes le peuple que le Seigneur leur a confié.

Il est évident qu’ils ont des décisions courageuses à prendre, tant sur le plan pastoral de l’organisation de la vie paroissiale que sur le plan matériel avec les défis concernant l’immobilier. Tout cela pour que l’Église de ce territoire relève les nouveaux défis qui se présentent pour l’annonce de l’Évangile et la célébration des sacrements. Je leur fais entièrement confiance. Il y a dans cette paroisse un magnifique potentiel qui ne demande qu’à porter du fruit, à condition d’œuvrer ensemble dans la communion en étant pèlerins d’espérance.

J’ai pu rencontrer ou saluer aussi de nombreux bénévoles qui donnent généreusement de leur temps. Il en faudrait cependant beaucoup plus pour que l’Évangile apporte le Salut à toute la population de ce territoire. En cette période de l’histoire où notre pays s’est sécularisé, nous rencontrons de plus en plus de personnes qui cherchent à connaître le Seigneur. Il est nécessaire que tous les baptisés approfondissent leur foi pour être à même de les accompagner, de pouvoir répondre à leur question, mais aussi d’assurer la catéchèse ou la préparation des enfants, des jeunes et des adultes aux sacrements de l’initiation chrétienne.

Ce manque de bénévoles, je l’ai entendu dans la plupart des groupes que j’ai rencontrés cette semaine. Et il ne s’agit pas seulement de faire du bénévolat pour s’occuper ou rendre service. Il s’agit de répondre à l’appel du Seigneur pour annoncer l’Évangile à tous. Et merci aux religieux, religieuses et personnes consacrées, que nous fêtons aujourd’hui, de nous le rappeler par le don prophétique qu’ils ont fait de leur vie.

Pour grandir dans l’espérance et répondre à cet appel du Seigneur, nous avons besoin de nous convertir. En entendant la deuxième lecture de cette fête, je conclurai par trois appels.

D’abord, l’auteur de la lettre aux Hébreux nous dit à propos de Jésus : « par sa mort, il a pu réduire à l’impuissance celui qui possédait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire du diable. » Jésus a le pouvoir de nous libérer du Mal et ainsi de changer nos vies personnelle, familiale, et paroissiale. Vos prêtres sont là au nom du Seigneur pour offrir cette libération par le sacrement de pénitence et réconciliation, ne l’oublions pas !

L’année jubilaire est une année sainte qui donne l’occasion d’effacer toutes les dettes. C’est-à-dire toutes les blessures et les péchés qui sont enfouis en nous, parfois depuis des années, et qui, sans que nous en ayons vraiment conscience, altèrent considérablement notre relation avec le Seigneur et avec les autres, mais aussi par ricochet la vie de la paroisse. Saisissons cette occasion de l’année sainte pour faire ce pas.

Un autre aspect souligné encore par l’auteur de la lettre aux Hébreux, toujours à propos de Jésus : « Parce qu’il a souffert jusqu’au bout l’épreuve de sa Passion, il est capable de porter secours à ceux qui subissent une épreuve. » Par la prière, le Seigneur nous aide à porter nos épreuves, ne serait-ce qu’en nous donnant la paix et la sérénité qui nous permettent de tenir bon pour répondre à ses appels et rester fidèle. Il nous aide aussi par les autres comme j’ai pu le voir avec le Secours catholique et le Service de la Diaconie. L’année sainte est l’occasion de grandir dans la foi en priant avec ferveur, mais aussi, avec l’aide du Seigneur, de nous faire proches de ceux qui sont dans l’épreuve. En développant les Petites Fraternités Chrétiennes Locales, nous permettons aussi cette ouverture et cette attention aux autres.

Enfin, dans la période qui est la nôtre, marquée par une société fracturée. Ces fractures se ressentent aussi dans l’Église. Pour surmonter cela, l’année sainte nous appelle à nous recentrer sur le Christ. « L’espérance, en effet, naît de l’amour et se fonde sur l’amour qui jaillit du Cœur de Jésus transpercé sur la croix[3] », nous dit le pape François. « Laissons-nous dès aujourd’hui attirer par l’espérance et faisons-en sorte qu’elle devienne contagieuse à travers nous, pour ceux qui la désirent.[4] » Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon


[1] Exhortation apostolique Pastores gregis n° 46. Saint Jean-Paul II — 16 octobre 2003

[2] Spes non confundit — n° 1 — Bulle d’indiction de l’année jubilaire 2025 — Pape François

[3] Spes non confundit n° 1 — Pape François — Bulle d’indiction de l’année jubilaire 2025

[4] Ibid. n° 25