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24 décembre 2024 — Nuit de Noël — St Louis — Brest (29)

Is 9, 1-6 ; Ps 95 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14

Frères et sœurs,

Comme le dit le prophète Isaïe, «Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. » Cette phrase nous touche particulièrement dans le contexte plutôt ténébreux de l’actualité française et internationale. La fête de Noël apporte cette lumière qui vient nous donner un peu de baume au cœur, elle nous introduit dans une espérance « qui ne déçoit pas » comme le rappelle le pape François dans sa Bulle d’indiction de l’année jubilaire qu’il vient d’ouvrir cette nuit. Il y a 2025 ans naissait Jésus, le Sauveur du monde, puisque nous comptons les années depuis sa naissance.

Cette grande lumière au milieu des ténèbres, nous la reconnaissons dans la venue de Jésus au milieu de nous. Ce petit enfant dans la crèche, c’est Dieu lui-même qui se fait homme pour nous sauver. Nous n’aurons jamais fini de contempler ce mystère de l’Incarnation. Par la mort de Jésus sur la croix, sa Résurrection d’entre les morts, puis le don de son Esprit, « nous avons la certitude que l’histoire de l’humanité, et celle de chacun, ne se dirige pas vers une impasse ou un abîme obscur, mais qu’elle s’oriente vers la rencontre avec le Seigneur de gloire.[1] » C’est pour nous une source de grande espérance qui manifeste de façon extraordinaire l’amour et la miséricorde de Dieu à notre égard.

« La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes », dit saint Paul. Tout le monde n’est pas croyant, mais beaucoup de personnes s’interrogent et sont à la recherche de Dieu de manière plus ou moins confuse. Il y a un besoin de spiritualité qui se développe aujourd’hui et beaucoup prennent conscience que ce n’est pas l’accumulation des biens matériels qui nous apportent le bonheur ni la science comme on le croyait il y a quelques années.

Nous recherchons autre chose, mais peut-être avons-nous tendance à vouloir trop chercher par nous-mêmes (en lisant des livres de diverses spiritualités, en consultant des sites Internet qui prétendent dire la vérité…). Beaucoup de gens s’aventurent dans l’ésotérisme ou l’occultisme, des chemins compliqués, dangereux et sans issue.

À Noël, nous célébrons une démarche totalement inverse. C’est Dieu qui prend l’initiative de venir vers nous en la personne de Jésus. C’est lui qui nous cherche, car il nous aime et veut nous donner la vie. Il veut nous mener vers le vrai bonheur. La seule chose qu’il nous demande c’est de l’accueillir, d’accueillir la Bonne Nouvelle de l’Évangile, de lui ouvrir la porte de notre cœur et de notre intelligence, de mettre en lui notre foi.

Mettre notre confiance en Jésus, c’est croire qu’il est bien celui que les prophètes avaient annoncé, à savoir que par Lui, le dessein de Dieu est en train de se réaliser au cœur des ténèbres de ce monde, de croire qu’il est venu nous sauver comme les anges l’annoncent : « Aujourd’hui est né un sauveur qui est le Christ. ».

Si Noël est une lumière au cœur de nos ténèbres, c’est justement par ce salut, car nous avons besoin d’être sauvés, particulièrement en ces moments plus difficiles. Nous en avons de nombreux signes. Comme dit le Pape : « Il faut (…) prêter attention à tout le bien qui est présent dans le monde pour ne pas tomber dans la tentation de se considérer dépassé par le mal et par la violence. »Et le Pape ajoute :« Mais les signes des temps, qui renferment l’aspiration du cœur humain, ayant besoin de la présence salvifique de Dieu, demandent à être transformés en signes d’espérance.[2] »

Autrement dit, c’est en accueillant Jésus et sa parole dans notre vie que notre espérance se concrétise par un renouvellement de notre existence et de nos engagements pour le bien de tous. Cette espérance, elle peut déjà transformer nos relations familiales en cette fête de Noël, en nous donnant un cœur dilaté par l’amour de Dieu grâce au don de l’Esprit Saint, un cœur rempli d’amour qui nous rend capables de demander pardon, de recevoir le pardon et de pardonner aussi, de nous réconcilier les uns avec les autres.

Nous savons à quel point c’est important dans cette période de Noël, au sein de nos familles qui sont parfois divisées. Cela peut donc déjà tout changer dans nos relations familiales, professionnelles ou de voisinage. En nous donnant aussi le souci des autres et notamment des plus pauvres.

C’est une priorité aujourd’hui dans un contexte où beaucoup de personnes souffrent matériellement, mais aussi moralement et spirituellement.

Le Salut, c’est pour maintenant en accueillant Jésus dans notre cœur, mais aussi pour l’avenir, car le Christ nous libère du mal et nous ouvre le chemin de la vie éternelle par-delà la mort. Cette espérance doit être enracinée en nous, car elle change tout dans notre manière d’être, dans notre manière de concevoir l’existence et notre rapport avec les autres. Elle nous fait de sortir de notre égoïsme et nous donne la joie de nous donner vraiment aux autres.

Alors, frères et sœurs, en cette nuit de Noël, peut-être sommes-nous venus de façon occasionnelle, ou pour accompagner nos enfants, ou par conviction profonde, mais, quel que soit notre chemin de vie, quelle que soit l’étape à laquelle nous en sommes dans notre foi, que notre cœur se dilate pour accueillir l’amour de Dieu qui se manifeste pleinement par la venue de Jésus en ce monde. Il vient nous sauver. Vous, moi ! Voilà cette grande lumière qui vient ce soir illuminer nos ténèbres. Qu’il nous remplisse de joie et d’espérance. Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon


[1] Spes non confundit — Pape François — n° 19

[2] Spes non confundit — Pape François — n° 7