Is 9, 1-6 ; Ps 95 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
Homélies retranscrites à partir d’enregistrements
Frères et Sœurs,
Comme nous l’avons dit au début de cette eucharistie, ce n’est pas un Noël comme les autres, mais, après ces mois de confinement et d’inquiétudes à cause de cette maladie qui nous empêche de vivre et d’avoir des relations normales, Noël arrive comme une bouffée d’espérance dans nos vies. Et nous avons tant besoin de célébrer quelque chose qui nous remet debout et nous redonne de l’espérance et de la joie ! Pas uniquement la joie de se retrouver en famille, aussi belle soit-elle, même si nous sommes un peu limités cette année, mais aussi et surtout la joie de retrouver le sens de notre foi et l’espérance qu’elle nous donne.
Je trouve que, peut-être, cela nous aide à redécouvrir davantage le sens profond de cette fête de Noël.
Il y a une phrase, que je trouve très belle, prononcée par les anges aux bergers au moment de la naissance de Jésus, et qui résume le sens de Noël : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur, c’est le Christ, le Seigneur. » Dans cette phrase, il y a tout : le Sauveur, le Christ, le Seigneur ! Nous découvrons vraiment ce qu’est Noël.
D’abord, « le Seigneur », avec un « S » majuscule, c’est-à-dire Dieu lui-même, qui vient en cet enfant, qui se fait homme. On dit du Christ qu’il est Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière (Symbole de Nicée-Constantinople)., c’est vraiment Dieu qui se fait homme au milieu de nous. Ce n’est pas nous qui allons vers Lui, c’est Lui qui vient à nous dans des conditions qui ne sont pas idéales. En effet, Il nous rejoint dans notre vie humaine et ses difficultés puisque même Marie n’a pas trouvé de place pour accoucher ! Confronté aux mêmes difficultés, Il partage les réalités humaines. La main de Dieu ne s’est pas imposée au Monde, Il a accepté que ce soit dans des conditions difficiles.
D’ailleurs, le prophète Isaïe avait annoncé qu’il s’appellerait « Emmanuel », c’est-à-dire « Dieu avec nous ». Jésus, c’est Dieu avec nous, pour toujours.
« C’est le Christ », nous disent les anges. Le Christ, c’est le Messie qui était annoncé par les prophètes, qui vient pour réaliser la promesse donnée par le Seigneur de venir Lui-même pour sauver son peuple.
Jésus n’est donc pas un extra-terrestre qui arriverait subitement. En fait, tout est annoncé depuis le début, et il arrive pour accomplir une sorte de fil rouge qui commence avec l’Alliance du Seigneur avec son peuple, avec Abraham, Moïse, les prophètes, et qui se poursuit durant toute l’Histoire de l’humanité. Un fil rouge qui est au fond un chemin de vie que le Seigneur vient établir.
Dieu est donc le Créateur de l’Univers, mais Il est aussi celui qui a un dessein d’amour pour l’humanité, et ce fil rouge c’est ce dessein qu’Il a pour les hommes et qui petit à petit se révèle et nous engage avec Lui.
Évidemment, ce fil rouge apparaît dans une histoire très mouvementée, avec des guerres, des épidémies (comme nous le voyons encore aujourd’hui), avec des catastrophes naturelles, avec des malheurs (personnels ou collectifs), mais Jésus nous dit : « Ne soyez pas effrayés, il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin. » Quand Jésus parle de la « fin », il fait référence à son Avènement glorieux à la fin des temps. Une belle fin. Une fin qui sera l’aboutissement de toute l’humanité. Son Avènement est double : dans la crèche et à la fin des temps. Il y a donc une logique et le Seigneur continue de tracer son chemin dans l’Histoire des hommes. Un chemin d’amour !
Enfin, les anges nous annoncent que c’est un « Sauveur » qui nous est né. Cette appellation nous est tellement habituelle que nous n’y prêtons plus attention. Pourtant, cela signifie bien qu’il nous sauve de quelque chose ! En effet, il nous sauve d’un malheur : la mort.
Ce fil rouge est bien un chemin de vie, et ce chemin de vie, c’est une personne : Jésus lui-même ! Comme il le dit : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14, 1-12) De connaître Jésus, de l’aimer, d’accueillir la Bonne Nouvelle qu’il nous annonce, de s’engager à sa suite pour vivre avec lui l’Évangile, de mettre en lui notre foi et notre confiance, tout cela nous libère du mal et nous fait entrer dans sa vie, une vie qui est plus forte que la mort.
Ainsi que Saint-Paul le dit dans la deuxième lecture : « Il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. » Ce bien, c’est l’amour du prochain ainsi que le dit le Christ : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »
Il me semble que c’est une invitation à vivre d’abord l’amour du prochain, mais également à faire grandir la fraternité qui est fondée sur l’amour de Dieu avec la force de l’Esprit Saint. Cette fraternité nous avons à la développer en ce monde, grâce au Christ.
Dans cette pandémie que nous vivons, c’est un grand défi, car nous nous rendons compte qu’aujourd’hui, la pauvreté se développe (le Secours catholique est débordé en ce moment avec beaucoup de demandes d’aides) et qu’il y a de plus en plus de personnes qui ont besoin d’être aidées et nous avons à être, sans doute, davantage attentifs et solidaires de ceux qui souffrent, qui sont dans la difficulté. Il y a également beaucoup de violence et nous avons à faire grandir la paix, l’amour pour les personnes.
La fête de Noël est une belle occasion de se rassembler en famille, avec nos proches et de raviver l’amour qu’il y a entre nous qui a pu parfois être mis à mal à cause de divisions. C’est aussi une belle occasion pour se réconcilier et se réjouir tous ensemble et pour que la paix du Seigneur vienne dans nos familles.
Alors, oui, nous pouvons dire avec les anges : « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la Terre aux hommes qui l’aiment. » Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon